Depuis l’ouverture du procès du F/CFA, seuls deux officiels français se sont exprimés. Pour eux, la France ne tirerait aucun avantage de la coopération monétaire, ce mariage forcé, avec ses ex colonies.
Elle supporterait plutôt des sujétions, les appuis budgétaires. Les leaders politiques africains ne sont pas restés muets sur le sujet. Pour certains, la zone CFA serait relativement stable. Toutefois, ils estiment que la pauvreté chronique dont le taux est passé de 10% en 1980 à 38% en 2010 reste une préoccupation pour leurs Etats.
Communiquer et sensibiliser les sécessionnistes :
Les officiels français ont suggéré aux politiques et intellectuels africains d’animer des meetings de sensibilisation des populations et des conférences dans les universités aux fins de freiner la progression des idées subversives contre le FCFA. La présente contribution qui fait suite à cette recommandation s’appuie sur un cas pratique au Sénégal. Elle est destinée aux étudiants des facultés de sciences économiques de notre zone monétaire et à tous ceux qui y trouveraient un sujet d’intérêts.
L’industrie du riz au Sénégal
« Le plan Sénégal émergent » a formulé et mis en œuvre une politique publique visant deux objectifs : (i) assurer la sécurité alimentaire et (ii) équilibrer le compte courant de la balance des paiements extérieurs. A cette fin, le gouvernement a pris la responsabilité de financer la production locale de riz par le contribuable sénégalais en aménageant les bas-fonds rizicoles, en fournissant les semences et le conseil agricole ainsi que la mécanisation. Des entrepreneurs sénégalais avisés ont monté en joint-venture avec l’étranger, des usines de décorticage et de blanchiment du riz. Cette industrie naissante a généré plus de 100 000 emplois pour les jeunes sénégalais qui ont quitté les villes pour le milieu rural d’une part et ceux qui revenaient de Lampedusa d’autre part.
Bilan des courses :
La production est passée de 400 000 tonnes en 2010 à 800 000 tonnes de riz blanchi en 2017. Cependant, les usines installées fonctionnent en sous-capacité. Leur seuil de rentabilité se situe à 1 200 000 tonnes par an. Le marché est en croissance avec la démographie et le président de la Banque africaine de développement (B.A.D.) ambitionne de « nourrir » l’Afrique. Sur les marchés sénégalais, le riz local s’écoule difficilement. Les préférences des populations vont au riz importé de la Thaïlande et du Pakistan. Il serait de meilleure qualité et coûterait moins cher. Le crédit est accordé par les banques locales quasi-exclusivement à l’import-export. Aussi les commerçants ont-ils choisi de vendre à 80% le riz importé. Les stocks de paddy s’entassent dans les champs, les usines manquant d’entrepôts pour les produits finis. Les producteurs et industriels sénégalais sont aux abois. Ils se rappellent que la Côte d’Ivoire avait essayé une telle stratégie au début des années 1970 et qu’elle l’avait finalement abandonnée, en transférant aux consommateurs occidentaux de chocolat, les subventions à la production de riz local. L’industrie asiatique, devenue le fournisseur de l’Afrique et après quarante ans d’expérience, est imbattable sur les marchés internationaux du riz. Les autorités politiques font face à trois contraintes majeures :
- La démocratie a été imposée au pays en 1989, ce qui a permis au président qui a initié le programme d’accéder au pouvoir d’Etat. Ces autorités ne pourraient donc pas imposer aux consommateurs du riz de moindre qualité, plus cher. Les organisations de la société civile veillent sur les droits du consommateur. Il n’y a plus de despote éclairé sur le continent.
- L’organisation mondiale du commerce (OMC) a prescrit des règles intangibles. Aucun pays ne peut ni contingenter les importations, ni imposer des droits de douanes. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) sont commis au contrôle de la stricte application de ces règles.
- La coopération monétaire, par le mécanisme du compte d’opération et l’engagement par signature donné par la France au Fmi, rassure les partenaires commerciaux des Etats de la zone. La parité fixe du F/CFA avec l’euro, les marges confortables et la liberté de transfert des bénéfices garantissent aux IDE des revenus stables. Du fait de son appartenance à la zone Franc, le Sénégal ne pourra pas utiliser l’arme monétaire en dévaluant pour égaliser ses prix internes à ceux des concurrents asiatiques.
Vous êtes conseillers des autorités politiques et monétaires du pays. Le parti au pouvoir a été élu sur le programme « Croissance et réduction de la pauvreté par l’autosuffisance alimentaire ». Quels arbitrages et réformes leur recommanderiez-vous pour sauver l’industrie naissante du riz et les milliers d’emplois. Qui de l’OMC ou du FCFA est la cause explicite de la pauvreté chronique dans notre zone monétaire ?
Camara Loukimane
Expert Financier
Député à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire
10 Commentaires
Anonyme
En Octobre, 2017 (17:07 PM)Oui , il faut une monnaie commune à l'Afrique , mais non aux slogans et à le rhétorique. La monnaie est une affaire très sérieuse qu'il faut la confier aux spécialistes, ce qui loin d’être mon cas .L'Union Européenne a pris du temps pour la mise en place de l'Euro et à ce jour des voix s'élèvent pour la mettre en cause.Halte à la propagande et place à la réflexion
Anonyme
En Octobre, 2017 (17:59 PM)Lebaolbaol Tigui.....
En Octobre, 2017 (18:02 PM)Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)http://afriquedirect.com/scandale-francafrique-plus-de-400-milliards-d-euros-seraient-verses-a-france-annee/
Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)https://youtu.be/V7_MtxxWIf4
Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)Anonyme
En Octobre, 2017 (00:10 AM)Participer à la Discussion