ICS - En matière d’emploi, d’éducation, et de santé : Une entreprise dessine les contours de la région

La crise aux industries chimiques du Sénégal (Ics) inquiète plus d’un à Mboro et au-delà, dans toute la région de Thiès. Bien qu’entreprise polluante, les Ics ont dessiné le contour économique, éducatif et sanitaire de la ville de Mboro. Enquête.

«Le spectre d’une ville abandonnée, comme dans le Colorado ou l’Oklahoma aux Etats-Unis après l’épuisement des mines d’or, plane sur Mboro. L’image de ville en chantier qu’elle offrait, il y a quelques mois, s’effrite de jour en jour et fait peur. Il est temps qu’une issue heureuse soit trouvée avant que la situation n’atteigne un point de non-retour.» C’est un extrait d’une contribution d’un enseignant parue dans la presse du week-end. Et ces propos traduisent le lien étroit qui existe entre les Ics et tout leur environnement.

Pour corroborer ce point de vue, Abdoulaye Datt, conseiller municipal et adjoint au maire relève que 48% de la population active de la ville travaillent aux Ics. En plus de ceux qui vivent des effets induits. L’impact des Industries chimiques du Sénégal sur les villes de Mboro et de Darou se mesure à l’aune des investissements consentis par l’usine dans plusieurs domaines.

Installées dans une zone vierge en infrastructures scolaires, les Ics trouvent le besoin de mettre sur pied tout un système éducatif. Cela aboutit à la création, en 1984, du lycée Taïba-Ics de Mboro qui, entre autres, comprend un bloc technique et des logements gratuits pour le corps enseignant. Toute une symbolique entoure l’édification de la structure. Elle est bâtie sur une colline pour rester fidèle à la philosophie d’une «ascension sociale des populations» de la zone, fait savoir M. Sall. Un programme est également mis en place pour les fournitures et l’organisation d’une distribution des prix. D’après Mamadou Sall, le directeur de l’école «Le Soleil levant», rien qu’en 2004, la somme de 10 millions de francs Cfa a été dépensée pour l’achat de livres pour l’ensemble des établissements.

L’engagement des Ics dans le système éducatif couvre également «l’éducation non formelle», souligne Mamadou Sall. Et il cite l’exemple de 450 femmes qui ont été alphabétisées et regroupées en Gie, grâce à un «plaidoyer auprès du Pnud et la Banque mondiale en faveur des populations environnantes pour un projet d’alphabétisation en langues nationales». Le Palpics (Projet d’appui à la lutte contre la pauvreté dans les environs des Ics) est aussi un autre projet phare qui a contribué à l’amélioration des conditions de vie des populations. Sur le plan sanitaire également, les Ics assistent les populations. En effet, le service médical en principe réservé aux travailleurs est également aux populations.

Aujourd’hui, le Service médical est touché par la crise. La structure n’est pas, pour le moment, bien approvisionnée en médicaments. «C’est lié à la crise», d’après le major qui affirme n’avoir pas souvenance de moments aussi difficiles aux Ics. Déjà, les pharmacies ne donnent plus de médicament, car elles n’ont pas reçu le paiement de l’Ipm. Pour combien de temps le service médical tiendra-t-il le coup ? «Si nous continuons à recevoir du monde, nos stocks finiront par s’épuiser sous peu», répond Mme Diouf. Et ce «sera plus grave», martèle la sage-femme qui compte 14 ans de service aux Ics.