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POINT-CONTRE POINT LA QUESTION DE LA SEMAINE : Samuel Sarr a-t-il payé pour d’autres ?

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POINT-CONTRE POINT LA QUESTION DE LA SEMAINE : Samuel Sarr a-t-il payé pour d’autres ?

La démission de Samuel Sarr doit être suivie de celle du ministre de l'Energie et des Mines et même de celle du Chef de l'Etat, explique Abdoulaye Wilane du Ps. Pour lui, M. Sarr n'est qu'un fusible d'une longue chaîne de responsabilités. Son adversaire du Pds Abdoulaye Diatta de la Cis pense lui que l'attitude de l'ancien Dg de la Sénélec qui s'est déversé sur le Premier ministre Macky Sall est irresponsable. Tous ces deux hommes politiques répondent à la question de la semaine : Samuel Sarr a-t-il payé pour d’autres ?

Abdoulaye DIATTA membre de la cellule Initiatives et Stratégies (CIS) :« De quel coupable parle-t-on ? »

On dit d’un individu qui n’a pas l’aptitude ou les connaissances requises pour émettre un jugement bien fondé, qu’il est incompétent. Comme pour détourner l’attention sur lui, le désormais ex DG de la Senelec, nous a servi ce jugement sans appel, contre toute attente à l’endroit du PM. Ce jugement entre en contradiction flagrante avec celui du Président de la République, qui nous présentait la même personne sous un angle absolument contraire. Ces propos malveillants sont justement à placer dans le contexte de la frustration, du manque de sérénité, qui n’a pas su faire la différence entre ses propres intérêts et ceux de la nation.

Il décoche par la même occasion un tir de barrage contre la CIS, pour tenter de jeter les bases de la culpabilité dans une organisation qu’il n’a jamais pu intégrer. Or si le Président a fait tour à tour de M. Macky Sall le président de la CIS, Ministre de l’Energie des Mines et de l’Hydraulique, ensuite Ministre d’Etat Ministre de l’Intérieur, pour enfin le proposer Premier ministre, on peut parier sans risque de se tromper que cet homme recèle des qualités intellectuelles et morales de bonne facture. Le premier acte posé par l’alternance a été de récupérer ce bien, oh combien précieux que le pouvoir socialiste avait bradé.
M. Macky Sall, actuel Premier Ministre, ayant en charge à l’époque, le Ministère de l’Energie, fit avec beaucoup de rigueur un important travail de redressement et de reprise en main de l’outil. Il réussit à résoudre la difficile équation, qui consistait à résorber, le déficit de production estimé à environ 100 Mégawatts, que le groupe Eliot Hydro Québec était incapable de trouver malgré les énormes concessions que le défunt régime lui avait faites. M. Sall engagea, par la suite, dans la dynamique de la privatisation, avec le groupe Vivendi /ONE, qui, a appris à ses dépens le jeu de yoyo auquel il voulait se livrer avec l’Etat du Sénégal post Alternance.

Dans la même rubrique, il s’est attelé à réhabiliter les centrales C3, C4, du Cap des Biches, d’acheter deux autres centrales de 30 mégawatts, d’envisager la construction de la centrale de Kounoune d’une puissance de 60 Mégawatts. C’est ce faisceau de mesures, en plus de la puissance affectée par Manantali, qui avait permis de placer le Sénégal au- dessus de la parabole de sécurité en matière de fourniture pour réussir à relever le défi de la production et de la distribution de l’électricité. La Senelec a été l’un des secteurs où le régime de l’alternance a fait des progrès notables et incontestables entre 2000 et 2004, mais il a été aussi un des facteurs non satisfaits de la demande sociale qui a précipité la descente aux enfers du Parti socialiste.

Par la faute du patron de cette structure, nous avons vécu le spectre 1999, des problèmes qui ont pour nom : coupures intempestives, délestages, baisse de tension, etc. Au finish, nos appareils électroménagers sont bousillés, nos provisions passent alternativement de l’état solide à l’état liquide, nous exposant à des maladies dangereuses. Nos chefs d’entreprise sont plongés dans la tourmente des délais de livraison, nos élèves, nos étudiants, nos enseignants ne peuvent plus faire leurs travaux convenablement. Nous assistons au retour des groupes électrogènes avec leur cortège de nuisances sonores, de pollution atmosphérique, l’insécurité revient petit à petit dans les quartiers assombris, etc. Depuis l’avènement de l’alternance, aucun chef de service, aucun directeur général, aucun ministre, n’a fait moins que son prédécesseur du Ps. Nous n’accepterons que cela arrive dans le secteur qui nous a valu beaucoup de satisfaction et d’espoir entre 2000 et 2003.

