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Economie

ICS- IFFCO, ROULLIER… : La guerre de l’acide

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ICS- IFFCO, ROULLIER… : La guerre de l’acide

Le feuilleton sur la reprise des Industries chimiques du Sénégal (Ics) est loin de connaître son épilogue et la dernière sortie du ministre de tutelle présentant l’ « affaire » comme étant presque réglée notamment avec le groupe français Roullier, est à relativiser…fortement. De gros obstacles dont l’acide phosphorique, se dressent devant les acteurs 

Il n’y a aucun doute, ils veulent les Industries chimiques du Sénégal(Ics). Ce n’est certainement pas pour les yeux pâles des Ics que le groupe français Roullier, alors que les négociations sont en cours, s’est fait un « plaisir » de dégainer d’avance et en guise de « ticket d’entrée », un montant de 2,5 millions de dollars pour acheter une bonne quantité de sous produits comme Dsp et des shlams qui dorment depuis une vingtaine d’année aux Ics. Pour autant, Roullier serait-il déjà assuré de rafler la timbale Ics ? Que nenni. Les Indiens d’Indian farmer fertiliser cooperative limited (Iffco) sont toujours là. Et même si la convention liant Iffco à l’Etat du Sénégal et qui a été signée en juillet dernier, est caduque depuis le 30 septembre dernier, les indiens tiennent encore les Ics.

Certes le consortium qu’ils avaient « concocté » dans le cadre de ladite convention n’a pas reçu l’agrément de la partie sénégalaise. Ce consortium ne serait d’ailleurs constitué que de petites sociétés (environ huit) qui ne seraient en réalité que des prêtes-noms.

Certes le nœud de la dette des Ics s’est révélé serré et est venu corser la difficulté de mise en œuvre de ladite convention, poussant la partie sénégalaise à lorgner un autre partenaire potentiel et jetant ainsi son dévolu sur le groupe Roullier qui vient surenchérir les différentes propositions dont celles du groupe Charaf Corporations, exhibant même un projet industriel pour les Ics. Mais les choses ne sont pas si simples et le ministre de tutelle Maître Madické Niang ferait bien de tempérer son ardeur avant d’annoncer une probable co-gestion des Ics par Iffco et Roullier.

Deux os gros comme ça…

Dans le sol souffreteux des Ics, il y a un os, gros comme 550 000 tonnes d’acide phosphorique, enfoui. Ce volume d’acide représente un contrat annuel pour un chiffre d’affaires d’environ 150 milliards de FCfa, qui court jusqu’en 2011 entre les Ics et le partenaire Iffco qui est le principal sinon l’unique client pour l’acide des Ics dont la capacité de production nominale est de 660 000 tonnes, les 110 000 tonnes revenants aux Ics. Il se trouve que, Roullier qui veut mettre 143 millions d’euros sur la table de la recapitalisation, veut aussi une partie de cet acide dont le marché est au plus haut, actuellement. Et quand on sait qu’actuellement les Ics tournent à seulement 25% de ses capacités…

Dans ce contexte et notamment celui de la crise mondiale de l’acide et du phosphate qui sont entrain de flamber sur le marché, on voit mal les indiens qui, par ailleurs, sont à la recherche de 5 millions de tonnes de DAP qu’ils n’arrivent pas à trouver sur ce marché, céder de cet acide à Roullier. Or, de son côté, Roullier peut-il accepter de mettre ses billes dans une entreprise dont il ne verra pas le moindre gramme d’acide ? Autant dire donc que tous ces prétendants ne gargouilleraient pas autour des Ics si le contexte mondial de l’acide était autre.

Autrement dit, tout le monde a besoin, aujourd’hui, de l’acide, du fait notamment de l’appétit de la Chine (encore elle) dont les besoins pour le produit ont considérablement augmenté, alors même que de nombreux projets d’investissements dans l’industrie risquent de ne pas être terminés avant quatre à cinq ans, selon les prévisions, du fait de la crise de l’acide. Cette guerre de l’acide pose d’ailleurs la problématique de sa transformation sur place, qui aurait bien plus d’avantage pour le Sénégal du fait de la valeur ajoutée que cela impliquerait, plutôt que de l’envoyer tout bonnement à l’export, alors que le Sénégal regorge de la matière première principale qui est le phosphate brut intervenant dans le processus de production de l’acide phosphorique qui, à son tour, est indispensable pour la production des engrais phosphatés.

Ces ressources en phosphates, c’est bien beau, mais il faut bien garder à l’esprit que les investissements nécessaires pour en relancer l’extraction et la valorisation, sont considérables. Aussi, les investissements immédiats pour relancer l’activité seraient estimés à 72 milliards de FCfa (160 millions de dollars).

C’est là qu’un deuxième gros os pointe du soufre : La dette.

Avec un passif de 500 millions de dollars (environ 250 milliards de FCfa), toute velleité d’investissement aux Ics est vouée à l’échec. Ce qui rend incontournables les bailleurs et autres fournisseurs.

Les premiers ont d’ailleurs nanti tous les investissements des Ics. Rappelons que le nantissement est le contrat par lequel un débiteur remet une chose mobilière à son créancier (banque) pour garantir sa dette. On peut d’ailleurs l’assimiler à une hypothèque.

Aussi, la potion que l’Etat sénégalais et son potentiel partenaire Roullier, si l’on s’en tient aux déclarations du ministre de tutelle, veulent administrer pour le traitement de la dette, apparaît comme une gageure.

Ils se rabattraient sur la banque familiale Rothscild, en France, qui est au cœur des marchés financiers mondiaux et qui est classée parmi les principales banques mondiales détenues par des fonds privés, pour que celle-ci re-finance la dette. Or, quand bien même celle-ci accepterait le principe, se serait sous réserve que les Ics à leur tour, négocient d’abord fournisseur par fournisseur et quand on sait qu’il n’est pas évident de trouver un accord avec tous les fournisseurs… Ne parlons pas des bailleurs institutionnels.

Par conséquent, les Ics ne sont pas encore sorties du tunnel. Avec des usines qui tournent à 25% de leurs capacités, une exploitation d’un bateau d’acide au lieu de quatre auparavant, en somme une production de seulement 15 000 tonnes d’acide phosphorique par mois en lieu et place de 60 000 tonnes par mois, l’avenir de l’entreprise ne saurait tout de même pas être sacrifié par un bradage sur l’autel de l’urgence de son sauvetage.



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