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L’Inde poursuit son offensive économique discrète en Afrique

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L’Inde poursuit son offensive économique discrète en Afrique

Energie, chimie, automobile, infrastructures, informatique, finances… New Delhi continue à avancer ses pions partout en Afrique, loin du tapage médiatique qui caractérise la présence de son voisin chinois sur le continent.

Pranab Mukerjee, ministre indien des Affaires étrangères : « Compte tenu des opportunités qui existent des deux côtés, le commerce entre l’Inde et l’Afrique pourrait atteindre 70 milliards de dollars d’ici à cinq ans. »

La forte médiatisation des investissements chinois en Afrique semble avoir rendu moins visible l’offensive économique menée ces dernières années par l’Inde sur le continent. Bien qu’ils n’engagent pas, dans la plupart des cas, des sommes mirobolantes, les investisseurs originaires de l’immense pays de Gandhi sont pourtant bien présents partout en Afrique, au-delà de leurs prés-carrés au sud et à l’est du continent. Au coude à coude avec leurs concurrents chinois, les investisseurs indiens partent, à leur tour, à la conquête de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et du Maghreb. Preuve de cette extension du champ de manœuvre du sous-continent, qui s’abstient soigneusement de mettre tous ses œufs dans le même panier : on dénombre aujourd’hui trois sections Afrique au sein du Ministère indien des Affaires étrangères (Afrique de l’Ouest et centrale, Afrique de l’Est, Afrique du Nord), contre une seule division jusqu’en 2003.

A l’opposé de la Chine, la particularité des investissements indiens en Afrique est qu’ils sont quasi exclusivement assurés par des entreprises privées.

L’Inde a multiplié, au cours des deux dernières années, les forums économiques destinés à dessiner le cadre général d’une coopération économique fructueuse avec l’Afrique. Artisan de la libéralisation de l’économie indienne, l’actuel Premier ministre, Manmohan Singh, a ouvert le bal par une visite au Nigéria, en octobre 2007. Cette première visite d’un chef du gouvernement indien en Afrique, depuis celle de Jawaharlal Nehru en 1962, a débouché sur la signature d’importants accords commerciaux. Mais, la plus importante rencontre a été le premier sommet Inde-Afrique, en avril 2008 à New Delhi, auquel avaient participé quatorze chefs d’État ou de gouvernement du continent noir.  

Les privés en première ligne

Boostés par une diplomatie active, les investissements indiens en Afrique se caractérisent désormais par une forte diversification sectorielle. Ils vont des matières premières à l’industrie automobile, en passant par les infrastructures, les finances ou encore l’agroalimentaire. Mais la particularité de tous ces investissements est qu’ils sont quasi exclusivement assurés par des entreprises privées, comme le constructeur automobile Tata, présent dans une dizaine de pays africains, qui envisage d’investir directement près de 50 millions de dollars sur le continent, d’ici 2011, ou encore la société Rites, engagée dans la construction de la ligne ferroviaire Dakar-Ziguinchor (453 kilomètres), pour un investissement de 149 millions de dollars.

Les privés sont également en première ligne en ce qui concerne les gros investissements dans les matières premières. Taurian Resources, engagé dans l’exploration de l’uranium au Niger et Arcelor Mittal, qui a remporté en 2008 un contrat pour l’exploitation des mines de fer dans la région de Faleme, dans le sud-est du Sénégal, pour environ 900 millions de dollars, en sont les exemples les plus frappants. « La plus grande différence entre les politiques africaines de la Chine et de l’Inde réside dans la nature de leurs stratégies respectives en matière d’investissement. L’engagement de la Chine est une affaire d’Etat tandis que c’est le secteur privé qui est à l’avant-garde dans ce domaine dans la cas indien », indique Raja Mohan, ancien conseiller du gouvernement indien pour les Affaires étrangères, dans un article publié récemment dans le quotidien The Indian Express.

Doubler les échanges commerciaux

Volet commerce, les échanges entre l’Inde et l’Afrique sont passés de 967 millions de dollars en 1991 à 36 milliards de dollars en 2008. L’évolution provient notamment de la hausse vertigineuse des importations pétrolières indiennes, essentiellement du Nigéria et du Soudan. Ces deux pays, où le groupe public indien ONGC Videsh détient des permis d’exploitation, fournissent environ 16% des importations pétrolières indiennes.

Les énormes besoins de l’économie indienne en hydrocarbures militent pour une croissance soutenue des échanges commerciaux entre le géant asiatique et l’Afrique. « Compte tenu des opportunités qui existent des deux côtés, le commerce entre l’Inde et l’Afrique pourrait atteindre 70 milliards de dollars d’ici à cinq ans », avait prédit, en mars dernier, le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukerjee. Cette prédiction a, selon les observateurs, toutes les chances de se réaliser. D’autant plus, que la stratégie indienne de conquête des marchés africains tranche avec celle, fort médiatisée et plus agressive, du rival chinois. « L’Inde a consciencieusement évité de copier le modèle chinois en Afrique. Elle n’y a jamais exporté de main-d’œuvre, ni cherché à miner l’industrie locale. Elle s’est soigneusement appliquée à former les ressources humaines sur place et à transférer des technologies », note Raja Mohan, estimant que cette politique, moins vorace que celle du voisin chinois, « a plus de chances de durer ».



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