M. Sarr, à la suite d’une hausse des factures, demande aux abonnés, à travers les ondes d’une radio de la place, de dire « Al hamdoulillah » parce que la dernière fois, dit-il, les services de la société qu’il dirige ont procédé à une baisse de 5%, donc une augmentation de 10% est véritablement une aubaine !!! Qui est incompétent ? De qui se moque t-on ? Vous avez innové par une forte motivation des travailleurs, c’est bien, vous avez mis en place un excellent système de recouvrement, rigoureux, c’est encore très bien, mais vous avez négligé la consolidation des acquis en direction des clients. Les incompétents sont des responsables qui ferment les portes de la négociation pour 1,3 milliards de francs au risque de clouer au sol tous les efforts consentis par toutes les franges de la population. La production, la distribution et la qualité du service ont fait défaut à la Senelec, et cela nous porte préjudice au plan des performances économiques et plombe tous les efforts consentis pendant de longues années.

Or, le Président de la République et son Premier Ministre sont résolus à gagner la bataille du développement, à ouvrir au Sénégal, la porte des pays émergents, et l’un des moteurs, qui est la Stratégie de Croissance Accélérée, dont la clef du succès est largement tributaire des performances de la Senelec. A l’heure où les puissances mondiales sont en train de mutualiser leurs forces pour anticiper sur la crise des ressources fossiles, Samuel Sarr aurait dû faire preuve de beaucoup plus de perspicacité, de rigueur afin de permettre au Sénégal de gagner son pari.

Nous avons mis en place les échangeurs, les bus, les cases des tout-petits, les bassins de rétention d’eau, le monde rural attend l’électricité pour une bonne maîtrise des pôles d’émergence agricole. Maintenant, on peut insulter tout le peuple Sénégalais en jugeant son Premier Ministre de la sorte, juste pour occulter son propre fait. En vérité Samuel Sarr n’a pas payé pour d’autres. Et s’il a voulu faire porter le chapeau à un autre, l’histoire et le profil parlent pour cet autre.

Abdoulaye WILANE chargé de communication du Parti socialiste et responsable du Cejecas : «La vocation d’un fusible c’est de sauter»

« Ou bien on est dans un pays organisé avec des principes clairs de fonctionnement et d'administration ou bien on est dans un Etat où règne l'anarchie. M. Samuel Sarr, que je sache, ne s'est pas fait Directeur Général de la Senelec. La Senelec dépend, jusqu'à la preuve du contraire de l'État du Sénégal. Le Président de la République du Sénégal, Chef de l'État, définit la politique de la Nation et la fait conduire dans un gouvernement qui l'exécute sous l'autorité de ce dernier.

Donc, l'application de la politique définie par le Chef de l'État incombe au gouvernement qui dans le cadre de la répartition des rôles, du partage des responsabilités, a un ministère qui s'occupe des grandes questions qui relèvent de l'énergie et de l'électricité en particulier. Sous ce rapport précis, je crois qu'on peut bien comprendre qu'un président puisse, par des mécanismes qu'il a souvent utilisés, amener quelqu'un à le mettre à l'aise, c'est-à-dire il peut éprouver de la gêne à sanctionner négativement quelqu'un mais peut passer par des canaux souvent informels pour suggérer à quelqu'un de se décharger.
Un président, un Premier ministre peut amener quelqu'un à se démettre pour donner l'impression d'être un homme qui sauvegarde son honorabilité. On lui laisse le soin d'avoir l'initiative. Mais ça, c'est pour autant que la personne veuille elle-même se démettre. S'il ne le faisait pas, il peut arriver qu'il soit limogé. Dans le cas d'espèce, je crois bien qu'il s'agit d'une démarche élégante qui a été déclinée en vue d'amener Samuel Sarr à sauver sa tête, c'est-à-dire à poser lui-même l'acte de démission. Cela a commencé par une rumeur qu'on a véhiculée ça et là. D'ailleurs, l'un des collaborateurs politiques du Président de la République dans son cabinet, a dès le lendemain de la démission de Samuel Sarr, indiqué que ce dernier s'en était ouvert à lui sur cette question-là et qu'à l'époque, il l'avait encouragé dans ce sens-là.

