La production de Foyers améliorés (Fa) est généralement une activité essentiellement artisane. Les recherches menées par le projet Foyers améliorés Sénégal (Fasen) ont noté un certain d’obstacles qui empêchent cette filière de jouer son rôle économique et social.
Le secteur de la production de foyers améliorés qui représente une activité génératrice de revenus est caractérisé par une désorganisation tant au niveau de la production que de la commercialisation avec de multiples acteurs dont les capacités sont jugée faibles. Cette remarque est une partie des remarques faites par le projet Foyers améliorés Sénégal (Fasen) au terme d’une étude. Ces mêmes recherches ont relevé «une absence de production de Fa dans un marché caractérisé par une offre faible, une forte demande, un prix élevé tant au niveau de Dakar, des villes de région que du milieu rural». Entre autres obstacles, figure l'absence de mécanisme de financement ayant pour objectif de faciliter l'équipement des ménages en Fa. Selon le document, « la production de foyers améliorés a également souffert des projets dont ATI de l’Usaid et du Progede de la Banque mondiale qui n'ont pas atteint tous les résultats escomptés, notamment en termes de pérennisation de la filière». Pour le document, la demande a toujours été forte sur des types de foyers aux conséquences négatives sur l'environnement (forte utilisation des combustibles ligneux) et sur la santé des populations (fumé) causé par les fourneaux trois pierres en milieu rural et fourneau malgaches qui ont une faible efficience énergétique, sur tout le territoire. Selon Philip Barry, coordonnateur du Fasen, compte tenu de la demande actuellement, la filière de production de foyers amélioré est un marché émergent qui n’est pas bien exploité. À l’en croire, rien que la demande globale pour les régions de Ziguinchor, Saint-Louis et le bassin arachidier en foyers améliorés tourne autour de 150 mille ménages dans un lot de 400 mille sur le plan national. Au marché sénégalais, M. Barry a ajouté la forte demande en provenance de la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau.
Le jeu de cache-cache des Ong «promoteurs»
Le prix du foyer amélioré varie entre 2 mille à 6 mille F Cfa selon la catégorie et pour un coût de production de 1100 Fcfa l’unité. La fabrication de l'outil nécessite essentiellement trois types de matières premières dont la céramique ou terre cuite, le revêtement métallique (tôle) et le combustible. Des matières que les artisans parviennent à sa procurer difficilement à cause de leurs moyens limités. Selon Lamine Samb, potier et céramiste exerçant à Sébikotane, «les acteurs qui gravitent autour de la fabrication de foyers améliorés ne tirent pas leur épingle de… la production à cause de leur manque de moyen». À son avis, «les Ong qui travaillent dans la promotion du foyer amélioré ne jouent pas le jeu». À l'en croire, «ces organisations demandent aux artisans de produire sans pour autant accepter de leur accorder une avance leur permettant de débuter le travail». Lamine Samb voit dans ce cas de figure, une situation obligeant l’artisan à produire à risque parce que, a t-il avancé, «il arrive parfois que l'Ong se désiste après que les foyers améliorés ont été produits». À cela, Mamadou Gamou, forgeron exerçant à Kaolack a ajouté l'absence de moyens dont sont confrontés les artisans. À l’en croire, la seule ligne de crédit qui existait est celle du Progede que la banque mondiale avait mis en place avec la collaboration de l'Um-Pamecas. Selon lui, «aucun n'acteur ne s'est engagé à utiliser cette ligne de crédit qui exigeait un taux de remboursement exorbitant de 12 %».
La filière de la production de foyers améliorés est également caractérisée par l’absence d'infrastructures d'accompagnement facilitant l'activité des milliers d'acteurs qui y évoluent. Selon Lamine Samb qui affirme avoir quarante ans d'expérience, «malgré le nombre important d'artisans qui travaillent dans ce secteur, il n'y a que trois fours destinés à la cuisson des foyers améliorés dont l'un est implanté à Diamniadio, l'autre à Sébikotane et à Colobane». À ces multiples obstacles, Phillippe Barry a ajouté "la cherté et la rareté de la tôle sur le marché local".
Pour pallier ces obstacles et permettre à cette filière de contribuer à la réduction de la pauvreté, le projet Fasen s’est donné comme objectif d’appuyer les artisans pour la redynamisation du secteur. En attendant la réorganisation du secteur, une baisse prochaine du prix des foyers améliorés est annoncée sur le marché en passant de 6 mille à 3 mille F Cfa.
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