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Montage : l’industrie automobile sénégalaise à petits pas

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Montage : l’industrie automobile sénégalaise à petits pas

Inde, Iran et Chine sont les partenaires de l’industrie automobile sénégalaise, qui roule encore au pas.

Le parc automobile sénégalais, jusqu’ici exclusivement constitué de véhicules importés, s’ouvre petit à petit aux voitures assemblées dans le pays. L’Inde s’est manifestée dans le segment minibus pour le transport en commun. Le partenariat avec la firme indienne Tata Motors a permis de livrer de 2005 à 2008, 505 minibus, selon des responsables de Senbus Industrie, la société sénégalaise associée aux Indiens. C’est une société à capitaux 100% sénégalais, avec une participation minoritaire de l’Etat sénégalais.

Cette première opération va se poursuivre pour le remplacement des cars rapides et Ndiaga-Ndiaye, des véhicules de transports en commun dont l’âge dépasse parfois cinquante ans, et qui constituent l’essentiel du parc des transports à Dakar. Un peu moins de 3000 Ndiaga-Ndiaye sont destinés à la casse.

Une convention signée en février dernier, lors de la visite à Dakar du président chinois Hu Jintao, prévoit un financement d’un peu plus de 11 milliards de francs CFA pour un premier lot de 400 voitures, mais à terme, l’objectif est de 6000.

Ce projet de renouvellement du parc de transport sénégalais a bénéficié d’un appui de 8 milliards de francs CFA, soit 12 millions d’euros, de la Banque mondiale. Chaque véhicule a coûté 21,2 millions de FCFA, dont les 75% (15,9 millions de francs CFA) ont été prêtés à un taux confessionnel sous forme de crédit-bail, d’une durée de cinq ans. Le bénéficiaire apporte le solde.

« Nous avons commencé le renouvellement du parc depuis 2002. Nous avons un taux de remboursement de 99% », précise un responsable du Ministère des transports. « Tata Motors apporte les kits (les composants) du véhicule et Senbus fait le montage. Tata forme en même temps le personnel de Senbus sur la technique de montage », explique Aminata Diagne Seck, directrice commerciale et marketing de Senbus. Des entreprises locales fabriquent aussi des composantes comme le marchepied et les sièges.

L’usine a été inaugurée en septembre 2003 en présence de plusieurs chefs d’Etat ouest-africains, révélant l’ambition de conquérir la sous-région. Senbus Industrie a déjà vendu des minibus au Mali, au Niger et à São Tomé et Principe, révèle la société.

Taxis iraniens

Avec l’Iran, le partenariat est noué avec la firme iranienne Khodro. Pour le sommet de l’Organisation de la conférence islamique à Dakar, en mars 2008, 300 taxis ont été importés d’Iran. Le financement a été permis par des lignes de crédit de banques et sociétés d’assurances. Depuis lors, des voitures pour des particuliers notamment sont sorties de l’usine de Thiès.

« Tout est importé. On ne fabrique rien au Sénégal. Les voitures sont assemblées par des Sénégalais sous la direction d’ingénieurs iraniens », affirme-t-on de source proche de SenIran Auto, une société anonyme avec participation des deux Etats et de privés sénégalais. L’Iran détient 60% des parts et le Sénégal 40% (20% pour l’Etat et 20% pour les privés sénégalais).

A terme, l’usine de Thiès devrait employer 500 personnes pour une production de 10 000 voitures.

Chinois

Les Chinois vont prochainement prendre le relais de Tata Motors, dont le contrat a expiré. Une convention signée en février dernier, lors de la visite à Dakar du président chinois Hu Jintao, prévoit un financement d’un peu plus de 11 milliards de francs CFA pour un premier lot de 400 voitures, mais à terme, l’objectif est de 6000.

Autre projeten cours, une usine de production de gros porteurs ont révélé récemment les autorités sénégalaises. C’est le résultat d’un partenariat entre le Sénégal et la société soudanaise Giad. La Sénégalaise de gros porteurs Industries (SGPI), nom de l’usine d’assemblage, prévoit un investissement de 50 millions de dollars pour un capital d’un montant de 500 millions de francs CFA, répartis entre le groupe soudanais Giad (51%), un groupe industriel privé sénégalais (34%) et l’Etat sénégalais (15%). La SGPI envisage de produire des camions-bennes, des pick-up et des tracteurs à partir de 2010 et prévoit quelque 500 emplois en moyenne.

Voitures neuves

Rénovation du parc, promotions, facilités bancaires, offres d’entretien et d’assurances gratuites pendant un an : le marché de l’automobile sénégalais est en expansion. Les concessionnaires indiquent que le marché connaît une croissance de 20% par an depuis cinq ans environ.

De plus de 3300 véhicules vendus en 2004, tous concessionnaires confondus, le chiffre est passé à quelque 8000 unités fin 2008.

Plusieurs raisons expliquent cette explosion, à commencer par l’interdiction depuis 2002 de l’importation des véhicules de plus de cinq ans.

Cette progression s’explique aussi par « le fait que les concessionnaires ont baissé leur coûts pour offrir des produits à des prix raisonnables », expliquait récemment le Bulletin économique de la Chambre de commerce de Dakar. « L’achat à crédit et le relèvement du pouvoir d’achat d’une certaine catégorie (de la population) ont également permis d’améliorer les ventes » de véhicules neufs, selon des spécialistes du secteur.

Cette expansion est constatée dans toutes les gammes de véhicules : particuliers, utilitaires, camions, bus et autobus. Elle a aussi diversifié les marques de voitures. Aux Européennes (Françaises surtout), Japonaises, Coréennes et Américaines, sont venues s’ajouter les Chinoises à bas prix. Cette expansion résistera-t-elle à la crise financière mondiale, s’interrogent les concessionnaires locaux. Les ventes de voitures neuves ont connu un ralentissement durant le dernier trimestre de 2008, dans une proportion non encore précisée.

Gaïndé

Le montage de camions n’est pas une première au Sénégal. Une première expérience de véhicules appelés Gaïndé, le lion, animal totem du Sénégal, avait échoué. Qu’en sera-t-il de la nouvelle ?

Avec 8000 voitures achetées en 2008, le marché des véhicules au Sénégal est réduit, estiment de nombreux spécialistes. L’augmentation du nombre de véhicules importés est perçue comme un frein à l’industrie automobile naissante.

« Il y a un manque de cohérence. Dans tous les pays du monde, les industries automobiles se sont développées avec l’aide de la puissance publique. Je ne comprends pas qu’on permette des importations », affirme David Sagna, du Ministère chargé des transports terrestres. « Il faut protéger les industries qui sont en train de naître ».
 



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