Lancée en mars 2025 par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, la réforme dite “ONU 80” amorce un tournant stratégique majeur dans la gouvernance et les priorités de l’organisation. L’initiative, qui vise à recentrer 80 % des ressources du système onusien sur des fonctions de consolidation de la paix, de résilience climatique et de transformation numérique, induit déjà des répercussions tangibles, notamment en Afrique où l’organisation reste un acteur de poids, à la fois économique et social.
Premiers signaux visibles : des coupes budgétaires dans plusieurs agences opérationnelles et une réduction significative des effectifs sur le terrain. Dans certains pays, des programmes d’assistance humanitaire, de développement rural ou de santé communautaire voient leur périmètre révisé à la baisse, voire suspendu. Cette contraction de l’engagement financier suscite des préoccupations croissantes dans un contexte où l’aide publique au développement mondiale est en recul, et où les vulnérabilités structurelles africaines restent prononcées.
Pour de nombreux gouvernements et acteurs non étatiques, la réforme interroge non seulement le modèle d’intervention des Nations unies, mais aussi son articulation avec les priorités locales. Les économies africaines, souvent dépendantes de projets soutenus par le système onusien dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’éducation ou l’accès à l’eau, redoutent un désengagement progressif, difficile à compenser à court terme.
Cette évolution s’inscrit par ailleurs dans un environnement géopolitique où les attentes vis-à-vis des institutions multilatérales évoluent rapidement. Si certains saluent une volonté de rendre l’ONU plus cohérente et efficace, d’autres y voient un risque de marginalisation pour des territoires qui n’ont pas encore atteint une capacité d’absorption autonome des besoins sociaux fondamentaux.
En filigrane, le projet “ONU 80” relance le débat sur la soutenabilité des partenariats internationaux, leur répartition des charges, et la place réelle de l’Afrique dans les arbitrages budgétaires mondiaux. À l’approche du 80e anniversaire de l’organisation en 2025, la réforme marque une inflexion structurelle dont l’impact réel sur le continent dépendra largement des modalités de mise en œuvre et de la capacité des États africains à défendre leurs priorités dans un nouvel ordre multilatéral en recomposition.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion