La première revue du programme sans décaissement signé entre l’Etat du Sénégal et le Fonds monétaire international (Fmi) portant Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) joue les « prolongations ». Elle se poursuit à Washington où l’argentier en chef, Abdoulaye Diop le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des finances défend ce week-end à l’Assemblée générale du fonds, le dossier Sénégal. Tandis qu’ici au pays, le représentant du Fmi, M. Alex Ségura prolonge ses entretiens avec le ministre délégué Chargé du Budget, Ibrahima Sarr. D’ores et déjà cependant, le Fmi a constaté, un redressement « certain » de l’économie sénégalaise en 2007 par rapport à l’année précédente. Avec un taux de croissance de près de 5%, 4,8% précisément, 2007 a rattrapé 2006 qui a souffert d’une chute de croissance de plusieurs points, peinant ainsi à atteindre les 3% de taux de croissance.
Si le taux de croissance de 5% en 2007 semblait avoir été porté par le secteur des services, notamment les Télécommunications et le Bâtiment et les travaux publics, le Fmi et ses partenaires sénégalais n’ont pas manqué d’observer que le secteur primaire, l’agriculture principalement, a été durement touché l’année dernière. « Des efforts doivent être faits à ce niveau », souligne M. Alex Ségura joint hier au téléphone. Le représentant du Fmi est un fervent militant des programmes de protection sociale. Il note qu’au plan des réformes structurelles induites par l’Ispe, que le « partenaire sénégalais a respecté entièrement les 11 mesures et partiellement la douzième, des mesures qui avaient été recommandées. C’est une performance » à mettre à l’actif des autorités compétentes. Tout comme le Fmi se réjouit de l’éclairci attendu dans la crise des Industries chimiques du Sénégal (Ics) avec le concordat qui vient d’être validé par le tribunal régional hors classe de Dakar et qui devrait aider à une recapitalisation de l’unité ainsi qu’à sa relance. Cependant à côté de ces points positifs, la revue n’a pas pu s’empêcher d’observer des dérapages budgétaires, des retards de paiements, notamment dans le cadre de la dette intérieure et un taux d’inflation légèrement supérieure à la moyenne dans la zone Union économie monétaire ouest africaine (Uemoa). Selon le représentant du Fmi, « il s’agira de régler toutes les factures restées jusqu’ici impayées dues aux fournisseurs de l’Etat ». Pour se faire, il reviendra aux pouvoirs publics de faire preuve d’austérité, notamment en réduisant drastiquement le train de vie de l’Etat, « sans pour autant affecter les projets et programmes sociaux, en reconduisant certainement l’emprunt obligataire », précise M. Alex Ségura. De tout cela, le Fmi et le Sénégal parleront à nouveau en mi-juin prochain. Des sources généralement bien informées renseignent en effet, que la mission de la revue repassera à cette date dans notre pays.
Le « nouveau » Fmi
Par ailleurs, la dimension sociale préoccupe de plus en plus l’institution de Brettons Wood ou à tout le moins la majorité de ses hauts cadres. Le Fmi reste sensible à la situation suscitée par la crise alimentaire qui secoue nos pays, assure M. Alex Ségura. Est-ce la raison pour laquelle il n’a pas été trop critique vis-à-vis des mesures récentes prises par le gouvernement pour faire face à la flambée des prix des produits à grande consommation ? « Nous n’avons pas été trop regardant vis-à-vis des mesures préconisées par le gouvernement du Sénégal, parce que nous avons pensé que dans le contexte actuel, il était compréhensible qu’il agisse sur la fiscalité. Il faut cependant, évaluer l’efficacité des mesures préconisées », répond-il. Selon lui, « s’il faut de plus en plus booster les programmes de protections sociales, il s’agira de questionner la pertinence de certaines subventions ». L’homme pense par exemple qu’il est plus utile de subventionner les transports publics que de subventionner le carburant. Ce qui risque de ne profiter qu’aux riches. Toujours est-il que le Fmi new-look a pour souci la protection des couches les plus défavorisées, fait-il observer.
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