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Mame Less Camara : " Les Espaces De Liberté Ont été Considérablement Réduits Depuis L’alternance "

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Mame Less Camara : " Les Espaces De Liberté Ont été Considérablement Réduits Depuis L’alternance "

Mame Less Camara, journaliste, chroniqueur, Directeur de la radio Océan FM, ancien secrétaire général du Synpics, à la lumière des derniers évènements (tortures de deux journalistes par des policiers) analyse les rapports presse et pouvoir, journalistes et policiers. Il met aussi les pieds dans le plat en ce qui concerne nos tares. Des éclairages rafraîchissants et utiles…

La Sentinelle : comment se portent les relations entre la presse et le pouvoir ?

Mame Less Camara : Comme tout le monde peut le constater, il y a cette sorte de malentendu entre l’Alternance et la presse. Sur les rôles que journalistes et formations politiques ont joués dans l’avènement de nouvelles forces politiques à la tête du pays. Certains journalistes étaient convaincus que leur rôle était primordial dans le processus qui a mené à la prise du pouvoir, notamment dans l’éveil de la conscience politique citoyenne, et, dans le contrôle de la procédure de vote. Parce que l’intervention des journalistes, notamment des radios, a court-circuité la route par laquelle passait la fraude électorale. En donnant les résultats avant qu’on ne puisse manipuler le contenu des urnes, les journalistes ont coupé l’herbe sous les pieds des fraudeurs habituels. Les politiques leur ont concédé cela au début et ont pensé que c’était l’amorce d’un compagnonnage une fois l’alternance effective. Evidemment, cette attente n’a pas été réalisée. Quand les journalistes ont commencé à jeter un regard critique sur ce que faisaient les nouvelles autorités issues de l’alternance, celles-ci en ont conçu une certaine surprise, presque de la peine de voir non seulement des compagnons les quitter, mais aussi les critiquer. Cette déception est devenue plus tard une hostilité. En vérité, ce n’est pas la presse qui est hostile au pouvoir, mais c’est la pouvoir qui a transformé son incompréhension en offensive pour neutraliser quelque chose qu’il concevait comme une force capable de lui nuire à un moment où il avait besoin de se concentrer sur ce qu’il faisait, c’est-à-dire apprendre à gouverner.

La Sentinelle : Et intervint cette cassure en 2003. Comment en est-on arrivé là ?

Il y a eu cette cassure et les autorités ont très tôt utilisé la police pour neutraliser la presse. La première structure à entrer en jeu, c’était le BNS (Bureau national de sécurité). C’était contre l’hebdomadaire « Le Témoin », à propos de déclarations que le Président Wade aurait faites contre le chef de l’Etat mauritanien, Ould Taya. Dès 2000, le défilé des journalistes devant la Division des investigations criminelles (Dic), a commencé. Les journalistes se sont plus ou moins rendus compte que la rupture était consommée et qu’au fonds, le malentendu était levé ; il ne s’agissait plus d’une presse d’accompagnement, mais d’une presse qui retournait simplement à ses bases habituelles de travail. Ce que les médias disaient à l’époque du pouvoir pouvait être d’autant plus féroce que les tenants du pouvoir, qu’ils le veuillent ou non, n’étaient pas venus en experts. C’étaient des gens qui apprenaient et qui faisaient énormément de bévues. Et chaque fois qu’une gaffe était relevée dans les médias, le président, son entourage, percevaient cela presque comme une trahison, une attitude pas très loyale.

La Sentinelle : Pour en revenir à ce malentendu, le président Wade évoque dans « Une vie pour l’Afrique », biographie qui lui est consacrée, que cette presse qui l’a soutenu lui a subitement tourné le dos en 2002/2003. Que s’est-il passé ? Est-ce la faute aux autorités ou aux journalistes qui ont surestimé leur rôle dans l’avènement de l’Alternance politique ?

