"Au lendemain de la déclaration de presse de votre représentant au Sénégal en la personne de Monsieur Madani Tall, nous avons constaté que d'importantes quantités d'huile de palme raffinée ont envahi le marché sénégalais au détriment des industriels sénégalais". C'est ainsi que l'intersyndicale du groupe Sonacos a entamé une lettre ouverte datée du 6 mars 2006 et adressée à Paul Wolfovitch, Président de la Banque mondiale, et dont copies auraient été envoyées à d'autres bailleurs de fonds.
En adressant au Président de la Banque mondiale, Paul Wolfovitch, une lettre ouverte datée du 6 mars 2006 et signée de Samuel Ndour, président de l'Intersyndicale du Groupe Sopnacos, l'intersyndicale demande si "nous devons comprendre que l'acte de Monsieur Madani Tall est une provocation supplémentaire vis-à-vis des travailleurs de la Sonacos, ou bien alors est-ce une forme de revanche sur nous parc que nous avons défendu fermement la privatisation de la Sonacos en un seul bloc stratégique et avons dit non à la balkanisation". L'acte en question, selon l'intersyndicale, c'est la déclaration de presse de Madani Tall, Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal. Déclaration qui aurait coïncidé, toujours selon l'intersyndicale, avec "l'importation au Sénégal d'importantes quantités d'huile de palme raffinée au détriment des industriels sénégalais", dit la lettre.
Sous ce rapport, l'intersyndicale qui se dit surprise par la "soudaineté de cette action", soupçonne "une connivence entre ladite déclaration de presse et la sortie massive d'huile de palme raffinée qui était mise en entrepôt fictif dans les magasins des services des douanes sénégalaises", indique la lettre.
L'intersyndicale de rappeler que lors du Conseil présidentiel tenu à ce sujet, Monsieur Madani Tall, selon les travailleurs de l'intersyndicale, "a déclaré que le raffinage de Sonacos ne concernait que deux cent personnes et qu'on pouvait les licencier sans dommage", cite la lettre qui soutient que "le raffinage de Sonacos au niveau de ses établissements de Dakar et Diourbel concerne environ 400 permanents auxquels il faut ajouter plus d'un millier de temporaires".
En rappelant les enjeux d'un "licenciement massif" qui, selon eux, "concernerait particulièrement la filière arachidière qui a toujours été soutenue par le raffinage", les travailleurs de l'intersyndicale demandent au Président de la Banque mondiale si "à l'heure où le slogan de votre institution s'articule autour de la lutte contre la pauvreté, licencier autant de travailleurs et couper les vivres à autant de personnes n'est pas une contradiction vis-à-vis de ce slogan?".
Et de demander encore "pourquoi Monsieur Tall doit-il se focaliser sur la déprotection de l'huile de palme raffinée importée alors que d'autres secteurs moins importants tels que le plastique et la papeterie, entre autres, bénéficient de protection trois fois supérieure à celle qui est accordée à la Sonacos, là où celle-ci ne réclame qu'une protection minimale et dans un temps limité conformément aux lois de l'Omc?"
Aussi, l'intersyndicale dit-elle nourrir "de forts soupçons sur une certaine complicité d'intérêts entre Monsieur Tall, deux industriels ivoiriens et deux commerçants sénégalais qui ont un accord d'exclusivité dans ce genre de trafic", dit le texte de l'intersyndicale qui pousse plus loin en parlant d'"investigations qui nous ont montré que des pratiques malsaines sont développées entre ces différentes parties".
Selon les précisions du texte, l'intersyndicale de la Sonacos dit aussi avoir "constaté que des commerçants déclarent en douane avoir importé de l'huile brute végétale alors qu'en réalité, ils ont importé de l'huile végétale raffinée". De même que "certains commerçants déclarent l'huile raffinée végétale en mis en entrepôt fictif et arrivent à la sortir sans payer les droits nationaux", affirme l'intersyndicale.
À la lumière de toutes ces pratiques "tolérées", selon l'intersyndicale, "au vu et au su de tout le monde", celle-ci dit croire qu'il y a "des lobbies tapis dans l'ombre qui n'ont que pour objectifs de démanteler la Sonacos afin de pouvoir asseoir leur main mise sur le marché sénégalais des oléagineux", écrivent-ils.
Aussi, les travailleurs de la Sonacos réunis autour de l'intersyndicale prient-ils Paul Wolfovitch, le président de la Banque mondiale, "de bien vouloir exercer toute l'autorité qui sied à votre rang pour que cesse cette magouille entretenue sous couvert de la défense des consommateurs sénégalais qu'on est entrain de tuer en les obligeant à consommer de l'huile végétale raffinée de qualité douteuse", précise la lettre.
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