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MACODOU NDIAYE, DIRECTEUR DES RELATIONS INTERNATIONALES DE SONATEL : « Le Sénégal va verser 30 milliards par an à Global Voice»

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MACODOU NDIAYE, DIRECTEUR DES RELATIONS INTERNATIONALES DE SONATEL : « Le Sénégal va verser 30 milliards par an à Global Voice»
Outre les risques évoqués dans notre édition n°2080 du jeudi 26 août 2010, le directeur des opérateurs et des relations internationales de Sonatel, Macodou Ndiaye, révèle, ici, que Global Voice va coûter 30 milliards F Cfa au contribuable sénégalais. Entretien…

Vous semblez bien troublé par le caractère nébuleux de la signature de ce décret ?

La première chose qui nous a choqués, c'est que l'Artp prenne la décision unilatérale de légiférer dans un secteur où elle n'a ni expérience ni expertise et sans concertation avec les acteurs. Nous sommes donc vraiment troublés par ce décret, notamment du fait qu'il n'y a eu aucune concertation entre l'Etat, via l'Artp, et Sonatel. Ce manque de concertation a conduit l'ARTP à faire prendre l'état des décisions totalement incohérentes.

D'abord, on ne peut pas comprende que l'état nous dise qu'il a besoin de ressources pour financer le développement, et que dans le même temps, il accepte de partager les revenus additionnels à parts égales avec un prestataire technique qui n'apporte aucune valeur ajoutée.

On nous dit que ce prestataire sera payé et, tenez-vous bien : 30 milliards par année. Et pour faire quoi ? Contrôler un opérateur qui est déjà hyper contrôlé, qui se sort très bien de ces contrôles. En plus même si ce contrôle était utile il ne devrait pas coûter plus de 2,5 milliards en 05 ans, en lieu et place des 125 milliards que l'ARTP projette de payer à Global Voice. Comment voulez-vous qu'on accepte cette décision sans remplir jusqu'au bout notre devoir d'alerter les autorités ? Nous sommes convaincus que ceux qui ont pris cette décision n'ont pas eu tous les éléments d'appréciation !

L'Artp a répété au début de cette affaire qu'il n'y aura pas d'augmentation de tarifs pour les sénégalais à l'étranger ou au Sénégal. Mais, ce qu'on constate aujourd'hui, cest que tous les opérateurs avec qui on est en relation n'ont pas eu d'autre choix que de répercuter la hausse aux consommateurs. Certains opérateurs ont purement et simplement suspendu la relation avec notre pays.

Vous attaquez Global Voice, mais on peut vous reprocher d'être à la solde France Télécom au détriment des intérêts du Sénégal ?

Je vais répondre à deux idées fausses véhiculées volontairement pour tromper les sénégalais.

Il est absolument faux de penser que les opérateurs européens, et en particulier  France Télécom, sont en train de nous exploiter en nous reversant des miettes sur le trafic entrant international. Nous avons des tarifs de gros que nous négocions avec des opérateurs internationaux, dans ces négociations nous fixons le tarif d'entrée dans notre réseau et nous négocions aussi avec les autres le droit d'entrer dans leur réseau. Donc, la négociation est libre et chacun fixe ses tarifs en fonction de ses objectifs. Aucun opérateur ne peut nous imposer le tarif d'accès à notre réseau.

Le tarif qui est brandi par l'ARTP pour affirmer qu'il n'y aurait pas d'augmentation des prix au niveau des immigrés n'est pas le bon, nos compatriotes à l'étranger utilisent principalement des cartes prépayées à des tarifs beaucoup plus bas que ceux annoncés par l'ARTP.  Aujourd'hui, les tarifs ont flambé en France, en Italie, aux Etats-Unis. Partout les immigrés protestent par des marches, des pétitions, à trave rs des émissions interactives. Il faudrait déjà que l'autorité qui avait indiqué qu'il n'y aurait d'augmentation des tarifs s'explique sur la situation qu'on vit aujourd'hui.

