L’abaissement de la note souveraine du Sénégal à B- par l’agence Standard & Poor’s, officialisé début juillet 2025, n’aura pas d’effet immédiat sur le quotidien des citoyens. Mais cette révision influe profondément sur la manière dont le pays est lu par les marchés financiers et les bailleurs internationaux. Elle envoie un signal de prudence aux investisseurs, en particulier à ceux qui scrutent les trajectoires budgétaires des économies émergentes, à un moment où les taux mondiaux sont orientés à la hausse.Face à cette décision, les autorités sénégalaises ont tenu à réaffirmer leur engagement pour une gestion rigoureuse et transparente des finances publiques. Le gouvernement insiste sur la continuité des réformes budgétaires, le renforcement de la discipline fiscale et la consolidation des discussions avec le FMI. Si la capacité du pays à honorer ses échéances n’est pas remise en cause, cette dégradation souligne néanmoins une tension : celle entre les intentions souverainistes affichées par l’exécutif et les contraintes d’un système financier international qui reste largement gouverné depuis l’extérieur.En toile de fond se joue une bataille plus symbolique : qui détient le pouvoir d’évaluer la crédibilité économique d’un pays ? Le gouvernement Diomaye–Sonko, qui revendique une rupture et une réorientation du modèle, se trouve confronté à un récit dominant façonné par les agences de notation, les institutions financières et les cabinets d’analyse globaux. L’enjeu dépasse la simple question de solvabilité : il s’agit désormais de faire exister une lecture autonome de l’économie sénégalaise, fondée sur ses propres priorités et ses choix politiques. Une autre forme de souveraineté, plus subtile, mais non moins stratégique.
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