Non, je pense que ce que le chef de l’Etat n’a pas dit de façon claire, c’est qu’il avait tenté de s’allier avec certaines franges de la presse. Et il généralise à l’ensemble des médias une rupture avec certains groupes de presse, certains individus avec qui les relations étaient plutôt bonnes (…)

Je pense aussi que le Président a subjectivisé à l’excès ses relations avec la presse, pensant que c’est lui que les gens critiquaient alors qu’on vivait pour la première fois un changement de personnels à la tête de l’Etat par suite d’un processus démocratique. Les critiques visaient plus le nouveau cours des choses que les hommes eux-mêmes. Evidemment, on ne peut pas critiquer la gestion sans donner un nom, et c’était l’œuvre de l’Alternance. Je ne pense pas qu’il y ait eu une sorte de découplage global et général entre la presse d’une part et le pouvoir politique d’autre part. Cependant, le pouvoir issu de l’Alternance a essayé de capturer et de satelliser certaines « forces médiatiques », et, à un certain moment, ce compagnonnage qui était voulu s’est rompu. Cela dit, Il n’y a pas eu de position unique de la presse vis-à-vis du pouvoir, sauf lorsque les journalistes se sont rendu compte qu’ils étaient en train de devenir une cible politique pour le pouvoir en place. Evidemment, à ce moment-là, l’instinct de conservation a pris le pas sur un certain nombre d’autres considérations.

La Sentinelle : En parlant d’instinct de conservation, faites-vous allusions aux récentes bavures policières sur deux confrères et la marche de protestions qui s’en est suivie ?

Oui, mais c’était déjà le cas avec « l’affaire Madiambal Diagne ». On a vu les grands rassemblements que cela a occasionnés. Autre chose qui a conforté le pouvoir dans le fait que la presse, à défaut de basculer dans l’opposition, au moins, a une sorte d’idéologie hostile au pouvoir, c’est que quand la presse est agressée comme dans ces cas, il n’y a pas que les journalistes à se mobiliser. Il y a aussi des personnalités de la société civile, avec leur franc-parler, mais également les partis politiques qui utilisent ces moments pour renforcer leurs positions vis-à-vis du pouvoir. Evidemment dans ce genre de situations, le pouvoir n’hésite pas à accuser l’opposition de manipulation. Mais naturellement, c’est plus le délire sécuritaire de tous les pouvoirs que la réalité.

La Sentinelle : Ces derniers temps on a peut-être atteint des pics avec cette violence policière sur des journalistes dans l’exercice de leur travail. Vous avez été secrétaire général du Sympics, qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaires ?

On n’a jamais atteint le niveau de violence policière contre les journalistes, que celui que nous connaissons actuellement. Je me souviens que les problèmes que nous avions, avant l’alternance, c’était plutôt comment faire pour désamorcer ce qui risquait de se produire. Il y avait justement lors de manifestations, des journalistes qui étaient brutalisés par les forces de sécurité (…). Mais à l’époque, ce n’étaient pas les journalistes qui étaient ciblés comme tel. Mais aujourd’hui, il y a une cible journalistes pour les forces de police et cela est dû à l’imprudence des propos des politiques. Certaines forces organisées comme la police et la gendarmerie fonctionnent sur la base d’ordres. Si ces ordres ne sont pas clairement édictés, ces forces peuvent capter certains discours et peuvent les prendre comme des ordres implicites. La récurrence du discours d’hostilité contre les journalistes qui sont « nuls », qui sont « nuisibles », et ces discours lorsqu’ils viennent de chefs religieux de tous bords, des différents niveaux de la hiérarchie du pouvoir, finissent par désigner des cibles, les journalistes, mais aussi à dire qu’il serait bien « qu’on les mette à leur place ». Et si les forces de l’ordre ne sont pas normalement instruites, elles finissent par capter des messages qu’elles croient décrypter, même si la hiérarchie policière ne donne pas des instructions. Et puis, qui sont ces policiers ? Ce sont des gens comme vous et moi. Ils sont sensibles à ce que disent les autorités politiques, les religieux aussi parce qu’ils appartiennent à des confréries. Il y a d’autre part l’opportunisme ordinaire et humain qui ferait que, croyant qu’il y a des gens qui gênent le pouvoir et les chefs religieux, leur taper dessus ne pourraient leur valoir qu’au moins les félicitations de ceux qui dirigent et ceux qui bénissent.

Le fait que le pouvoir semble s’occuper particulièrement d’équiper la police par la création de nouvelles unités, amélioration des conditions matérielles des forces de répression avec entre autres, l’acquisition de ces affreuses matraques électriques. Tout cela fait que ces gens se sentent revalorisés et qu’en retour ils veulent être dignes de la confiance et de l’intérêt que leur manifestent les autorités. Il y a un effet psychologique assez pervers ; on ne leur explique pas que c’est pour la sécurité de la Nation. Ils confondent souvent sécurité publique et défense de l’image des autorités politiques.

La Sentinelle : Est-ce que la réaction de la presse, de la société civile et des responsables politiques n’a pas été tardive face à cette violence policière si on sait que des chefs de partis d’opposition ont été violentés lors de marches ?