Pire, ce décret aura aussi un impact sur les consommateurs locaux et pas seulement sur les émigrés. Certains opérateurs nous ont appliqué la réciprocité, ce qui fait que les communications vers ces pays nous coûtent plus cher que ce que nous facturons à nos clients.

Donc, dire que France Télécom qui tire les ficelles totalement faux. En matière de vente de trafic en gros, on traite avec France Télécom de la même manière qu'avec tous nos autres clients. Depuis l'année passée d'ailleurs, on a un tarif unique qui s'applique à tout le monde, tous nos clients nous paient le même tarif et nous pouvons le prouver à n'importe qui.

Il est vrai que nous sommes affiliés à France Télécom qui, en même temps que l'Etat, est actionnaire majoritaire de Sonatel et nous l'assumons en toute loyauté. Mais nous sommes des Sénégalais et faisons en sorte que les intérêts de notre pays ne passent pas après les intérêts d'autres pays. Sur ce point, on peut donner crédit à Sonatel d'avoir toujours défendu les intérêts nationaux.

Difficilement quand même…

Ecoutez, l'année passée, un débat a agité le monde des télécoms, l'Etat s'est levé un beau jour pour décider de vendre ses actions à France Télécom. Mais ce sont les travailleurs de l'entreprise qui se sont opposés à la vente des actions de l'Etat à France télécom. Comment peut-on reprocher ces employés d'être inféodés à France Télécom alors que cette opération était à la faveur de France Télécom qui manifestement, le souhaitait ? Si on était à la solde de France Télécom, on aurait applaudi. Paradoxalement, ceux qui, aujourd'hui disent que Sonatel refuse d'être contrôlée, mais, ce sont ces mêmes personnes qui, à la même époque, encourageaient l'Etat à vendre ses actions, évoquant la question des inondations, etc. Aujourd'hui, l'avenir nous a donné raison. Nous avons assumé notre position envers et contre tous. Il est injuste aujourd'hui de dire que nous sommes inféodés à France Télécom même si nous assumons notre appartenance. Nous sommes loyaux envers France Télécom, parce que c'est ce que notre contrat moral nous impose. Mais nous ne serons jamais pris à défaut de patriotisme vis-à-vis des intérêts de notre pays.

On a aussi parlé des écoutes téléphoniques, ne serait-il pas des arguments que vous brandissez pour apeurer les Sénégalais ?

Les données de la communication sont confidentielles. Moi je ne souhaite pas qu'à la fin du mois, la liste de mes appels soit remise à une autre personne. Je pense que personne ne souhaite qu'on communique ou transmette la liste de ses appels à quelqu'un d'autre. Si on s'amusait à le faire, des couples à n'en plus finir se seraient brisés. Donc, il n'est pas normal de transmettre les données de la communication de quelqu'un. Nous qui disposons de ces informations, nous sommes assermentés. Et, nous ne fournissons ces données que sur réquisition de la justice. Comment accepter que ces informations soient mises à la disposition d'une société privée, et je ne parle même pas du caractère étranger de cette société parce que nous ne sommes pas xénophobes.

Donc il ne s'agit pas d'écoute en tant que telle ?

Non, nous n'avons jamais parlé d'écoute, ce qu'on a toujours dit c'est que les données de communication sont des données personnelles à chacun. Ce sont des données intimes qu'on n'a pas le droit de laisser entre les mains de quelqu'un dont on ignore ce qu'il peut en faire. Sur cette question, on reste sur la même position. D'ailleurs la loi nous fait obligation de les remettre au propriétaire sous pli, aussi la loi nous nous fait obligation de ne les remettre que sur réquisition de justice. Si on nous demande maintenant de les remettre à quelqu'un d'autre, il nous appartient d'alerter l'opinion.

Dans cette affaire avec Global Voice, n'avez-vous pas l'impression d'être dos au mur ou alors disposez-vous encore d'autres moyens pour faire reculer les autorités ?

