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Economie

Finances publiques - Le Fmi vient fouiller les comptes de l’Etat : Mission à hauts risques pour le Sénégal

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Finances publiques - Le Fmi vient fouiller les comptes de l’Etat : Mission à hauts risques pour le Sénégal

 

La mission du Fonds monétaire international qui séjourne au Sénégal jusqu’au 9 avril 2008 n’est pas banale. Le Fmi, qui tient à tirer au clair tous les aspects de son programme avec le Sénégal, veut faire une évaluation exhaustive des finances publiques et de la situation économique du Sénégal. Le chef de mission Johannes Mueller lance, à cet effet, la grande fouille.

Une importante mission du Fonds monétaire international (Fmi) séjourne au Sénégal, depuis mardi dernier. La délégation conduite par M. Johannes Mueller est composée de six experts et devra travailler avec les autorités sénégalaises jusqu’au 9 avril 2008. Le Fmi accorde beaucoup d’intérêt à cette mission qui a un double objectif, à savoir, d’une part, procéder à la revue du programme conclu avec le Sénégal en juillet dernier, dans le cadre de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) et d’autre part, évaluer la situation économique du pays dans tous les secteurs. Ainsi, le chef de la mission Sénégal au Fmi est accompagné de deux experts du département Afrique, MM. Stephane Roudet et Frank Lakwik, d’un expert en finances publiques, Mlle Isabel Adenauer et d’un expert du département de l’élaboration et de l’examen des politiques Mlle Pritha Mitra, ainsi que du représentant résident du Fmi au Sénégal M. Alex Segura. La configuration de la mission laisse dire à un haut fonctionnaire du ministère des Finances que «cette fois- ci le Fmi a déplacé une grande armada». Outre le chef du gouvernement, les autorités du ministère des Finances et du Budget, la délégation du Fmi aura des séances de travail avec la Cour des comptes et le patronat, notamment la Cnes et le Cnp.

La feuille de route de la mission sera donc, au-delà de la «surveillance économique», «d’analyser et évaluer les performances économiques du Sénégal par rapport aux engagements signés avec le Fmi lors de la mission du 2 novembre 2007». A ce propos, certaines échéances vont arriver à terme au cours de la mission, précisément le 31 mars 2008.

DES COMPTES A PASSER AU CRIBLE

Les experts du Fmi comptent tirer au clair la situation financière du Sénégal. C’est ainsi que lors de la première rencontre avec les responsables du ministère des Finances, ils ont exigé le texte du projet de Loi de finances rectificative adopté la semaine dernière en Conseil des ministres et qui doit passer à la présente session du Parlement. Jusqu’à hier, le ministre des Finances du Sénégal n’avait pas encore satisfait à cette demande et cela a soulevé des interrogations de la part des représentants du Fmi. Il leur semble curieux que ledit projet de Loi ne puisse pas être immédiatement disponible. Dans tous les cas, le Fmi voudrait savoir la teneur de cette loi de finances rectificative, d’autant qu’il se sussure que cette loi devrait «corriger certains errements dans la gestion des finances publiques, notamment la prise en compte a posteriori des dépenses de l’Anoci dans le budget de l’Etat». Sur cette question de l’agence, dirigée par Karim Wade, la mission du Fmi se voudrait très prudente car, à Washington, les déclarations des autorités sénégalaises, qui affirmaient que le Fmi avait félicité l’Anoci pour sa bonne gestion, avaient suscité à tout le moins, une certaine gêne, alors que soutient-on sur les bords du Potomac, «le Fmi n’a pas encore à sa disposition assez d’éléments d’appréciation pour juger de la fiabilité de la gestion de l’Anoci».

