PHOSPHATES - Alors que le marché est en plein boom : Le Sénégal et le Togo peinent à produire

Alors que les cours mondiaux sont à leur plus haut niveau, des pays comme le Sénégal et le Togo, riches en phosphate, n’en tirent aucun bénéfice du fait de la crise que vivent leurs sociétés d’exploitation.

L’envolée des prix des matières premières sur le marché international constitue une chance que beaucoup de pays producteurs ont pu saisir pour contrebalancer la hausse des prix des denrées de première nécessité. Une option que, malheureusement, le Sénégal n’a pas pu prendre du fait de la profonde crise dans laquelle se sont enlisé les Industries chimiques du Sénégal (Ics). Un manque à gagner d’autant plus important que l’acide phosphorique atteint sur le marché mondial les plus hauts niveaux de prix, jamais atteint au cours de ces dernières années. Néanmoins, il est, aujourd’hui, permis de retrouver l’espoir, avec les nouveaux développements sur la crise des Ics.

En attendant, ce sont des pays du Nord de l’Afrique, la Tunisie et le Maroc, qui profitent le plus de l’embellie des cours, au point, signale le magazine Jeune Afrique publié cette semaine, que l’Algérie voisine, également bien dotée, veut se placer dans le même créneau.

Pour ce qui est du Sénégal, Jeune Afrique explique que la situation des Ics pourrait s’améliorer très sensiblement dans les prochains mois, avec les 44,5 milliards de francs Cfa injectés par le nouvel actionnaire majoritaire, la société Indian Farmers Fertiliser Co (Iffco). Cet argent frais dans les caisses de la société va permettre à la boîte de «redémarrer les investissements afin de relancer la production», explique le Directeur des Ics, Alassane Diallo, cité dans l’article.

Bloquées par une dette colossale de près de 200 milliards de dollars, les Ics avaient un besoin criard de liquiditer pour retrouver une productivité normale. Et c’est chose faite avec l’intervention de Iffco, même si la longueur des négociations entre l’Etat du Sénégal et les repreneurs a coûté au pays une perte importante de ressources financières. En effet, les Ics, qui représentaient 3% du Produit intérieur brut (Pib) du Sénégal et 10% de ses exportations, étaient considérées comme le fleuron de l’économie nationale. Et la phase difficile que vient de traverser la société s’est répercutée sur l’ensemble de l’économie sénégalaise. Il faut, néanmoins, signaler que des sources nationales estiment l’apport des Ics au Pib à 1%.

Depuis l’éclatement de la crise des Ics en 2006, l’usine fonctionne à la moitié de ses capacités annuelles de 660 000 tonnes. Aussi, l’objectif affiché par le repreneur est, souligne le magazine publié à Paris, «de doubler les expéditions au cours de l’année 2008 et de revenir à la normale en 2009».

Tout comme le Sénégal, le Togo est confronté au même problème de productivité. La nationalisation de cette branche de l’industrie est venue s’ajouter aux difficultés de l’Etat togolais à trouver un repreneur solvable, capable de relancer l’outil de production. Même si la Banque islamique de développement (Bid) et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) ont apporté, conjointement, près de 40 millions de dollars, le sort de la Société nouvelle des phosphates du Togo (Snpt) reste suspendu aux études d’évaluation de la Banque mondiale et du Fonds monétaires internationale (Fmi).