HAUSSE DES PRIX DES DENRÉES DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ - Les Sénégalais crient leur ras-le-bol à l’approche du ramadan

La crise perdure. Un véritable calvaire pour les Sénégalais à l’approche du mois de ramadan. Les populations vont encore subir l’augmentation des prix des denrées alimentaires de première nécessité comme le pain, le sucre et le gaz… Une augmentation qui va certainement perturber davantage la vie de plusieurs familles.

Comme si cela ne suffisait pas de vivre dans la pauvreté. Il faudra encore que les couches les plus défavorisés continuent de toujours payer les pots cassés. À peine fini de parler de la hausse du prix de l’électricité, c’est maintenant au tour des denrées alimentaires de première nécessité. À l’approche du mois de ramadan, c’est l’angoisse qui s’empare de nombreux Sénégalais. Ce mois béni où l’Etat devrait « décharger » les personnes les plus démunies, c’est au contraire le moment choisi pour alourdir le fardeau social avec des hausses en vue tous azimuts.« Gorgui avait fait beaucoup de promesses électorales, disant qu’il allait tout diminuer une fois élu mais là c’est la grande désillusion pour les petites bourses » nous dira Seydou, vendeur de denrées alimentaires à la Rue Raffenel. Et il poursuit : «Nous vendons ici des cartons de sucre à 17.000 francs le carton et du sucre en poudre à 25.000 francs le sac. Et à l’approche du ramadan, nous vendons plus que d’habitude. Il y a les pères de familles et surtout des mécènes qui viennent acheter des sacs de sucre pour les distribuer aux nécessiteux. Ce qu’on appelle le « Mourou Koor ». Mais ce sont les boutiquiers qui nous sollicitent le plus. » Et en tant que consommateur, Seydou souligne : « nous ne faisons que subir. Je crois que c’est à l’Etat de respecter ses promesses, et d’aider les familles pauvres surtout à l’approche du ramadan ». Et un autre de nous interpeller pour crier sa rage envers les dirigeants du pays : « vraiment je me demande dans quel pays nous sommes. Les hommes qui nous dirigent ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Je crois qu’ils oublient que nous sommes dans un pays pauvre. »

PÉNURIE DE GAZ BUTANE

La crise sociale touche les couches les plus défavorisées de la population. À l’heure où nous sommes, les ménagères parcourent les rues de Dakar pour trouver du gaz butane, non seulement c’est cher mais aussi, c’est rare. Et cette dame gérante de dépôt de gaz à liberté 6 ne dira pas autre chose : « cela fait plus d’une dizaine d’années que je gère ce dépôt. Mais je crois que la crise que nous vivons maintenant est une première. C’est l’extrême. Une crise de ce genre où la population fait des kilomètres pour trouver du gaz, malgré sa cherté, c’est vraiment du nouveau. C’est du jamais vu ! Et ce qui est pire, c’ est à l’approche du Ramadan. Moi, je travaille par tonnage et il me faut 150 tonnes de gaz pour pouvoir ravitailler mes détaillants. Nous sommes fatigués avec ces interminables pénuries de gaz qui ne se terminent jamais. Cela freine toutes nos activités. »Et la dame de continuer : « Depuis plus de 15 jours, mes employés viennent pour se tourner les pouces et je suis obligée de les payer et de les nourrir en même temps que les chevaux qui transportent les bonbonnes de gaz. Non seulement le prix du gaz a augmenté mais il y a le charbon qui se raréfie. Et en cette période d’hivernage, il nous est très difficile d’utiliser les anciennes méthodes de combustion c’est-à-dire le bois de chauffe, vu la configuration de nos maisons. » Elle termine en disant : « ça va être pénible de devoir jeûner et en même temps de parcourir les rues de Dakar à la recherche de gaz. » Même son de cloche chez ALPHA DIALLO, ce client trouvé devant le dépôt de gaz. Il ne tarde pas à crier son mécontentement : « depuis ce matin, je suis à la recherche du gaz. Je suis même allé jusqu'à Grand Yoff. Je sais que le prix du gaz a augmenté de 225 francs cfa, mais ce n’est pas une raison de fermer tous les dépôts. Actuellement, vivre au Sénégal devient de plus en plus difficile. Et résoudre le problème ne sera pas du tout facile car tout devient cher. Il termine par des interrogations: « Où allons nous? Qu’allons nous devenir d’ici peu de temps? Pour l’instant, nous attendons en espérant que les choses vont prendre une autre tournure. Dieu seul sait. Et comme nous sommes de bons croyants, gardons la foi. »

