Pourquoi Karim ne pourra pas embarquer à bord des deux avions d’Asi
Les autorités sénégalaises, par le biais du ministre des Transports aériens, ont dragué hier les médias, pour chanter sur un air mélodieux l’accord signé avec la Royal Air Maroc, mais plusieurs obstacles se dressent déjà sur le chemin qui mène à la création d’une nouvelle compagnie aérienne contrôlée par notre pays. En effet, de sources sûres, si l’Etat ambitionne d’accaparer les deux avions d’Air Sénégal international pour densifier sa future compagnie aérienne, il va se fourvoyer. Car, le dossier d’Air Sénégal international étant actuellement entre les mains d’un juge, qui doit prononcer ou non la liquidation de la société, notre pays ne peut pas, pour l’instant, espérer mettre la main sur les deux avions cloués sur le tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Motif : ces appareils appartiennent à la masse à liquidation et ne peuvent donc guère être utilisés par une quelconque autre société, si le juge prononce la liquidation d’Asi. Car en cas de vente de ces appareils, cet argent servira à désintéresser les créanciers privilégiés et ceux ordinaires. S’y ajoute que la cessation de paiement devant le juge a été faite depuis des semaines et le juge est le seul habilité à nommer un administrateur pour réactiver ou liquider la compagnie. Un autre spécialiste des questions aéronautiques confie : « la volonté de l’Etat de compter dans la flotte de sa prochaine compagnie, va se heurter au fait que les deux avions d’Asi sont en location vente ». Ainsi, précise la même source, « si Asi ne paie pas intégralement ce qu’elle doit à son créancier, ce dernier peut, à tout moment, lui retirer les appareils en question ». Et d’ajouter : « tant que le montant qu’elle reste devoir à ses créanciers n’est pas honoré, la défunte compagnie aérienne ne pourra jamais vendre les deux avions, fut-il à l’Etat du Sénégal ».
Plainte brandie contre l’Etat, en cas de détournement des Rdia
L’épineuse équation des deux avions sur lesquels l’Etat compte pour porter sur les fonts baptismaux sa future compagnie aérienne n’est que la partie visible de l’iceberg. En effet, certains soupçonnent l’Etat de vouloir utiliser les redevances pour le développement aéroportuaire (Rdia) destinées à la construction de l’aéroport de Dias, soit pour mobiliser une partie de son capital, soit pour prendre en charge les indemnités des travailleurs qui seront licenciés, à la veille de la naissance de la future compagnie nationale ». Dans les deux cas, des voix s’élèvent déjà et certains syndicalistes promettent de vendre cher leur peau, pour qu’aucun centime de ces fonds ne soit utilisé à des fins autres que celles pour lesquelles ils ont été mobilisés. L’inquiétude de ces travailleurs est d’autant plus grande qu’en dépit de leur demande pressante pour que la lumière soit faite autour de la destination de cet argent, leur appel soit tombé dans l’oreille d’un sourd. Suffisant pour que certains syndicalistes n’écartent pas d’ester l’Etat en justice s’il ponctionne le moindre centime des redevances de la controverse. D’autant que les travailleurs disent avoir renoncé à une partie de leurs primes, au profit de la construction de l’aéroport de Dias.
402 ou 500 agents, mystère autour des ressources humaines d’Asi
Autre nébuleuse : le nombre exact de travailleurs au sein d’Air Sénégal international. En effet, tantôt on parle de 500 employés, tantôt 402. Suffisant pour que, là aussi, un audit exhaustif soit mené autour des ressources humaines. Il n’y a jamais eu de visibilité sur le personnel. Dans tous les cas, les rangs des ex-agents de l’aéroport Léopold Sédar Senghor vont grossir davantage. Car aux anciens travailleurs d’Air Afrique vont s’ajouter les employés d’Asi qui ne seront plus reconduits avec la naissance de la prochaine compagnie aérienne. C’est surtout la raison pour laquelle certains exigent que la lumière soit faite sur les travailleurs contractuels, temporaires ou permanents d’Asi.
L’obtention du code de l’Oaci, un exercice délicat pour le Sénégal
L’intention de Karim Wade de démarrer la nouvelle compagnie aérienne est noble, mais sa faisabilité pourrait se heurter à un os de taille. La preuve, même si le Sénégal compte sur le concours actif de la Royal Air Maroc pour que sa future compagnie aérienne bénéficie du Code de « International Air transport association » (IATA), il faut aussi que l’Organisation de l’aviation civile internationale donne son onction avant le démarrage des activités de ladite compagnie. Et, c’est là où le bât blesse, car, si on ose espérer que la reconnaissance par l’IATA de la future compagnie nationale peut être faite dans les meilleures délais, force est de ne connaître que tel ne sera pas le cas pour l’Oaci. Celle-ci sera contrainte non seulement d’analyser de très près le dossier du Sénégal, mais aussi de bien inspecter les deux prochains avions que celui-ci souhaite acquérir. Autant dire que le démarrage imminent de la compagnie en gestation ne sera pas un simple jeu d’enfants.
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