Je crois qu’il y aurait eu peu de chance que Kambel et Kara se fassent tabasser comme ils l’ont été si la presse avait perçu dès la répression de cette marche de l’opposition que l’intérêt, c’était moins de décrire de manière féroce les humiliations et les violences exercées sur ces leaders de l’opposition, mais chercher le lien avec les organisations de défense des droits de l’homme. Il fallait s’arrêter et non pas seulement dénoncer pour en finir le lendemain. Le danger dans tous les pays où les dérives policières n’ont pas été arrêtées à temps, c’est que celles-ci finissent par faire boule de neige et il finit par s’installer une mentalité de justiciers qui transforme la police en son contraire. Je ne dis pas que le Sénégal en est sur la voie, mais c’est une évolution possible qu’il faut d’ores et déjà envisager pour pouvoir la stopper. Certains pays comme le Brésil ont connu ces périodes.

La Sentinelle : Justement pour faire face à tout cela, on se mobilise dans la presse. Les autorités promettent d’éclaircir les choses et de punir, au besoin, les coupables. Qu’est-ce qu’il faut aussi entreprendre pour mettre le holà sur ces dérives ?

Il faut parler aux policiers. Il ne faut pas rejeter la police dans son ensemble parce qu’il y a des dérives. Il faut que la presse prenne l’initiative de parler à la police, par des rencontres directes ou des séries d’articles…, en tout cas avec le format exhaustif qui conviendra. Il s’agit de leur faire comprendre que les journalistes ne leur en veulent pas. Au contraire, ils ont besoin d’eux comme tout autre citoyen. Mais il ne faut pas s’arrêter à accuser le coup parce que la police, j’imagine aujourd’hui, est sous pression, se sent menacée, vilipendée et cela n’est pas une position confortable. Au contraire, cela peut même renforcer certains secteurs radicaux de la police dans le fait qu’il faut traquer et taper les journalistes. L’esprit de corps chez les gens de tenue est connu. D’autre part, avec ces histoires de matraques électriques, il faut que l’on s’approche des Parlementaires, dont beaucoup de tout bord étaient à la marche du samedi 28 juin, afin de faire voter des lois afin que la police ne puisse plus faire usage de ces instruments de torture.

La Sentinelle : Ce combat est-il seulement celui des journalistes quand on sait que ce ne sont pas eux qui ont été victimes de ces violences policières ?

Non pas du tout. Comme je l’ai dit tout haut, les premiers sur qui on a testé ces matraques électriques, ce n’était pas les journalistes, mais les leaders de l’opposition.

La Sentinelle : Et quel est le rôle des autorités politiques dans cette mission de veille, puisque c’est d’elles que proviennent ordres et instructions ? N’ont-elles pas besoin d’une introspection sur elles-mêmes ?

Je suis content que vous utilisez le terme « introspection », parce que le chef de l’Etat l’avait lancé, mais en pensant que l’introspection ce sont les autres qui doivent la faire. Alors que ceux qui sont interpellés au premier chef, ce sont ceux qui ont des fonctions dirigeantes.

La Sentinelle : Beaucoup de gens, les autorités politiques, en particulier, stigmatisent la médiocrité des journalistes, le manque de formation etc. La presse ne devrait- elle pas commencer par balayer devant nos portes ?

Oui, depuis quelques temps, les journalistes, surtout les plus jeunes sont attirés par un métier qui présente le double avantage d’être prestigieux, même si cela n’est pas tout à fait fondé, et d’accès facile. Ce qui fait que beaucoup font l’économie d’une formation, tandis que d’autres commencent très vite à avoir des responsabilités éditoriales. Je ne dis pas qu’il faut nécessairement avoir une éducation, au sens anglo-saxon du terme. La formation est une exigence dans tout métier. Mais vu la situation actuelle du personnel des médias, cette exigence devient une urgence. C’est une absolue priorité de reformater les journalistes. Dans les pays où on donne accès au journalisme à des personnes sans formation, on exige d’eux des diplômes universitaires. C’est un premier palier de sélection. Il faut donc des procédures internes à la corporation et non pas des autorités. Parce que si l’autorité décidait des procédures, elle déciderait aussi en fonction de ce qui l’intéresse. Il faut absolument reformater les journalistes. On a, nous aussi nos justiciers ; des gens qui dégainent de la plume et qui disent des fois des choses affreuses sur les gens ou les attirent dans des studios de radio et de télévision pour leur faire subir ce qui ressemble à de l’humiliation. Mais là, il y a un aspect partagé, la vie politique « se peopolise », les hommes politiques vont là où il y a les plus grandes audiences, c’est-à-dire les émissions populaires. Et comme dit un journaliste français, « quand on ratisse large, on vise bas », et ça se reflète aussi bien dans les contenus que dans les mentalités. Et on le sait, les politiciens ne peuvent pas résister à une tribune.

