Marché de l'aéroport Blaise DIAGNE de Diass : Zakhem victime de brouillages sur l'appel d'offres

La désignation de l'adjudicataire du marché pour la construction du futur aéroport international Blaise Diagne de Diass fait encore par d'elle. Arrivé premier dans la phase de présélection, le consortium Zakhem/Etat chinois a été laissé sur le tarmac au profit du groupe saoudien Ben Laden. Un choix qui soulève des polémiques d'autant plus qu'on estime qu'il y a entorse aux règles de l'art. Certains réclament même la publication des résultats par souci de transparence.

Mieux disant dans l'appel d'offres relatif à la construction du nouvel aéroport Blaise Diagne de Diass, le consortium Zakhem/Etat chinois n'a pourtant pas été retenu. L'affaire est tombée dans le sac du Groupe saoudien Ben Laden, retenu, avant-hier, pour la réalisation de ce grand projet du chef de l'Etat. Reste la polémique devant ce marché dont l'attribution est jugée viciée.

Le consortium Zakhem/Etat chinois est sorti en tête de l'appel d'offres non seulement grâce à la viabilité technique de son offre, mais aussi puisqu'il est moins disant de près de 100 millions de dollars, soit 55 milliards de francs environ. En effet, quand le consortium Zakhem/Etat chinois proposait la réalisation du nouvel aéroport pour un montant de 200 millions de dollars (soit près de 110 milliards de francs Cfa), le groupe saoudien faisait une proposition de près de 300 millions de dollars (165 milliards de francs Cfa). Il s'y ajoute, selon des sources bien informées, que le consortium Zakhem/Etat chinois avait déjà mis sur la table quelque 180 millions de dollars (près de 100 milliards de francs) correspondant au financement de 90 % du projet, alors que le Groupe Ben Laden n'avait pu boucler son financement et ne pouvait mettre sur la table, dans l'immédiat, que 80 millions de dollars (environ 44 milliards de francs) sur les 300 demandés (voir Walf du vendredi 22 décembre).

De bonne source, on apprend que Zakhem, qui avait été approché par un membre influent du palais présidentiel, devait servir de faire valoir dans le futur choix du groupe saoudien. Des responsables de cette entreprise espéraient cependant compter sur leurs relations prévilégiées avec Karim Wade, le fils du président, et ne pas se limiter dans un rôle de faire-valoir. D'ailleurs, rappelle la même source, ils avaient, en commun, un projet de construction d'une tour dénommée Millenium Plaza dont la réalisation nécessitait un financement de 8 milliards de francs. Le mariage a-t-il fait long feu ? Autre homme d'affaires cité dans ce dossier, Pierre Aïm. Celui-là même qui avait touché une commission dans le cadre des fonds taïwanais relatés par l'hebdomadaire Le Témoin.

Il reste que le marché de l'aéroport de Diass a fait ses bienheureux collatéraux. Pour service rendu, des commissions estimées à 40 millions de dollars (près de 20 milliards de francs), représentant 10 % du marché, auraient été versées. Une manne que va partager un cercle d'amis spécialisés dans les commissions. Le coût prévisionnel de la construction du nouvel aéroport est de 200 milliards de francs.

Des sources concordantes proches du dossier d'appel d'offres renseignent que Zakhem s'estimait heureux d'avoir été retenu, en juin 2006, lors de la phase de présélection. D'autant plus que contre toute attente, il a trouvé en l'Etat chinois un partenaire stratégique pour soumissionner à l'appel d'offres. Un appel d'offres auquel de grands constructeurs comme Bouygues n'ont pas répondu. Et selon les mêmes sources approchées par Walf, la stratégie mise en place par des personnalités influentes du palais présidentiel était de verrouiller, autant que faire se peut, l'appel d'offres. Ceci pour permettre au Saoudien Ben Laden de rafler la mise.

Nos sources reconnaissent l'expérience avérée de Ben Laden dans la construction d'aéroports. Il reste que c'est de manière inattendue que la décision d'attribution du marché, prévue le 20 décembre dernier, a été retardée d'une semaine. Or, les enveloppes avaient été déjà ouvertes. Et le dossier s'est ainsi soudain politisé, permettant au Groupe Ben Laden de revoir sa copie et d'essayer de finaliser son financement qui était mal bouclé.

Pour plus de transparence dans le cadre de cet appel d'offres, des sources ayant eu accès au dossier demandent la publication des résultats d'attribution du marché. Un marché qui a fait, avant-hier, le bonheur du Groupe Ben Laden et de ses parrains.

Après le choix du constructeur, le démarrage des travaux est prévu pour le début de l'année 2007. Une société allemande, Fraport, sera le gestionnaire du futur aéroport Blaise Diagne. Elle a été retenue suite à un appel d’offres lancé par le gouvernement. Fraport devra accompagner et assister le constructeur Ben Laden. En termes d’emplois, les prévisions dépassent largement le chiffre des 1 500.

La société anonyme de l'Aéroport international Blaise Diagne (Aibd-Sa) qui a été créée, le 24 février 2006, est chargée de réaliser et de développer le nouvel aéroport appelé à prendre le relais de l'Aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar Yoff.