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Economie

MARCHES DES ASSURANCES : 72 milliards, malgré la crise

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MARCHES DES ASSURANCES : 72 milliards, malgré la crise

Très peu de Sénégalais sont assurés et le chiffre d’affaires total de l’ensemble des vingt-trois compagnies d’assurances ne représente que 1,8 % du Pib. Cette situation s’explique par le fait que le secteur informel, qui concentre l’essentiel de l’activité économique, est très faiblement assuré. Mais aussi, par le manque de culture d’assurance chez les Sénégalais. La faiblesse des revenus et le fatalisme sont également des facteurs bloquants. Par ailleurs, en ce qui concerne l’assurance auto, les clients se plaignent des retards dans le recouvrement des dédommagements. Quant à l’impact de la crise sur le secteur, les acteurs en minimisent les effets.

Un chiffre très évocateur sur la situation du secteur des assurances. Moins de 2 % des Sénégalais sont assurés. Parmi la population non-assurée, 60 % sont du monde rural et 25 %, le secteur informel. Le manque d’intérêt du secteur informel pour les assurances constitue un problème. Mais, comme le note Vadiourou Diallo, président de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (Fssa), regroupant les vingt-trois compagnies présentes dans le marché national, « c’est un secteur particulier ».

Dès lors, la difficulté réside dans le besoin de trouver « un équilibre entre le besoin d’offrir une protection à ce secteur et l’obligation de rentabilité pour les compagnies d’assurances ». De l’avis de M. Diallo, la solution peut se trouver dans la micro assurance. « Nous en sommes à une étape d’étude pour essayer de capter ce secteur en marge... », dit-il.

« Askia Assurances », une jeune compagnie, semble être parmi les plus intéressées par ce marché. Du moins, de l’avis de son directeur, Amadou Seck. La raison ? « La première est liée à la faiblesse de la densité d’assurance (inférieure à 2 %) ce qui est illustrée par deux agrégats : la faible contribution des assurances au Pib (1,8 %) contrairement à des pays comme l’Afrique du Sud où elle est de 15 %, la moyenne mondiale étant de 6 %, et la faiblesse de la prime moyenne par habitant, à savoir 5.700 Fcfa. La deuxième est liée au concept de droits humains et à la notion d’inclusion financière : tout citoyen a droit à un compte bancaire, un prêt et par ricochet à être assuré. C’est la nouvelle idéologie des droits économiques », déclare Amadou Seck. Il ajoute : « si on veut améliorer cette situation, on doit favoriser l’émergence de structures de financement et en même temps le développement de la micro assurance, ouvrir la vanne et faire accéder le plus grand nombre au crédit ». Malgré la faiblesse de la population assurée, le secteur a eu un chiffre d’affaires annuel de 72,059 Fcfa milliards en 2007 et le total de sinistres réglés s’évalue à 37,739 milliards de Fcfa pour le même exercice.

ASSURANCES AUTO : Des lenteurs pour le recouvrement des dédommagements

L’assurance auto concentre 37 % du marché des assurances pour 20 milliards 926,8 millions de Fcfa de chiffre d’affaires annuel (d’après les chiffres provisoires de la Fssa pour l’exercice 2007). Cependant, beaucoup de clients dénoncent les lenteurs dans le recouvrement des dédommagements, à l’instar d’Aliou Dona, un conducteur, garé à côté de l’hôtel Indépendance. En faisant remonter les vitres de son véhicule pour se protéger du froid glacial qui souffle sur Dakar, il accepte de se confier après quelques hésitations. « J’ai une fois fait un choc, mais malgré le fait que je sois assuré, j’ai eu toutes les peines du monde pour toucher aux dédommagements. La procédure est longue et lente. A la limite, on se décourage ».

Ces lenteurs, même les assureurs les reconnaissent. « La réalité impose certaines lenteurs », justifie Vadiourou Diallo. Selon lui, l’assureur est obligé de respecter la procédure, aussi lente soit-elle. « Il faut d’abord que la Police fasse un procès-verbal de constat, base de la déclaration du sinistre. Ensuite, le réparateur doit établir un devis que l’assureur enverra à l’expert pour évaluation du dommage. C’est sur la base de cette expertise seulement que l’assureur va payer. Vous voyez, pour toutes ces étapes, il y a des délais incompressibles ».

