Ouverte officiellement le lundi 26 Novembre dernier, la campagne de commercialisation agricole 2007/2008 se poursuit d’une manière timide dans le bassin arachidier. Dans les terres du monde rural, on sent à peine son effectivité sur le terrain. Car depuis maintenant un mois, la spéculation a déjà démarré au niveau des marchés parallèles.
Ainsi pour cette présente édition, les tendances qui s’annoncent ne sont du tout favorables aux entreprises industrielles pour la simple raison que les prix fixés au sein des marchés secondaires devancent largement ceux qui sont en vigueur dans le marché de l’Etat. L’édition 2007/2008 de la campagne de commercialisation agricole, comme dans le précédent, a démarré cette année sous deux vitesses.
Des multiples perturbations commencent à émerger ça et là dans les opérations menées par les entreprises industrielles notamment huilières. Ces entreprises qui sont arrivées sur le marché avec des prix d’achat fixés à 150 FCfa au kilogramme d’arachide ont cependant trouvé sur le terrain un premier marché ouvert depuis maintenant un mois et qui a déjà imposé aux acheteurs de produits arachidiers un prix 250 FCfa.
Cette situation selon certains spécialistes en économie annonce un lendemain chaotique aux entreprises de transformation des produits arachidiers, car elles auront certainement du mal à tirer, de leurs différentes opérations de terrain, une production suffisante leur permettant de poursuivre pleinement les activités d’après saison.
En effet, dans la majeure partie des localités rurales de la la région de Kaolack, les producteurs d’arachide ont visiblement tourné le dos à cette campagne en faveur d’un marché parallèle qui a déjà annoncé ses intentions d’augmenter le prix d’achat au kilogramme durant les années précédentes, surtout dans le village de Taïba Niassène ( 70 kms au Sud Ouest de Kaolack) où les paysans avaient déjà débuté une nouvelle stratégie de commercialisation qui consistait à la spéculation des graines après décorticage. Ce fut ainsi une méthode de vente plus rentable.
Car elle permettait non seulement aux producteurs de miser sur des prix assez consistants, mais aux paysans en général de s’ouvrir à un marché s’étalant durant toute l’année avec des prix qui ne cessent de s’accroître de semaine en semaine. Ainsi, ce départ massif des producteurs vers les circuits parallèles de commercialisation s’explique pour diverses raisons. Il permet entre autres aux spéculateurs d’arachide d’éviter les marchés fondés sur le système carreau usine dans lequel les producteurs se retrouvent en général dans l’obligation de rester plusieurs semaines pour pouvoir disposer de leurs chèques, au moment où dans ces nouveaux marchés la bourse est versée à son destinataire dés les minutes qui suivent les transactions.
Dans d’autres couloirs ou autres milieux de paysans, le marché parallèle a aussi une nouvelle méthode d’éliminer au sein des transactions le personnel privé d’intermédiaire dont l’intervention dans les opérations est le plus souvent une source à des bons impayés dont l’existence sur le marché a largement contribué à l’échec de la campagne de commercialisation de l’arachide au cours des années précédentes. Selon les responsables du cadre de concertation des producteurs d’arachide (Ccpa), "les gens doivent comprendre qu’avec les réalités en vigueur aujourd’hui sur le terrain, il reste évident qu’il n’aura nullement de campagne agricole digne du nom".
Cette organisation de paysans engagée depuis maintenant quelques années dans le développement du secteur spécifique à l’arachide et dans les opérations de commercialisation, constate en même temps que "même si officiellement cette présente édition de campagne a démarré, partout dans la grande majorité des zones rurales, aucun point de collecte n’est pour le moment installé en faveur de cette cause". Dans une récente tournée effectuée dans la région de Kaolack, le leader des forces paysannes, le député Aliou Dia qui se prononçait au sujet de ces difficultés intervenues en ces moments de commercialisation de l’arachide, indique que les manquements notés cette année dans cette nouvelle édition de campagne seront imputables à l’Etat.
Car pour lui, les prix d’achat au kilogramme fixés par le comité interprofessionnel de l’arachide (Cnia) soit 150 FCfa ne doivent nullement être surplombés par ceux fixés par les marchés parallèles. Contrairement à l’année précédente où la marge de subvention allouée aux entreprises huilières était estimée à 40 Fcfa au kilogramme, l’état a préféré pour cette année réduire largement cette subvention à 15 FCfa.
Cette situation qui tend à fermer toutes les portes de ravitaillement aux huiliers, présage un manque absolu de matières premières au sein des entreprises industrielles. Autrement dit ces usines, les seules disposées à fournir des semences, ne seront plus dans les mêmes dispositions. Ce qui pourrait certainement déboucher sur la mort définitive de la filière arachidière au Sénégal.
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