Annoncer des suppressions de postes après la publication de résultats mirifiques, comme vient de le faire le groupe Total en France, cela fait désordre. Surtout quand l’emploi est menacé par la récession.
Le groupe suit d’abord la logique et les impératifs de l’industrie du raffinage. Le site de Gonfreville, le plus concerné en termes d’emplois, doit fermer en 2009 pour une grande opération de maintenance – qui a lieu tous les cinq ans. C’est donc, le moment idéal pour transformer l’outil et l’adapter à l’évolution de la demande. Depuis plusieurs années, la France est excédentaire en essence. Total exporte, d’ailleurs, une partie du surplus vers le marché américain. A l’inverse, l’engouement pour les moteurs diesel est constant. Mais, le marché français est déficitaire en diesel, importé de Russie. Les investissements prévus vont donc permettre d’augmenter les capacités de production de gazole.
Cette politique n’est pas très originale. Le groupe a déjà accru ses capacités de raffinage de gazole il y a cinq ans. Esso avait fait de même en 2005. Par ailleurs, la compagnie française prend en compte la contraction de la demande en essence. Elle a baissé de 8 % en France en 2008, dans la foulée des deux grands phénomènes qui ont bouleversé le marché pétrolier : d’abord, l’envolée du brut puis, l’arrivée de la récession, ont conduit les automobilistes à restreindre leurs déplacements. Il en va de même aux Etats-Unis, comme dans la plupart des pays occidentaux.
La concurrence des nouveaux carburants
Enfin, l’essence subit la concurrence des nouveaux carburants. La voiture hybride, très populaire au Japon, a fait chuter la consommation d’essence dans la zone Pacifique. Sur le marché américain, l’éthanol a contribué à la baisse de la demande en essence. L’agro-carburant représente aujourd’hui 8 à 9 % de la consommation américaine d’essence. Penser que le retour de la croissance, qui finira bien par se produire un jour, entraînera un regain de la demande en essence, est un pari risqué. Avec la crise de l’économie en général et de la voiture en particulier, un nouveau modèle moins gourmand en carburant pourrait émerger dans les prochaines années. C’est à ce monde-là que les raffineurs se préparent en Occident. En Chine, c’est une autre histoire. Pékin prévoit au contraire d’augmenter ses capacités de raffinage.
Mfi
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