L’énormité du montant a, sans doute, dû frapper les autorités sénégalaises de stupeur, au point de ne pouvoir communiquer sur cette manne. C’est, donc, la société Mittal Arcelor, qui a rendu publique l’annonce de la signature d’un investissement qui reste le plus important jamais signé dans ce pays.
Est-ce un effet de la campagne électorale ou juste un coup de bluff ? Il est, en effet, surprenant qu’une information aussi importante passe quasiment inaperçue au Sénégal, alors qu’il s’agit du plus important investissement réalisé d’un seul coup au Sénégal. 1 001 milliards de francs Cfa, c’est le montant que le numéro un mondial de l’acier, Mittal Steel, a annoncé hier qu’il allait investir pour l’exploitation des mines de fer de la Falemé, dans la région de Tambacounda, au Sud-est du pays. Ce montant va permettre de construire un port minéralier à Bargny, à 35 km de Dakar, pour évacuer le minerai tiré du Sud-est du pays, et de rénover 750 km de voies ferrées, permettant de relier les mines et le port d’évacuation.
Le groupe envisage aussi, selon les dépêches d’agence, d’investir à terme dans des installations sidérurgiques au Sénégal et de faire du pays son avant-poste pour conquérir «les marchés en essor de l’Afrique occidentale». Un communiqué publié par le groupe Mittal, qui par son rachat du Français Arcelor, est devenu le premier groupe sidérurgique au monde, indique que la production de la mine de la Falemé sera de 15 à 25 millions de tonnes par an, à partir de 2011. Le même communiqué estime les réserves totales de minerai dans la zone à 750 millions de tonnes.
Le contrat, qui vient d’être finalisé avec Mittal Arcelor, aurait dû entrer en œuvre depuis plus de six mois. Parmi les raisons de son retard, il y a le fait que la concession accordée au groupe indien, avait été cédée au départ, à la société Sud-africaine Kumba Resources. Le gouvernement sénégalais avait dénoncé ce contrat de la manière la plus arbitraire, pour l’offre plus alléchante de Mittal.
Le ministre de l’Energie et des Mines, Madické Niang, avait en effet annoncé à l’époque, que l’option du groupe sud-africain ne concernait pas le développement du rail ni la construction du port minéralier. Toutes choses que les Indiens ont pris en charge, comme ils l’avaient confirmé en son temps, et cela avait emporté la décision des autorités. Bien entendu, Kumba Resources évincé, n’avait pas pris le revirement de l’Etat avec le sourire. Il est même dit qu’une action en justice est engagée, et le groupe sud-africain s’est attaché les services des meilleurs avocats sénégalais.
Quoi qu’il en soit, si les Indiens se mettent au travail, les retombées seraient énormes, non seulement pour la région de Tambacounda, mais pour les autres parties du territoire national. Les retombées de la modernisation de la ligne de chemin de fer, par exemple, seraient très importantes pour tous les territoires traversés. Sans compter que ledit chemin de fer sera étendu, de Tambacounda au site minéralier, ce qui désenclavera autant de grandes parties du pays. En plus, tous ces travaux créeraient de l’emploi à toutes les entreprises sénégalaises de Btp pour 5 ans au moins.
Pour Mittal, l’exploitation des mines du Sénégal est une manière de diversifier fortement ses sources d’approvisionnement en minerai de fer, et d’échapper à la dépendance de certains pays. Selon le communiqué de presse, le Pdg du groupe Arcelor Mittal, Lakshmi Mittal, a déclaré : «Nous sommes ravis d’avoir signé à Dakar ces accords fermes avec l’Etat du Sénégal et nous avons hâte de faire avancer cet important projet. Ce projet représente une étape importante dans notre stratégie visant à faire de l’Afrique occidentale un pôle majeur de l’approvisionnement en minerai de fer pour nos sites sidérurgiques dans le monde entier.» Arcelor Mittal espère, en 2010, produire à 64 % son propre fer.
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