RECAPITALISATION DES ICS - Le pourrissement

Comme on le craignait, le gouvernement a réussi son coup, celui basé sur la stratégie de pourrissement dans le dossier des Ics (Industries chimiques du Sénégal). L’entreprise est placé sous perfusion depuis septembre 2006 qu’elle a repris ses activités, le temps que le souffle électoral mobilise les énergies ailleurs (on y est), malgré le retour à de meilleurs sentiments des indiens pour la recapitalisation de la boîte.

Elles n’en ont cure, les autorités sénégalaises. Du moment que l’entreprise arrive à maintenir un tant soit peu la tête hors de l’eau dans une dynamique de survie que ses seuls hommes et femmes déploient quotidiennement, les Industries chimiques du Sénégal(Ics) ne sont plus une priorité pour le gouvernement. L’ont-elles jamais été, d’ailleurs. Entre-temps, le dossier des Ics a été trimballé de conseil d’administration en réunions interministérielles, en passant par des négociations indiennes souterraines et en surface sur fonds de menaces de dépôt du bilan, avant de finir dans l’anti-tunnel dont il ne devine que le bout. Et toujours pas de recapitalisation.

Cette recapitalisation si indispensable pour la restructuration et que l’on a tant attendu des partenaires indiens qui, forts de leurs position d’interlocuteurs privilégiés, ont voulu dans un premier temps avoir le beurre, l’argent et… les phosphates de Matam. Ces partenaires seraient déjà revenus à de meilleurs sentiments sur ces exigences et prêts à s’engager dans la recapitalisation des Ics. Seulement, le gouvernement, depuis longtemps, n’a plus le temps des Ics. Le temps, il est à la campagne électorale qui servira sans doute de linceul pour les Ics que le gouvernement électoral utilisera certainement comme bannière de promesses.

Pendant ce temps aux Ics, on s’évertuera de suer et faire ce qu’on peut pour maintenir la boîte à flot, comme c’est le cas actuellement à la faveur du retour de confiance de certains créanciers comme les fournisseurs avec qui des aménagements sont trouvés.

Du coup, le site d’engrais de Mbao est en activité, de même que la mine de Mboro et celle de Darou 2, tandis que Darou 1 est toujours à l’arrêt depuis un an et devrait redémarrer courant février 2007, alors que la mine de Taïba qui devrait faire 6000 tonnes n’en ferait que 2 à 3000. Mieux, de sources proches de l’entreprise, on apprend que le chiffre d’affaires prévu pour cette année tournerait autour de 200 millions de dollars soit environ 100 milliards de FCfa. Un chiffre d’affaires qui pourrait certainement être plus intéressant si l’entreprise était en mesure financièrement de profiter des facteurs marché actuellement très favorables eu égard au prix de l’acide qui a grimpé alors que celui du soufre a baissé.

Aussi, si la situation s’est ainsi améliorée aux Ics avec au passage des salaires qui tombent tous les mois, il reste que le problème de sa restructuration effective demeure réel et est sujette à la recapitalisation de l’entreprise, condition sine qua non, faut-il le rappeler. La dette bancaire qui est la plus importante est toujours sur la table et elle constitue un énorme boulet au pied des Ics, sans compter le renouvellement des outils et autres pièces de rechange. Des impératifs que les politicards ne peuvent se permettre de sacrifier sur l’autel d’un quelconque fauteuil électoral.