RECAPITALISATION DES ICS : Un énième scénario pondu à Paris

A Paris, où elles se sont retrouvées du 09 au 11 décembre dernier en Conseil d’administration, les parties sénégalaise et indienne d’Iffco se sont quittées avec une énième proposition par ce dernier qui a revu ses exigences à la baisse pour la recapitalisation des Ics. 

L’année 2007 va-t-elle donc s’achever sans que les Ics ne soient recapitalisées ? Tout porte en tout cas à le penser puisqu’on est reparti sur un nouveau schéma de recapitalisation. Rarement, dans la vie du pays, la recapitalisation d’une entreprise aura été aussi rocambolesque que celle des Industries chimiques du Sénégal(Ics). Il y a de quoi en lasser plus d’un sénégalais, mais certainement pas les milliers de travailleurs des Ics qui n’en peuvent pourtant plus d’espérer une issue heureuse mais surtout rapide à ce dossier qui, n’en finit pas non plus de valser entre moult revirements. Le dernier en date remonte aux 09-11 décembre 2007 à Paris où, le Conseil d’administration de l’entreprise s’est réuni, dans un contexte « Roullier » du nom du nouveau partenaire français pressenti et annoncé il y a peu (le mois dernier) par le gouvernement dans le cadre de la recapitalisation des Ics. Mais sur la table du Conseil, un nouveau scénario a été déposé par les indiens d’Iffco (Indian farmer fertiliser cooperative limited), décidément incontournables.

Ces derniers ont ainsi accepté d’engager 200 millions de dollars (environ 91 milliards de FCfa) dont la moitié serait injectée dans le capital et l’autre moitié servirait à financer un plan triennal d’investissement. On est loin des 80 millions de dollars proposés initialement par les indiens.

L’information donnée par l’hebdomadaire Jeune Afrique dans son dernier tirage, ne dit pas pour quelle part du capital mais recoupée auprès de sources proches du dossier, il apparaît que c’est pour prendre 75% du capital au lieu de 51% comme annoncé auparavant.

Selon ces mêmes sources, 15% du capital reviendraient à l’Etat sénégalais alors que les 10% restants seraient dévolus à un autre partenaire… Celui-ci pourrait être les marocains du Groupe Charaf Corporations, ou alors le Groupe français Roullier qui, il y a peu, était plutôt sur la sellette, allant même jusqu’à proposer de mettre 143 millions d’euros (94 milliards de FCfa environ) sur la table de la recapitalisation pour une majorité dans le capital, en plus d’autres « bonbons » qui avaient bel et bien alléché l’Etat sénégalais.

Il faut rappeler que les indiens d’Iffco, touts puissants partenaires et principaux sinon uniques clients pour l’acide des Ics, ne le voyaient pas de cet œil et ont pesé de tout le contrat annuel d’un volume de 550 000 tonnes d’acide phosphorique qui le lie aux Ics et qui court jusqu’en 2011. Egratigné par la plainte qui lui pendait au nez et que les indiens menaçaient de porter contre lui, l’Etat sénégalais a dû tempérer son ardeur et revenir à la table de négociations et Roullier de revoir ses ambitions à la baisse, même si le troisième partenaire, à la lumière du schéma proposé par Iffco, récolterait tout de même l’engrais et Senchim.

Toujours est-il qu’aujourd’hui, les indiens d’Iffco qui, jusque-là plastronnaient et exigeaient des créanciers de l’entreprise l’abandon de 50% de l’énorme ardoise de 200 milliards de FCfa, sans doute ébouriffés par cette effervescence de prétendants, sont désormais plus conciliants et ne tirent plus sur la corde.

Les créanciers pourront désormais prendre langue avec les actionnaires pour étudier les voies et moyens d’un éventuel rééchelonnement de la dette, pour peu qu’un avenant intervienne entre Iffco et l’Etat sénégalais. Mais ce serait sans doute pour 2008, si toutefois un énième scénario ne vient pas gripper la machine qui ne tourne plus qu’à 25% de ses capacités.