À QUELQUES JOURS DU DEBUT DU RAMADAN : Un parfum de pénurie de lait et de sucre dans l’air

Le sucre et le lait risquent de connaître une pénurie au cours du mois de ramadan. C’est ce qu’ont fait savoir l’ensemble des boutiquiers rencontrés hier aux marchés Tilène et Gueule Tapée. D’ailleurs, il y a une légère hausse sur ces produits. La datte, qui n’a pas encore envahi les étals, se vend à un prix inhabituel. Mais l’essentiel des produits consommés durant le ramadan garde un prix standard.

En cette période hivernale, de chauds rayons du soleil pointent à l’horizon. Au marché Tilène, la canicule est étouffante. Cela provoque en cette mi-journée l’infiltration d’énormes bouffées de chaleur qui martyrisent la majorité des vendeurs placés à l’entrée du marché. Ces derniers, baignés par une sueur qui parcourt le long de leur corps, s’éventent afin d’atténuer leur souffrance. Toutefois certains des vendeurs, surtout les ambulants, se trémoussent au rythme du tube de Assane Ndiaye dont les échos proviennent d’une voiture stationnée en face. À l’intérieur, l’ambiance est beaucoup plus mouvementée avec un marchandage qui meuble l’atmosphère sous le doux vent que dégagent les plafonniers. Au passage, les dames, pour attirer la clientèle, la séduisent avec des «Ma sœur», «Ma chérie». Les hommes, quant à eux, nous interpellent avec le refrain «Sister», «Sama djiguène». Pour accéder aux magasins, il nous a fallu forcer un passage entre les étals de légumes, de poisson et de viande. Un vendeur, l’air timide, n’a pas voulu se prononcer sur la flambée des prix qui commence à se faire sentir à une semaine du ramadan. Et, pour  mieux se débarrasser de nous, il nous oriente vers un de ses collègues nommé Modou Mbaye. Ce dernier, plus à l’aise, nous annonce que le lait et le sucre sont en manque. Les deux produits qui sont quasiment indispensables à la coupure du jeûne se font rares à la veille du ramadan. « Il nous faut faire le tour des magasins pour nous en procurer », lance Modou et quelquefois, « le garçon revient bredouille », ajoute son collègue du marché Gueule Tapée, Lamine Sarr. Les jeûneurs devront, pour avoir de succulentes tasses de lait, débourser plus que d’habitude.

Le sac de lait passe de 26.000 à 29.000Fcfa

En effet, le prix du kilogramme de sucre valse entre 650 et 700 Fcfa. Quant au lait, il coûte 3000 Fcfa le kilogramme. Au rythme où vont les choses, il est à craindre, selon Lamine Sarr, qu’il y ait une pénurie de ces deux produits au cours du ramadan. Les vendeurs indexent les grossistes et les accusent d’avoir la manie de stocker les produits à l’approche des grands événements. Des propos réfutés par un des grossistes, Cheikh Omar Ly, qui réfute la hausse annoncée par la majorité des boutiquiers rencontrés. Contrairement à ce que disent leurs clients, Omar Ly avance un prix de 26 000 Fcfa pour le sac de lait au lieu des 29 000 Fcfa annoncés. Il est d’ailleurs le seul à ne pas sentir le manque. Beaucoup de boutiquiers ont, à en croire Fallou du marché Gueule Tapée, arrêté de vendre le lait et le sucre du fait de leur inaccessibilité.

La datte pas encore disponible

L’autre produit qui commence à subir une hausse est la datte, le premier aliment que le jeûneur met à la bouche à l’heure de la rupture. La datte passe de 1000 Fcfa à 1200 voire 1600 Fcfa. Mme Ly qui a l’habitude d’acheter le fruit qu’elle met habituellement dans ses repas fustige le comportement des vendeurs et dénonce : «Cette hausse va continuer jusqu’au mi-ramadan et ils vont reprendre le prix normal afin d’évacuer leur stock avant la fin du jeûne». En plus, on a remarqué que la datte vendue actuellement est vieille et s’est, au fil du temps, appâtée dans le sachet qui l’enveloppe. Pour le vendeur Mamadou Baylo Bâ, son produit est nouveau. Interrogé sur la raison de la flambée du prix, il se contredit et explique que le produit n’est pas encore sur place. C’est pourquoi, selon lui,  les ventes ne se font pour le moment qu’à la pesée. « Mais d’ici une semaine, nos fournisseurs vont nous emmener nos commandes », confie Baylo Bâ. C’est le même discours que nous sert Cheikh Sène qui, pour sa part, espère recevoir sa commande aujourd’hui.

Hormis ces trois produits, les autres qui sont généralement utilisés durant le ramadan ont gardé le prix standard, surtout le riz qui est en abondance sur le marché. De ce fait, les Sénégalais pourront consommer leur « céebu jën » traditionnel  accompagné de salade de fruits bien aromatisés sans avoir à dépenser plus que d’habitude.