L’eau, la chose la plus précieuse, hante le sommeil de la population dakaroise depuis un mois. Pire, la situation est plus que jamais préoccupante dans certains quartiers. Les gens se promènent avec des bidons pour chercher de l’eau. Ils font des kilomètres pour avoir ce précieux liquide. On se pose même la question de savoir si Dakar est effectivement une presqu’île entourée d’eau de tous côtés. En tout cas, ce qui se passe actuellement a métamorphosé notre République de la Téranga en « terre-hangar » où l’eau est devenue aussi rare que les cheveux sur la tête d’un chauve.
Boire à Ouest Foire, une croix
Dans le quartier Ouest Foire de Dakar, à quelques encablures du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), le seul sujet de conversation est «l’eau». En fait, depuis le mercredi 11 juin, l’eau est devenue une denrée très rare. La situation est tellement préoccupante pour les habitants que la souffrance a atteint un degré extrême. Pour se rendre à l’évidence, nous avons fait un tour dans le quartier. Une fois sur place, nous avons été surpris de voir des lots de chariots qui transportaient de l’eau à vendre. Pour un bidon de 10 litres, il faut 25 francs, et le baril coûte environ 150 francs. Selon le témoignage d’un habitant étranger qui a requis l’anonymat, «je suis vraiment déçu de cette situation, parce que quand tu coupes l’eau à quelqu’un, ça veut dire que tu es prêt à le tuer. Ça fait déjà quatre jours que nous n’avons pas d’eau».
Une fois dans le quartier, le constat est clair, des habitants qui se promènent avec des bidons à la recherche d’eau durant toute la journée. Si certains attendent patiemment l’arrivée de l’eau, d’autres n’ont pas cette patience. C’est le cas d’une dame, Mme M. I., qui témoigne : «je me suis réveillé à 6 heures pour avoir de l’eau. Je ne dors même plus depuis quatre jours». Si la plaignante-ci ne dort plus, ce n’est pas le cas de Normane, une Centrafricaine qui habite le quartier. «Nous vivons difficilement la situation, car nous avons un enfant avec nous. Donc, quand il n’y a pas d’eau, je suis obligée d’aller à Khar-Yalla pour chercher l’eau.
Aujourd’hui (Ndlr : hier), je suis allée là-bas, j’ai pris un taxi avec des bidons pour aller les remplir. Est-ce que j’aurai toujours de l’argent pour pouvoir continuer à faire ça ?» Mieux, elle trouve que «la situation est trop exagérée» et estime qu’«il faut que l’Etat puisse faire quelque chose parce que nous sommes dans un pays qui n’est pas enclavé». Par ailleurs, d’aucuns incombent la faute à la Sénégalaise des eaux (Sde), société qui s’occupe de cette énergie, qui, selon eux, ne fournit pas d’efforts pour trouver des solutions idoines. Ce qui pousse une habitante à dire : «ils vont nous dire que c’est un problème d’électricité qui fait que les pompes n’arrivent pas à fonctionner. Ça veut dire qu’il y a un manque d’organisation de leur part».
Elle préconise à la Sde de trouver des groupes électrogènes pour alimenter les centrales car, selon elle, «les gens peuvent se passer de la nourriture pendant quelque temps mais pas d’eau, c’est pas possible. Il devrait y avoir des groupes pour alimenter les centrales qui gèrent l’eau». Bidon à la main devant le robinet pour payer l’eau, la jeune fille, l’air triste, lâche : «cette situation nous préoccupe tous parce que le manque d’eau est pire que tout».
Certains vont même jusqu’à décrier la cherté de la facture d’eau et fustigent la Sde : «il faut que la SDE essaye de voir le problème parce qu’en réalité tout le quartier se promène avec des bidons pour chercher l’eau. Alors que quand les factures viennent, il n’y a pas de changement au niveau du prix qui est toujours élevé. Donc, on ne peut pas continuer à payer les mêmes montants et ne pas avoir d’eau, ça nous fait déjà un mois qu’on est en train de traîner derrière l’eau. Cela fait trois jours que je ne me lave pas et ça ne va pas ». En tout cas, une chose est claire dans cette situation, les habitants se disent fatigués de ce problème et lancent un appel aux autorités afin de trouver une solution idoine.
Yoff crie à la soif
Le manque d’eau destinée à la consommation trouble le sommeil des habitants de Yoff, au même titre que d’autres quartiers dakarois. Depuis quelques jours, trouver le liquide précieux relève d’un parcours du combattant. Ainsi, une bonne partie de la population, reste confrontée à une pénurie d’eau potable.
Certains puits comme celui de Diamalaye – qu’on pensait intarissable – ont été pris d’assaut, du vendredi 13 au dimanche 15 juin. Ce qui, à un moment donné, a créé un rang interminable, alimentant les quolibets les plus divers envers la Sde (la Sénégalaise des eaux), cette société qui devait fournir ce liquide primordial. La citerne prise comme lieu de convergence aurait été, selon certains témoins, sur le point de ne plus être en mesure de satisfaire les demandes. Pour répondre à cette demande légitime, dix camions-citernes auraient été affrétés, sillonnant les artères du quartier, distribuant aux populations sorties, armées de bidons dont le volume diffère d’une famille à l’autre.
Yoff a souffert violemment de cette absence d’eau, et les populations Layenne – très croyantes – en appellent à la clémence divine.
Adama M. COULIBALY, Patrick DJOSSOU & Oumar DIARRA
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