PÉNURIE DE CIMENT : En attendant le matériau, les prix flambent

Nombreux sont les chantiers en arrêt technique, faute de ciment. A Keur Mbaye Fall Extension où le sac est passé de 3.500 à 4.000 francs Cfa et la tonne de 68.000 à 76.000 francs, la pénurie s’installe.

Keur Mbaye Fall Extension est une partie de la lointaine banlieue dakaroise. C’est une zone où il y a beaucoup de chantiers en cours. Mais, la plupart de ceux-ci sont à l’arrêt, faute de ciment. C’est le cas aux abords du lycée de Mbao où les nouvelles constructions poussent comme des champignons. Assis sur une brique devant une villa en finition, Modou Niang, un maître maçon, supervise ses employés en train de remblayer les fondations de son nouveau chantier. Il confie : « On est en arrêt technique, depuis bientôt deux semaines, faute de ciment ». La pénurie affecte aussi le nouveau chantier de Modou. Son fournisseur, Mamadou Ndiaye, tient une quincaillerie non loin du chantier. Dans son commerce, il y a tout sauf du ciment. « Depuis le début du mois d’avril, je n’ai pas de ciment ». A l’en croire, cette situation est « exceptionnelle ». « Certes, on avait des pénuries de ciment allant d’une semaine à dix jours, mais celle-ci est relativement longue », argumente-il. Il payait la tonne à 68.000 francs Cfa et la revendait à 70.000 francs Cfa. Le prix d’achat du sac lui revient à 3.400 francs Cfa et celui de vente à 3.500 francs Cfa. Il attend depuis le début du mois sa commande qui tarde toujours à être livrée. Cependant, il est toujours optimiste, même s’il s’attend à une hausse probable du prix de la tonne. Tout comme le sieur Ndiaye, Modou Seck croit qu’il aura sa commande « mercredi au plus tard ». Monsieur Seck vend uniquement du ciment, mais son dépôt est vide « depuis longtemps ». Il confie qu’un de ses amis fournisseurs vient de lui annoncer au téléphone une hausse de 3.000 francs Cfa sur le prix d’achat de la tonne. Djibril Diop, un particulier, soutient avoir acheté, « après plusieurs démarches », deux sacs à 8.000 francs Cfa, afin de terminer quelques travaux. La plupart des grossistes parlent de pénurie et non de spéculation. Toutefois, les propos de Monsieur Diop sont renforcés par le maître maçon Modou Niang. A en croire ce dernier, présentement, la tonne de ciment ne s’échange « pas à moins 76.000 francs Cfa ». En tout cas, selon Abdou Ndiaye, un maître maçon trouvé en pleine activité sur son chantier, malgré la pénurie, son fournisseur assure toujours ses besoins en ciment.

A Keur Mbaye Fall Extension, les vendeurs de ciment attendent toujours leurs commandes, comme Ibrahima Thiaw dont le magasin est encore vide. Nouvellement converti dans ce commerce, il attend toujours de pouvoir bénéficier d’un quota chez les cimentiers. Il a « déjà déposé (son) dossier et attend ». Jusqu’ici, il achetait la tonne à 70.000 francs Cfa pour la revendre à 72.000, voire 73.000 francs Cfa. Il salue la construction d’une troisième cimenterie au Sénégal, mais en vue de mieux satisfaire le marché national, il estime que les autorités doivent imposer aux cimentiers un quota pour l’exportation dans la sous-région.