La Sentinelle : Pour assainir le secteur de la presse, il y a l’autorégulation avec la mise en place du Cred, un ordre des journalistes est agité. L’Etat met en chantier une maison de la presse.

Des structures comme le Conseil respect de l’éthique et de la déontologie (Cred) est une forme très répandue dans les pays démocratiques. Cela permet de donner corps à l’un des aspects contenu dans tous les codes de déontologie, c’est-à-dire le tribunal des pairs. Le journaliste ne connaît en matière professionnelle que le jugement de ses pairs. Ce jugement est prononcé par un tribunal qu’est le conseil de presse qui peut s’autosaisir (…). Il manifeste son existence par des avis. Chaque fois que c’est nécessaire, tancer un organe de presse, dire à un journaliste que son travail n’est pas professionnel etc.

La Sentinelle : Quel avenir pour la presse ?

Malgré tout, c’est une presse pleine d’avenir. Parce que d’abord elle a la chance d’exercer dans un pays où les gens accordent encore de l’intérêt à la presse, même si le pouvoir d’achat est faible. Les radios qui sont d’accès libre sont très écoutées. De plus la vitesse avec laquelle ces informations atteignent l’opinion, montre que celle-ci est attentive et réceptive, qui cultive depuis un certain temps une sagacité, une capacité à s’agacer ou à s’enthousiasmer à partir de ce qu’elle a compris de l’information. Tout cela, pour dire qu’on a une presse qui, du point de vue de la demande populaire, a de l’avenir. Le problème, c’est comment cet avenir s’articule t-il avec ses capacités de survie. La publicité n’ayant pas suivi cette évolution rapide de la presse et les autorités ne s’étant pas rendu compte que l’un des derniers secteurs à offrir des métiers, c’est la presse. Dans ce cadre, il serait bon de faire le listing de certaines réussites extraordinaires qui n’auraient jamais pu avoir lieu sans la presse.

La Sentinelle : Vous avez dû voyager beaucoup en Afrique. Avec l’expérience qui est la sienne, pensez-vous que cette presse sénégalaise, jugée moribonde par certains, est-elle à la traîne par rapport à celles d’autres pays de la sous-région en particulier ?

Je pense que si les autorités sénégalaises du moment devaient cohabiter avec certaines presses que je connais dans la sous-région, les ¾ des journalistes seraient, soit en prison, soit dessaisis de leur carte professionnelle. Ce n’est pas de l’auto flagellation, on n’a pas une presse idéale. Je peux comprendre que les autorités, pour réduire le pouvoir de la presse, la stigmatise, l’accable, mais notre presse est loin d’être la dernière et s’il y avait un classement, nous pourrions prétendre aux premières places, malgré toutes nos tares. Et c’est une raison supplémentaire de lutter contre tout ce qui pourrait nous ramener vers le bas. Que ce soit du fait de nos propres négligences (déficit de formation, entrée trop libre, autorégulation laxiste), mais aussi du fait des autorités qui essaient de réduire les espaces de liberté, parce que le grand constat, c’est que pour les journalistes, les espaces de liberté ont été considérablement réduits depuis l’Alternance. En tout cas moi, Mame Less Camara, en tant que journaliste, je me sentais plus libre en tant que chroniqueur politique (il signait sous le pseudonyme Abdou Sow dans le quotidien Wal Fadjri, ndrl). Maintenant, c’est plus difficile ; le moindre article peut vous valoir une convocation à la Dic.

La Sentinelle : L’opprobre que certains tentent de jeter à la presse, n’est pas une spécificité sénégalaise. On a vu les rapports heurtés entre le président Sarkozy et les médias, la récente sortie contre les médias de l’ex-Premier ministre Dominique Villepin, pour ne citer que ces cas. Mais quand les rapports entre la presse et le pouvoir sont conflictuels, c’est une chose. Cela veut dire que la presse fait bien son travail, que les journalistes sont en train de se bagarrer pour l’indépendance de la presse. Même s’il peut arriver quelques fois sur un ou des sujets que les journalistes aient tort, c’est le processus qui compte. La divergence est saine quand elle oppose hommes politiques et journalistes.



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