Juste pour dire que sur le principe, le départ de Sarr, est normal. C'est dans l'ordre naturel des choses. Il faut aussi ajouter à cela, que dans un gouvernement, il y a des fusibles à des échelons différents. C'est pour l'épargner, c'est pour lui donner de nouvelles chances. Dans le cas d'espèce c’est un fusible qui a sauté. Pour le moment, le fusible qui est au niveau le plus bas de l'échelle politique, c'est le Directeur Général de la Senelec. Après lui, cela devrait être le Ministre de l'Énergie, après, ça devrait même être le Premier Ministre. D'ailleurs, la démission de Samuel Sarr, est intervenue dans un contexte qu'il ne faut pas lire à la va-vite.

Le Président de la République, au moment où Macky Sall était angoissé pour répondre à Idrissa Seck, pour essayer de décliner un programme de célébration de la deuxième année de sa déclaration de politique générale en tant que Premier Ministre, s'est rendu compte qu'il était très mal en point. L'électricité n'est pas fournie convenablement, l'inflation est galopante, l'État du Sénégal est quasiment dans une situation de banqueroute, de cessation de paiement : l'État du Sénégal n'est pas en mesure de payer GTI. Aujourd'hui, le départ de Samuel Sarr nous renseigne au moins sur une chose: le gouvernement était incapable, n'était pas en mesure ou avait refusé de payer à GTI ce qu'on devait. Et c'est pourquoi l'électricité n'était plus fournie en suffisance.

J'ai compris par la suite que Samuel Sarr avait été très amer. Sûrement qu'il ne s'y attendait pas. Certainement, il avait pris goût aux affaires. La Senelec est génératrice non seulement de revenus substantiels, mais elle est également une niche d'emplois. Donc, quelque part, le bonhomme Samuel Sarr avait des raisons d'être amer. C'est pourquoi, il s'en est violemment pris à Macky Sall et au Ministre de l'Énergie. Ce que je souhaite en tant que politique, c'est que ces gens arrêtent de faire dans le chantage et dans l'évocation de manière abusive des dossiers compromettants.

S'ils savent des choses, qu’ils le disent quand il le faut. S'ils savent des choses graves qui sont à l'origine de la torture que la Senelec impose aux citoyens sénégalais, il faut qu'ils clarifient cette affaire. Je n'irai pas jusqu'à dire que Samuel Sarr a payé pour d'autres. De toutes les façons, la vocation d'un fusible, c'est de sauter pour préserver l'essentiel. Dans le cas de figure, c'est le maillon le plus faible qui est sacrifié. J'espère que c'est parce que Wade n'avait pas intérêt à limoger un Premier Ministre. Quand un président va jusqu'à dire de Awa Diop, qui n'a même pas le bac, que si elle avait la licence, elle serait à la place de Macky Sall, c'est une mauvaise note donnée à un Premier Ministre qui plus est Directeur de campagne dans un contexte où le Président a sa cote de popularité qui dégringole.

Ce n'est pas une mince déclaration. Bien sûr, on fait un bon jeu de mots entre Macky et maquillage parce que depuis qu'il est là, le sentiment de crise est la réalité la plus partagée dans ce pays. Dans tous les secteurs, on a la certitude qu'on est en crise. Les secteurs-clés de notre économie sont mis à terre. Le bilan de Wade pour les deux années que Macky Sall a passé au pouvoir se réduit en deux mots : crise, maquillage. J'ajoute,... saleté. Malgré les maquillages pour camoufler les crises, tout est mis à nu par la saleté qui est-là et qui gagne le terrain. Je crois qu'ils doivent ouvrir les yeux. Aujourd'hui, le plus grand fusible c'est Abdoulaye Wade, si nous voulons sauver le Sénégal, nous devrons le faire sauter.



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