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Economie

Exclusif : Attijariwafa Bank met une vingtaine de milliards sur la table pour racheter 66,67 % du capital de la Bst - Abdoul Mbaye et Alioune Sadio Sow se séparent par consentement mutuel et empochent chacun un gros chèque au passage

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Exclusif : Attijariwafa Bank met une vingtaine de milliards sur la table pour racheter 66,67 % du capital de la Bst - Abdoul Mbaye et Alioune Sadio Sow se séparent par consentement mutuel et empochent chacun un gros chèque au passage

Elle a décidément un appétit d’ogre, la banque marocaine Attijariwafa Bank. Du moins ne manque-t-elle pas d’ambition. Car, quelques mois seulement après son arrivée en fanfare sur le territoire sénégalais où elle a ouvert d’un seul coup quatre agences, voilà qu’elle vient de racheter la Banque Sénégalo-Tunisienne qui, avec un total bilantiel de 111,4 milliards de nos francs au 30 juin dernier et 12 agences, se classe au cinquième rang de nos établissements bancaires.

La banque marocaine a racheté 66,67 % des actions de la Bst qui va de ce fait changer d’enseigne et devenir Attijariwafa Sénégal. Après le Koweït, la Tunisie disparaît donc du paysage bancaire sénégalais où, en dehors d’Attijariwafa, une autre banque marocaine est déjà présente. Il s’agit de la Bmce (Banque marocaine pour le Commerce extérieur). Attijariwafa Bank, nous apprend-on, est le premier groupe bancaire et financier du Maghreb avec un total bilan de 8789, 8 milliards de francs cfa. Elle est leader sur le marché marocain avec plus de 520 agences et est présente en Tunisie et en Europe. Sa capitalisation boursière avoisine 2296 milliards de francs cfa. Le Sénégal devrait servir de tête de pont au géant bancaire marocain qui envisage tout simplement d’investir toute l’Afrique de l’Ouest francophone.

Pourquoi la Banque Sénégalo-Tunisienne qui n’était pas la proie la plus facile dans le paysage bancaire national ? Eh bien, parce que les deux principaux actionnaires de cet établissement bancaire étaient à couteaux tirés, du moins entretenaient des relations exécrables, depuis longtemps. Banquier de profession, fils de l’ancien président de la Cour suprême, ancien juge à la Cour internationale de Justice de La Haye et ponte du mouvement olympique Kéba Mbaye, Abdoul Mbaye a une forte personnalité et ne tolère pas d’interférence dans sa gestion. Y compris de la part de ses actionnaires ou de ses employeurs. C’est, semble-t-il, ce qui l’avait opposé à M. Jean-Claude Mimran, du temps où il dirigeait la banque de celui-ci, la Cbao (Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest). Avec son associé au sein de la Bst , le richissime entrepreneur de Btp Alioune Sadio Sow, c’était la même chose. Alioune Sow avait créé cette banque, dont il était l’actionnaire majoritaire, non pas pour propulser ses propres affaires, il n’en avait pas besoin dit-on, mais plutôt pour aider des compatriotes dans les affaires ayant des difficultés à accéder au financement bancaire. Il intervenait donc plus que de raison aux yeux de Abdoul Mbaye, pour favoriser des parents, amis ou simplement des connaissances. Ce qu’Abdoul Mbaye ne voyait pas d’un très bon œil. Toujours est-il que leurs relations s’étaient dégradées et que les deux hommes cherchaient les moyens de se séparer à l’amiable. Et voilà que les Marocains leur offrent de racheter leur banque ! Alioune Sow saute sur l’aubaine et vend toutes ses actions. Car, en réalité, ce sont les actions de la Cafin (Compagnie africaine d’Investissement), la holding qui gère la participation de M. Alioune Sow dans le capital de la Bst , que Attijariwafa a rachetées plus quelques autres actions détenues par des privées. La Cafin , dans laquelle M. Mbaye a quelques actions, en plus d’être actionnaire à titre personnel dans le capital de la Bst , détient à elle seule 56,59 % de celui-ci. I la donc fallu aux Maghrébins trouver 10 % supplémentaires auprès d’autres actionnaires privés pour que le tour soit joué. A noter que la Société Tunisienne de Banque (Stb) qui fut à l’époque le partenaire stratégique de la Bst , ne détenait plus que 7,32 % du capital de celle-ci, contre 5 % pour l’Etat sénégalais. Pour en revenir à M. Sow, il se retire donc définitivement de la Bst et empoche au passage un chèque de dix milliards de francs cfa, tandis que M. Abdoul Mbaye, lui, se retrouve avec quatre milliards de nos francs, apprend-on de très bonne source.

Contrairement à son ex-associé majoritaire, M. Mbaye, lui, reste à bord du navire qu’il va continuer de piloter puisqu’il sera maintenu comme directeur général tandis qu’un Marocain sera directeur général adjoint. D’autres cadres marocains seront présents dans le staff. Au total, MM. Mbaye et Sow réalisent une très bonne affaire puisqu’ils avaient déjà rentabilisé leurs investissements dans la Bst depuis longtemps. Créée en 2000 avec un capital de deux milliards de nos francs, la nouvelle Bst distribuait au moins 500 millions de dividendes par année. C’est ainsi qu’en 2003, elle a distribué 756 millions de francs à ses actionnaires, et la même somme l’année suivante. Rien qu’avec les dividendes perçus, donc, les deux hommes étaient déjà rentrés dans leurs fonds. La banque avait été recapitalisée en 2000, après une longue période sous administration provisoire qui avait pris fin en 1999. Et justement, M. Abdoul Mbaye avait été le dernier administrateur provisoire. A la fin de sa mission, il était allé trouver M. Alioune Sow pour le persuader de racheter la banque. Depuis lors, elle a fait des bénéfices chaque année, ce qui était d’autant plus facile qu’à son redémarrage, l’Etat avait titrisé quelque trois milliards de nos francs de créances qu’elle avait. Autrement dit, c’était un cadeau royal que l’Etat lui faisait. C’est pourquoi certains se demandent aujourd’hui si cela valait la peine pour la puissance publique de consentir autant de sacrifices pour voir en définitive la banque tomber dans l’escarcelle des voraces investisseurs marocains. Or, en titrisant les créances, l’Etat visait surtout l’objectif d’avoir enfin une banque 100 % sénégalaise qui contribuerait à résoudre le lancinant problème de l’accès au crédit des Pme-Pmi nationales. Car aujourd’hui, non seulement la seule grande banque qui était dirigée par un Sénégalais a maintenant pour directeur général un Français, mais encore, la seule banque 100 % sénégalaise vient d’être rachetée par les Marocains. Mais attention, M. Alioune Sow n’a peut-être pas encore définitivement quitté le milieu de la banque puisque son fils Yérim, qui a gagné 80 milliards cfa en revendant la société de téléphonie cellulaire qu’il possédait en Côte d’Ivoire, vient de créer une banque basée sur les bords de la lagune Ebrié. Il s’agit de la Bridge Bank qui devrait s’implanter bientôt au Sénégal. L’argent appelle l’argent, comme disait le chanteur...

Source : LE TEMOIN



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