Non, on a plutôt le sentiment de mener une action juste qui va dans le sens de l'intérêt de notre pays. Nous sommes en face d'un Etat et, nous utilisons les moyens qui nous sont offerts. C'est ce qui fait que le décret a fait l'objet d'un recours auprès de la Cour Suprême. Et cette instance, la Cour Suprême va se prononcer parce que l'Etat n'est pas au-dessus des lois. Donc la Cour suprême dira le droit. Nous faisons bien sûr confiance aux institutions et juridictions de notre pays. En attendant de savoir ce qui va en sortir, nous pensons avoir fait le nécessaire pour que la Cour puisse être éclairée et prendre la décision qui sied. Sur ce point, nous restons confiants. Il y a aussi des recours qui ont été déposés par différentes organisations et personnes auprès de l'Agence de régulation des marchés publics (Armp). D'après ce qu'on nous dit, ce contrat est passé par entente directe dans des conditions que personnes ne connaît. Nous tenons comme tous les sénégalais à être édifiés sur ce marché. Nous utiliserons tous les moyens qui nous sont offerts pour que les autorités se rendent comptent que ce décret a été pris sur la base de mauvaises informations, en ce sens nous apporterons toutes les informations pour les aider à prendre la bonne décision.

Avez-vous les moyens d'agir sur le plan international ?

Sur le plan international, ce que je peux dire, c'est que le décret est déjà en porte-à-faux avec le règlement des télécommunications internationales. C'est d'ailleurs, ce qui fait que le décret parle de quote-part et non de taxe. L'Etat parle de quote-part parce que le règlement des communications internationales ne permet pas de prélever une taxe payable par les citoyens d'un pays étranger. Ce qui se passe, quand une communication quitte par exemple l'Espagne pour le Sénégal, la personne qui émet l'appel paie sa communication toutes taxes comprises en Espagne. La personne qui est au Sénégal ne paie rien. Donc le principe , c'est que, celui reçoit ne paie rien. La totalité de la fiscalité est payée en Espagne. La personne qui émet l'appel ne peut pas payer les taxes en Espagne et encore au Sénégal. L'équilibre est établi des deux côtés, celui qui appelle du Sénégal paie la fiscalité au Sénégal et pour son appel vers la  France par exemple, on ne peut pas être passible d'une nouvelle taxe en France. Donc l'Etat n'est pas fondé à mettre une taxe sur les communications internationales. En plus, si l'Etat veut instaurer une taxe, il faut qu'il passe par l'Assemblée nationale et, dans le cas d'espèce, cela n'a pas été fait. L'Etat, ici n'est pas opérateur, ne fait pas d'investissement qui justifie ce qu'il appelle quote-part. C'est tout ce qui fait que, quelle que soit l'appellation, ce montant est quand même une taxe qui n'est pas du tout conforme au règlement des communications internationales.

Le décret est également décrié par les pays de l'UEMOA qui ont demandé sa non application dans notre espace économique.

En définitive le décret donne à notre pays une très mauvaise image dans le monde des télécommunications et en Afrique

Il semble qu'au début, Global Voice a été recommandé par Sonatel ?

Ce qui on colporté cette contre-vérité sont de mauvaise et ont du mal à justifier leur choix

Global Voice a travaillé avec nous comme revendeur. De 2003 à 2009, Global Voice nous achetait du trafic qu'il revendait. Pendant qu'on travaillait avec eux, Global Voice a toujours été soumise à fournir des garanties de paiement. D'ailleurs Global Voice reconnaît que c'est grâce à Sonatel qu'ils sont arrivés là où ils sont arrivés dans l'activité de carrier.

Par contre nous avons toujours combattu la surtaxation des appels internationaux par Global Voice en Guinée, puis en Côte d'Ivoire et au Ghana, donc bien avant l'introduction de ce phénomène au Sénégal

Ce qu'on reproche à l'Artp, c'est d'avoir brandi une lettre qui n'a rien à voir avec la nouvelle activité de Global Voice et qui n'était pas destinée à cela. S'il n'y avait pas une intention de tromper, pourquoi cette lettre a été utilisée ? En résumé, Sonatel n'a jamais cautionné Global



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