DAKAR (XINHUA) -- Le Conseil national interprofessionnel de la pêche artisanale au Sénégal (CONIPAS) s'est inquiété de la rareté du poisson dans les eaux territoriales du pays, accusant des bateaux pirates d'être la cause de cette crise, rapporte lundi l'Agence de presse africaine (APA).
"La pêche illicite, selon différentes méthodes utilisées tant au niveau de la pêche industrielle qu'artisanale, est l'une des principales causes de cette rareté", a analysé le CONIPAS.
Malgré la volonté des autorités de protéger les 700 km de côtes du Sénégal, de nombreuses infractions ont été enregistrées et leurs auteurs ont payé des amendes de 600 millions de FCFA au total, l'année dernière.
Des experts du secteur de la pêche, cités par la radio privée sénégalaise "Sud-Fm", ont estimé que "seule une surveillance sous- régionale commune pourrait mettre fin à ce fléau".
Gaoussou Guèye, vice-président du CONIPAS, a indiqué que la Commission sous-régionale des pêches (CSRP), qui regroupe le Sénégal, le Cap-Vert, la Mauritanie et la Guinée, éprouve des difficultés à s'acquitter correctement de la mission de surveillance qui lui est assignée, faute de moyens.
Basée à Dakar, la CSRP a pour mission de harmoniser les politiques nationales des pays membres pour une surveillance commune de leurs eaux territoriales, mais "malheureusement, elle peine à remplir cette mission, ce qui fait qu'un bateau pirate repéré en Guinée se retrouve facilement dans un autre pays voisin", a déploré M. Guèye.
Dans la sous-région, le Sénégal et la Mauritanie sont les deux seuls pays disposant de moyens de surveillance appropriés. En plus, le Sénégal a suspendu, depuis quelques temps, la délivrance des licences de pêche.
Pour sa part, Mamadou Thioune, porte-parole du CONIPAS, a précisé que les poissons pêchés "illégalement" au Sénégal sont débarqués à Las Palmas (Iles Canaries), un "marché international où se côtoient les trafiquants et propriétaires de navires étrangers".
"Autant il y a aujourd'hui le problèmes des accords de pêche entre le Sénégal et l'Union européenne, autant il y a une présence illicite de bateaux repavillonnés, qui sont hors-normes, sans autorisations de pêche, et se trouvent dans des situations non réglementaires".
Ils pêchent "nos poissons ici en Afrique, les déversent à Ténériffe (Las-Palmas)", a-t-il ajouté.
Selon lui, il y a "certains" pays européens, sans façades maritimes, qui "facilitent et encouragent cette pratique illicite. Ils renforcent même le pouvoir de capture de ces bateaux pirates, qui ont plusieurs noms, plusieurs numéros, échappant à tout contrôle international", a encore fait remarquer Mamadou Thioune.
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