Toutefois, le président de la Fssa assure qu’ils sont en train de travailler à une accélération de la procédure pour réduire les délais. « Cependant, tient-il à préciser, tel que le secteur est structuré, aucun assureur ne peut refuser de payer les dédommagements à un client ».

Amadou Seck, lui, estime que c’est une « tare » qu’il faudra corriger.

LES SÉNÉGALAIS ET L’ASSURANCE : La pauvreté et le fatalisme, facteurs bloquants

« J’ai seulement entendu parler de l’assurance vie, mais je ne sais pas très exactement ce que c’est ». Cet aveu d’Aliou, un employé de bureau, est assez révélateur de l’attitude des Sénégalais vis-à-vis de ce produit. Après quelques explications, il comprend maintenant de quoi il s’agit. « Mais vous savez, mes faibles revenus, avec la famille à nourrir, ne me permettent pas d’y souscrire. Moi, je confie ma vie à Dieu... », dit-il avec un petit sourire. Pauvreté et fatalisme ! De l’aveu même du président de la Fssa, la culture d’assurance reste à être développée chez les Sénégalais. « Il y a des produits qu’il faut promouvoir. Il s’agit de la protection d’habitat, l’assurance retraite complémentaire, l’assurance vie... ». Mais pour Vadiourou Diallo, la faiblesse des revenus (la pauvreté) est le principal facteur qui explique sa faible percée.

« Aujourd’hui, le Sénégalais moyen est assez conscient et sensible à sa protection et celle de sa famille... Le facteur religieux (ou fatalisme) n’y joue qu’un rôle négligeable », explique-t-il. Cette profession de foi est également partagée par Amadou Seck. Ce dernier estime que la situation est en train de changer. « Il faut juste proposer aux clients des produits adaptés à la réalité. D’ailleurs, nous (« Askia ») sommes en train de mettre sur pied une société vie. Elle devrait démarrer d’ici trois mois. Parallèlement, nous essayons de proposer des produits plus attractifs », ajoute-t-il.

Pour booster le secteur, la Fssa dont l’une des missions est d’étudier les mesures à proposer aux sociétés membres en vue d’assurer une bonne gestion professionnelle, mise sur la communication pour mieux faire connaître les produits et inciter les populations à avoir une culture de l’assurance. « Le marché manque de maturité et les assurances restent un domaine peu connu des Sénégalais.

C’est pourquoi, nous voulons mieux communiquer, déclare Vadiourou Diallo. Dans ce cadre, parmi nos objectifs de 2009, figure la mise en place d’un site web et l’organisation de journées portes ouvertes sur les assises. Et, lors de la Foire international de Dakar, pour la première fois, la Fssa a ouvert un stand... ».

Assurance et crise financière : Impact encore limité

« Pour être touché par la crise financière, il faut avoir des titres affectés. Ce qui n’est pas le cas pour nos compagnies ». Cette précision de M. Diallo montre que la crise, qui fait des ravages en ce moment notamment aux Etats-Unis où le géant de l’assurance mondiale AIG traverse une période difficile et ne doit son salut qu’à l’aide de l’Etat américain, ne touchera pas directement les compagnies locales.

Cependant, indirectement, elles le seront « nécessairement » à cause du resserrement du crédit : les Etats auront de plus en plus de difficultés pour accéder aux crédits et il s’y ajoute la réduction des transferts de capitaux par les immigrés. Ce qui se traduira par une diminution des investissements et par conséquent, des pertes de marchés pour les compagnies d’assurances. L’autre risque est lié à la réassurance. La plupart des compagnies locales sont assurées par des réassureurs étrangers. Donc, si ces derniers sont touchés, il y aura probablement des effets, notamment en ce qui concerne les commissions de réassurance. Mais, les risques sont minimes, d’après les experts du secteur.



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