INFLATION - Nouvelle grille tarifaire des hydrocarbures : Les combustibles mettent le turbo

Tous les produits pétroliers ont fortement augmenté depuis le week-end. Echappent encore à la hausse pour le moment, seuls les emballages sociaux de gaz, ainsi que le pétrole lampant. Cette hausse intervient curieusement, moins d’une semaine après que le représentant-résident du Fmi a tapé du poing sur la table pour exiger du gouvernement qu’il mette de l’ordre dans sa politique budgétaire.

«Etant donné l’impact négatif du niveau des subventions sur les finances publiques, le gouvernement a décidé ainsi d’appliquer la vérité des prix, afin surtout de garantir l’approvisionnement du pays du fait, notamment, de l’équilibre précaire, actuellement, entre l’offre et la demande sur le marché du pétrole.» Ces mots tirés du communiqué de presse publié samedi dernier, par le ministère de l’Energie, annoncent la fin de la période des subventions que demandaient le Fonds monétaire international (Fmi) et ses institutions sœurs. C’est juste le lendemain de la sortie remarquée de Alex Segura dans Le Quotidien (voir n°1605 du vendredi dernier) que cette hausse intervient. Coïncidence ? Si l’on veut.

Quoiqu’il en soit, depuis le week-end, tous les prix des hydrocarbures raffinés sont passés à la hausse, n’épargnant que le pétrole lampant, utilisé le plus souvent dans les zones rurales, ou par des ménages urbains les plus défavorisés, et les emballages de gaz butane les plus utilisés dans les foyers les moins nantis. Par rapport à la dernière hausse, datée du 19 avril (voir Le Quotidien n°1585 du lundi 21 avril 2008), le Super carburant passe de 738 francs Cfa le litre à 774 francs Cfa soit une hausse de 4,9%. Le Gasoil de son côté, a mis le turbo pour passer la barre symbolique des 700 francs. D’un seul coup, il est passé de 687 francs Cfa/l à 746 francs Cfa, soit une augmentation de 8,6%. Même la précédente hausse sur ce produit, qui avait déjà fait grincer les dents, n’était pas aussi importante. On se demande comment les transporteurs pourraient ne pas annoncer de hausse de prix sur leurs tarifs, cette fois-ci.

De même, il faudrait, également, s’attendre à de fortes lamentations de la part des pêcheurs et des hommes de la mer, ainsi qu’à une pénurie, réelle ou provoquée, de poisson, sur les aires de débarquement. Le litre de l’essence pirogue atteint quasiment les 600 francs Cfa, en augmentation de 36 francs Cfa.

Le communiqué du ministère de Samuel Sarr signale implicitement l’effort réalisé par les pouvoirs publics pour cette fois-ci. Mais, chaque mois qui passe réduit la marge de manœuvre du gouvernement et l’oblige à voir la réalité en face, faute de vouloir réduire son train de vie.

Ce qui est ironique dans le communiqué du ministère de l’Energie, c’est la référence au prix en hausse du baril de pétrole, pour justifier la hausse décidée ce week-end. Il est noté ceci : «Avec un baril à plus de 127 dollars et en route vers les 130 dollars, la nouvelle structure des prix des hydrocarbures raffinés, entrée en vigueur depuis ce samedi 17 mai 2008, est caractérisée par une hausse des prix de tous les hydrocarbures raffinés.» Plus bas, le même document ajoute que le gouvernement travaille «sur des perspectives de 150 dollars le baril».

Or, les fidèles lecteurs du journal Le Quotidien se souviennent que M. Carmelo Sagna, l’ancien président du Comité national des hydrocarbures (Cnh), qui est depuis, devenu dirigeant de la Société africaine de raffinage (Sar), avait fait la leçon à ceux qui prétendaient que les fluctuations de l’essence à la pompe au Sénégal avaient quelque chose à voir avec les cours du baril sur le marché international. M. Sagna avait pris son temps pour expliquer que c’était plutôt le niveau de la demande des produits raffinés dans certains pays références du Nord, qui jouait sur les prix au Sénégal. Ces explications étaient venues à un moment où le Cnh avait décidé d’augmenter les prix à la pompe, alors que les cours sur le marché mondial avaient connus une baisse sensible. Néanmoins, quand cela les arrange, les pouvoirs publics ressortent les mêmes arguments éculés. En se disant qu’il y en aura toujours qui vont les croire.