L’utilisation des ressources financières exceptionnelles, tirées de la vente de la troisième licence de téléphonie à l’opérateur soudanais Sudatel, sera aussi examinée. Le Fmi, par la voix de Alex Segura son représentant au Sénégal, avait laissé entendre que le Fmi encourageait le Sénégal à faire de cette manne financière le meilleur usage, en résorbant notamment la dette intérieure (Voir Le Quotidien n° 1473 du 30 novembre 2007). La présente mission du Fmi tient à savoir ce qu’il est advenu de cette rentrée de fonds. Certains milieux sont convaincus que l’argent de Sudatel aurait été utilisé pour payer un avion de commandement pour le président de la République. Le Fmi ne semble pas se préoccuper de l’achat de l’avion présidentiel. La ligne de conduite à Washington est de prendre au mot le ministre d’Etat ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop qui, au sujet de l’achat d’un nouvel avion, avait assuré le Fmi qu’il voudrait bien trouver les ressources pour acheter un avion, mais qu’avant de le faire il en discuterait avec le Fmi. Le Fmi n’étant pas encore à ce jour saisi de cette affaire, se suffit de l’engagement de Abdoulaye Diop. «Si cet engagement était pris par quelqu’un d’autre on pourrait en douter, mais le Fmi n’a aucune raison de ne pas se fier à ce que lui dit Abdoulaye Diop.» La question du projet de vente des actions de l’Etat dans le capital de la Sonatel sera également inscrite dans les discussions. Le Sénégal a lancé la procédure de sélection d’un cabinet-conseil pour une telle opération pourtant fortement déconseillée par les Institutions de Bretton Woods, (Voir Le Quotidien n°1525 du mercredi 6 février 2008).

DETTE INTERIEURE PROBLEMATIQUE ET TENSIONS DE TRESORERIE

En dépit de cette grande confiance envers les engagements souscrits par le ministre des Finances, le Fmi se voudrait pourtant très vigilant face à la situation de la dette intérieure. Lors de la mission de novembre dernier, le ministère des Finances avait indiqué des résultats encourageants au sujet de la résorption de la dette intérieure. Toutefois, des voix s’étaient élevées dans les milieux des affaires au Sénégal pour douter de l’apurement aux proportions indiquées de la dette due aux entreprises. Le stratagème d’une rétention par l’administration financière de certaines factures aux guichets de paiement pour présenter un solde favorable a été évoqué. Au Fmi on n’exclut pas une telle éventualité, et c’est pourquoi une attention particulière sera accordée par la Mission au recensement «de tous les arriérés de paiement».

Cette exigence est d’autant plus réelle que nombre de responsables d’entreprises engagées dans les travaux de l’Agence nationale d’organisation de la Conférence islamique (Anoci) ont eu, lors de la visite de chantiers, organisée le 17 mars 2008 par Karim Wade, flanqué des ministres des Finances, de la Communication et des Transports, entre autres, à exiger le paiement de sommes dues afin de pouvoir poursuivre les travaux de finition des chantiers. Le Sénégal s’était engagé dans le cadre de l’Ispe, à ce que «le stock des avances de trésorerie (dépenses de fonctionnement et d’investissement) sera strictement limité à 30 milliards de francs Cfa à tout moment».

Les tensions de trésorerie constatées ces derniers mois préoccupent le Fmi. Les décaissements soutenus effectués par le trésor public, depuis la dernière visite du Fmi surtout dans le cadre des préparatifs du sommet de l’Oci, vont être passés au peigne fin. En effet, le Fonds monétaire international tient particulièrement à «l’amélioration des équilibres macro économiques, mais aussi et surtout à l’amélioration des conditions de transparence dans la gestion des finances publiques». De ce fait, les sources des différents financements seront examinées ainsi que les niveaux de dépenses.

Dans le cadre de l’évaluation de la situation économique du Sénégal, les experts du Fmi comptent discuter avec le gouvernement du Sénégal de la flambée des prix des denrées de première nécessité et des répercussions de la hausse du prix du baril du pétrole sur l’économie. Le Fmi voudra également discuter de comment revoir, les politiques de subvention et les mesures que le gouvernement pourrait prendre, pour faire face à cette situation. Le gouvernement montre des signes d’impuissance à maîtriser l’inflation.

Une autre grande préoccupation du Fmi reste la «soutenabilité de la dette» car, après les effacements de dettes obtenus les années précédentes, le Sénégal s’est engagé à nouveau dans un cycle d’endettement qui pourrait s’avérer onéreux. Le financement des grands chantiers du chef de l’Etat par des emprunts est passé par là. Il reste que dans ses engagements vis-à-vis du Fmi, le gouvernement du Sénégal promettait «de ne contracter, ni ne garantir d’emprunts extérieurs à des conditions non concessionnelles. Le gouvernement consultera les services du Fmi bien à l’avance pour toute exception qui pourrait s’avérer nécessaire portant sur des projets pour lesquels un financement concessionnel ne peut être obtenu ou un Partenariat Public-Privé».



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