NOS PÈRES NOSTALGIQUES DU BON VIEUX TEMPS

Diack, un vieux nostalgique de son bon vieux temps embouche la même trompette: « Qu’est-ce qui va se passer avec le ramadan qui approche. Nous n’avons pas de solution sinon que de se conformer aux règles. Jadis, tout était moins cher. Je me souviens même avec 100 francs tu pouvais satisfaire tous tes besoins. Mais actuellement même avec 2.000 francs tu ne peux rien faire. Il ajoute : « En hivernage, le charbon devient rare, et augmenter le prix du gaz sera pénible pour tout chef de famille. Cela me désole de voir notre pays en arriver à ce stade. Que c’est différent de jadis ! les temps de nos grands pères ! » Il termine : « mieux vaut retourner dans nos villages et nous adonner à la pêche, à l’agriculture ou à l’élevage. Et il faut encore dire que c’est pire encore de retourner. Mais que faire ? Les villageois sont plus fatigués ! Nous sommes morts, il ne reste plus qu’à nous enterrer. » Malgré la crise sociale qui frappe tout le peuple sénégalais, un calme total règne chez les boulangers. D’après ce gérant sis à Sacré-Cœur 3, l’augmentation du prix du pain n’est pas encore confirmée mais cela n’empêche pas les rumeurs de circuler bon train. Il précise : « de toute façon, attendez vous à une augmentation très prochaine car si on augmente le prix du carburant, le pain sera forcément augmenté. Mais jusqu’ici rien n’est encore décidé. » Le Président du syndicat des boulangers ne dira pas le contraire. Lui aussi, soutient l’idée que le prix du pain va bel et bien être augmenté. De plus, les syndicats des consommateurs ne sont pas encore réunis pour voir comment trouver une solution à cela ». Il continue en révélant : « actuellement, je suis entre le marteau et l’enclume, de ce fait, il me sera un peu difficile de me prononcer. Ce qui est sûr, c’est que le pain va être augmenté d’ici à peu de temps. Mais je ne peux vous dire de combien. De toute façon, si on augmente le prix du carburant, il faut s’attendre à ce que le pain soit à son tour augmenté » conclut-il.

LE CALVAIRE DES JEUNES

Travailler, toujours travailler, beaucoup travailler, encore travailler. Telle est la célèbre expression du président de la République quand les jeunes l’avaient élu. Mais où trouver du travail ? Qu’en est-il aujourd’hui de toutes ses promesses ?. D’aucuns disent que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Et ce qui est pire, c’est que ce sont les jeunes qui sont les principales victimes. Hier le gaz, aujourd’hui le pain et le sucre, que réserve-t-on aux populations sénégalaises de demain ? Telle est la question qui hante l’esprit de milliers de citoyens. Ce n’est pas pour rien que de nombreux jeunes ont décidé de quitter leur terre natale pour tenter l’aventurer. Plus rien ne marche. Les usines ferment, les diplômés sont au chômage, l’agriculture, l’élevage et la pêche battent de l’aile. Et sans oublier les ouvriers et les marchands ambulants qui ne cessent de crier leur ras-le-bol. Les Parnaciens a raison lorsqu’il dit dans sa célèbre phrase « Any where out of the word » (n’importe où mais en dehors de ce monde). Ainsi pourquoi donc condamner les jeunes qui ont décidé de quitter ce pays qui n’a plus de ressources ? Le combat est comme perdu d’avance. Les dirigeants devront trouver des solutions et à temps pour aider nos braves jeunes. Le Sénégal est au bord du gouffre

KHADIJATOU DIOP & AMINATA THIANE SYLLA (Stagiaires)