Sous la présidence du ministre du Commerce Mamadou Diop "Decroix" et sous l'égide de l'Agence de régulation des marchés, les acteurs de la filière oignon se sont retrouvés hier à la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Dakar pour une journée de concertation. Etaient inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre, le bilan de la campagne 2004-2005, mais aussi les perspectives de la filière. "Decroix" en a profité pour faire part de ses ambitions pour le secteur.
Le Sénégal pourrait atteindre l'autosuffisance en oignons dans les trois prochaines années. C'est la conviction du ministre Mamadou Diop "Decroix" qui prenait part hier à une réunion de concertation des principaux acteurs de cette filière. Pour y arriver, estime-t-il, il va falloir mettre à contribution toutes les expertises du secteur pour assurer une production de qualité et en quantité suffisante. Aussi en appelle-t-il à l'implication effective de l'Institut sénégalais de recherche agronomique (Isra) pour fournir aux producteurs d'oignon des semences de qualité. Parce que, dira-t-il, la qualité de la production est en grande partie tributaire des semences. Et sous cet angle, le Sénégal gagnerait à produire ses semences pour se passer des importations. D'où l'injonction du ministre du Commerce aux responsables du secteur : "Il faut travailler systématiquement avec l'Isra pour améliorer la compétitivité de nos produits." Il a aussi profité de l'occasion pour annoncer que les semences seront certifiées à partir de l'année prochaine.
Le président du comité d'orientation de la filière oignon Cheikh Ngane, tout comme l'administrateur de l'Agence de régulation des marchés, Alioune Cissé, ont, quant à eux, déploré les conditions de stockage des productions locales qui demandent à être améliorées. Les participants à cette journée de concertation ont aussi émis l'idée d'étaler sur l'année la production d'oignons. Comme l'a souligné le directeur de l'Horticulture, cette stratégie, tout en limitant les importations, permettra à tous les producteurs d'écouler la totalité de leurs récoltes. Ainsi, avance-t-il, les principales zones de production, c'est-à-dire la Vallée du fleuve, la zone des Niayes, le Niombatto et le Bassin de l'Anambé devraient songer à "tourner" les périodes de production pour ne pas se retrouver en même temps sur le marché. "Ce qui pourrait occasionner une mévente", estime-t-il.
Le représentant de l'Institut sénégalais pour la recherche agronomique, Abdoul Aziz Faye, dira qu'avec une production locale de 60 000 tonnes pour 70 000 tonnes d'oignons importées, le pari de l'autosuffisance en oignons est à notre portée. Seulement, ajoute-t-il, les différents acteurs de la filière doivent se faire violence pour se moderniser.
En fait, malgré ses insuffisances, la culture de l'oignon est devenue une filière émergente. L'écoulement de la production a eu un impact réel chez les producteurs auxquels il a rapporté quelques10 milliards de francs Cfa. Pour les acteurs de la filière présents à la réunion d'hier, ces performances sont à mettre au crédit de certaines mesures. Il s'agit selon eux, et rien que pour la vallée du fleuve Sénégal, d'une subvention de la production à hauteur de 118 500 000 francs. A les en croire, ce soutien leur a permis d'atteindre des records dans la production avec 40 000 tonnes au niveau de la Vallée et 30 000 tonnes dans la zone desNniayes.
L'autre fait majeur réside dans la mise en place par l'Agence de régulation des marchés d'un dispositif de commercialisation axé sur la mise en place d'une feuille de route et d'un dispositif pour réussir les campagnes de commercialisation. Pour accompagner l'émergence de cette filière, cette structure a déjà financé la construction de 25 magasins de stockage d'oignons dans les différentes zones de production.
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