C'est un Bara Tall très en colère qui a débarqué avant-hier dans les locaux de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes). Visage ferme, mine grave, le président de Jean Lefèbvre Sénégal (Jls) était manifestement en colère. C'est que les propos du ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des Finances, tenus à l'occasion de la revue annuelle du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) l'ont mis dans tous ses états. Au point qu'il ne pouvait pas les digérer sans répliquer. Ce fut une réplique musclée. ‘Vous avez dit M. le président (Mansour Cama, Ndlr) tout à l'heure (avant-hier) que vous n'allez pas vous étendre sur la question de la responsabilité. Mais moi je commencerai par là parce que le ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des Finances commence à en faire trop. Je suis responsable, pas peut-être autant que lui, du devenir du pain quotidien de millions de Sénégalais. Lui, Abdoulaye Diop, il ne le voit pas. Mais, moi, je vois la responsabilité de quelques milliers de Sénégalais qui dépendent de la charge qui est la mienne. Je pense que je ne suis pas irresponsable au point de crier sur tous les toits que l'Etat me doit 10 milliards. Ce n'est pas de l'irresponsabilité. Au contraire. Je suis responsable du recouvrement d'au moins d'une partie de cet argent qui constitue la sueur et parfois le sang des gens qui ont réalisé des ouvrages pour l'Etat du Sénégal. Beaucoup d'ouvriers, en se rendant au chantier, ont eu des accidents, ont été amputés ou peut-être ont perdu même la vie’, a-t-il tenu à asséner à Abdoulaye Diop lors d'un point de presse organisé à cet effet. ‘Donc, c'est leur argent, c'est leur dû. Ma responsabilité est engagée jusqu'à ce que cet argent soit recouvré. Et je serai payé tôt ou tard avec les pénalités qui s'en suivent’, a-t-il insisté. Le ministre de l'Economie et des Finances avait qualifié d’’irresponsable’ la sortie des entreprises membres de la Cnes qui réclament et revendiquent la dette intérieure non encore payée.
Bara Tall de s'empresser d'ajouter : ‘Si on se renvoie la balle, il y a un problème. Si pour une seule vérité, il y a deux versions, il y a un menteur quelque part. Mon propos est de démontrer que ce menteur n'est pas moi. J'affirme que l'Agence autonome des travaux routiers (Aatr), l'Agence de promotion des investissements et des grands travaux de l'Etat (Apix) et le Programme de construction et de reconstruction du patrimoine de l'Etat (Pcrpe), rien que ces trois agences me doivent une somme de 9 milliards. Sans compter les petits projets qui font monter la créance à 10 milliards’. Pour étayer ses propos, M. Tall a brandi ses preuves parmi lesquelles il a cité le chantier Diana Malary - Carrefour 22. ’Je peux vous citer le cas de Diana Malary - Carrefour 22 dont le montant est inscrit dans le budget national de 2007’, a-t-il démontré.
Mais il n'y a pas que Bara Tall qui se trouve dans cette situation inconfortable. Le Consortium d'entreprises (Cde) est aussi dans cet état de détresse. Preuve à l'appui, son Directeur marketing et relations publiques a lui aussi tenu à démontrer que l'Etat lui doit encore de l'argent. Ainsi, Moctar Chimère Diaw a cité en exemple, avec beaucoup de détails, la créance sur le marché relatif à la réalisation des travaux d'aménagement du site de la Direction de l'automatisation des fichiers du ministère de l'Intérieur. Idem pour le Président du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (Snbtp) qui n'a pas dérogé à la règle de démonstration, preuve à l'appui, du non règlement définitif de la dette intérieure. Et ils promettent de rendre public dans la presse au courant de cette semaine un document dans lequel vont se trouver toutes ces preuves.
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