Le climat social se gâte un peu plus à Transrail SA. Et tout semble indiquer que l’on s’achemine vers un arrêt de travail de 48 heures qui débute aujourd’hui. Sauf accord de dernière minute, les trains ne siffleront pas dans les gares sur la ligne ferroviaire Bamako/Dakar durant deux jours. Les syndicats malien et sénégalais ont décidé de faire front commun. Le débrayage concernera toute la ligne ferroviaire Bamako/Dakar.
Mais la grève ne fait pas l’unanimité parmi les travailleurs maliens. Il faut rappeler que depuis le congrès extraordinaire des 28 et 29 avril derniers, ce sont deux tendances rivales qui parlent au nom des travailleurs du rail dans notre pays. Le bureau sortant conduit par Abdoulaye Berthé rejette la légitimité de la nouvelle direction mise en place et estime qu’il reste le seul représentant des travailleurs. Il reproche au nouveau bureau de n’avoir pas respecté toutes les procédures et la forme requise.
Naturellement la nouvelle direction issue du congrès d’avril, n’est pas du même avis. Elle estime avoir respecté toutes les procédures et pouvoir s’appuyer sur la majorité des travailleurs de Transrail SA. Le nouveau secrétaire général, Abdoulaye Sago, ne souhaite pas que la division du syndicat persiste car va affaiblir le mouvement. "Ces gens et nous, nous voulons la même chose : défendre les travailleurs. En fait, un seul point nous oppose réellement. Il s’agit de la nouvelle grille. Eux la soutiennent. Nous, nous la rejetons. A part ça, on peut se retrouver", analyse-t-il.
C’est le bureau dirigé par Abdoulaye Sago qui a déposé un préavis de grève pour les 14 et 15 juin, en accord avec la fédération des travailleurs de Transrail-SA du Sénégal. Dans son préavis, l’équipe de Abdoulaye Sago dénonce le refus de la direction générale de composer avec le nouveau bureau. Elle réaffirme en outre le rejet de la grille salariale proposée par la direction et avalisée par le bureau rival ainsi que le protocole d’accord du 23 mai 2005. Elle demande l’application correcte de l’accord d’établissement du 17 décembre 2004. Enfin, le syndicat estime que les clauses de la concession ne sont pas respectées et soutient le mémorandum des cadres déposé sur le bureau de la direction. Abdoulaye Sago promet un mouvement plus dur si la direction persiste sur ses positions.
Paiement intégral des indemnités. Le préavis de grève déposé par la fédération des travailleurs de Transrail-SA au Sénégal pour la même date dénonce aussi le non respect des clauses de la concession, le rejet de l’accord d’établissement et de la grille salariale. Les syndicalistes sénégalais demandent que la direction de Transrail-SA prennent en compte un mémorandum déposé par les cadres à l’issue d’une rencontre convoquée à Thiès au Sénégal et soutenu par les cadres maliens. Ce texte fait état d’une crise de confiance entre les cadres et la direction, de la concentration de toute la gestion au niveau du directeur général, d’un mauvais traitement des cadres au sein de l’entreprise et d’un manque de transparence dans cette gestion. Les cadres réclament l’organisation d’un débat sur la grille, une planification des déplacements et un retour au paiement intégral des indemnités.De source proche de la direction, on assure avoir pris acte du dépôt du préavis de grève tout en s’interrogeant sur le caractère légal d’une grève déclenchée par un syndicat dont la légitimité n’est pas encore établie. La direction reconnaît le droit à la grève et rappelle qu’il doit s’exercer suivant des normes dont le service minimum.
Notre interlocuteur qui nous a parlé sous le couvert de l’anonymat se demande si tous les acteurs ont pris conscience du fait qu’il s’agit désormais d’une société privée et non plus d’une société d’État. Que cette société évolue dans un environnement concurrentiel (la route Bamako/Dakar). "Nous avons besoin, assure notre interlocuteur, que chaque jour un train quitte Dakar pour Bamako. C’est ce rythme qui nous permet de boucler nos comptes. Les arrêts de travail et les incertitudes profitent à la concurrence".
0 Commentaires
Participer à la Discussion