Mercredi 24 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

FOIRAIL - Hausse de la viande sur le marché : Les chevillards indexent gendarmes et douaniers

Single Post
FOIRAIL - Hausse de la viande sur le marché : Les chevillards indexent gendarmes et douaniers

Suite à la flambée du prix de la viande de bœuf enregistrée ces derniers jours, les bouchers ont pointé un doigt accusateur sur les chevillards et importateurs de bœufs. Ces derniers, interpellés au Foirail, sur la route de Rufisque, dégagent en touche et imputent cette hausse aux gendarmes, policiers et douaniers. Car, seules les tracasseries sur les routes sont à l’origine de la flambée des prix du bovin, se défendent-ils.

Le foirail de Diamaguène, réputé grand pourvoyeur de bœufs et autres ruminants a perdu de sa splendeur. Jadis envahi par un monde fou, pour admirer les bovins, surtout venus d’Europe, cet endroit est devenu l’ombre de lui-même. Certes, les bœufs sont encore là, remplissant le décor pâle de ce grand espace aménagé depuis des dizaines d’années, mais la clientèle se fait encore désirer en cette heure matinale, où seules les voix des chevillards ou autres gargotières sont audibles. Guettant en même temps l’arrivée d’un hypothétique acheteur de bœuf en cette période de «vaches maigres». Sur place, les interpellations fusent : «Monsieur, vous voulez un bœuf ?», chatonnent-ils. Si la réponse est négative, ils se retournent pour tailler bavette entre eux, tout en sirotant leur thé.

Quand il s’agit de discuter de la hausse du prix de la viande de bœuf, ils orientent le regard vers le maître des lieux : El Hadj Arouna Dédi Sow. Ce septuagénaire, canne à la main, emmitouflé dans un grand boubou de couleur bleu océan, assis à 10 mètres de ses «camarades», se lève pour rejoindre le groupe. Dans ce lieu, il est le seul qui est habilité à parler devant des visiteurs. «Avec votre sac et votre air intello, c’est sûr que vous êtes là, pour connaître les raisons de la cherté de la viande», lance-t-il d’emblée. Sans attendre la réponse, il continue : «Si c’est le cas, venez me rejoindre, vous serez servi.»

A peine la discussion entamée, il remercie le ciel en terme : «Alhamdoulilah, au moins quelqu’un qui s’intéresse à notre sort !» Car, des difficultés, il y en a à la pelle, à en croire notre interlocuteur. Très en verve, il lâche des mots pas tendres à l’endroit des gendarmes, policiers et douaniers qui sont sur les routes. «C’est à cause d’eux, si la viande de bœuf est devenue intouchable.» Même les éléments des Eaux et forêts n’ont pas échappé à la furie du vieux Dédi Sow. «Eux aussi, ils jouent à ce jeu, qui consiste à dépouiller les honnêtes chevillards qui traversent la frontière, pour chercher à approvisionner les Sénégalais en bœufs», renchérit-il. Peut-on s’attendre à une prochaine baisse des prix du kilo sur le marché ? «Cela ne dépend pas de nous», avertit Dédi Sow. «Le prix du bœuf est plus ou moins abordable au Mali ou en Mauritanie, mais après le paiement des taxes normales, les gendarmes et autres policiers nous attendent au tournant, pour nous extorquer des 15 000 voire 20 000 F Cfa à n’en plus finir... C’est ça la véritable cause de la hausse», affirme notre hôte.

M. Sow qui, visiblement, vit mal cette épreuve, lance un appel au gouvernement, «avant que ça ne devienne plus grave». Puisque, assure t-il, «nous ne pouvons plus accepter que nos bœufs soient séquestrés, jusqu’à ce que mort s’en suit, du seul fait qu’on n’a pas de quoi payer la rançon ces arnaqueurs». «Nous avons demandé une audience au ministère de l’Elevage pour régler ce problème, mais, ils nous renvoient au ministère des Forces armées», se désole-t-il encore.

A quelques encablures de la principale porte de sortie du Foirail, le regard est attiré par une quinzaine de boucheries et des tables dites «clandestines». Interpellés sur la hausse des prix de la viande, ils soutiennent que la cherté est à chercher en amont de la chaîne d’approvisionnement. «Nous ne pouvons pas acheter un bœuf à 400 000 ou 425 000 francs Cfa et vendre le kilo à 1600 comme avant, maintenant on vend le kilo à 1900 francs Cfa», confie Souleymane Bâ, un jeune boucher. Plus loin, un autre boucher évoque la rareté des bœufs «sénégalais». «A cette période, ils sont tous squelettiques, alors les convoyeurs sont obligés d’aller en chercher hors de nos frontières, forcément, avec les tracasseries, la viande devient chère», explique t-il, sous le regard approbateur des autres bouchers.

Outre la viande de bœuf qui est proposé aux clients, des femmes s’affairent sur les pattes et autres intestins. A leur niveau, disent-elles, les prix initiaux restent les mêmes, quelle que soit la cherté du kilogramme de la viande.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email