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Economie

SERIGNE MBOUP, PDG DE CCBM ET PRESIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE KAOLACK : « Bientôt nous allons mettre en place une ligne de montage de véhicules »

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SERIGNE MBOUP, PDG DE CCBM ET PRESIDENT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE DE KAOLACK : « Bientôt nous allons mettre en place une ligne de montage de véhicules »

A la tête d’un holding familial qui ne cesse de diversifier ses domaines d’activité, Serigne Mboup, président-directeur général du groupe Comptoir commercial Bara Mboup (Ccbm) revient, dans cet entretien, sur l’histoire de cette grande entreprise et ses ambitions. Egalement président de la Chambre de commerce de Kaolack, M. Mboup explique le rôle que cette ville peut jouer dans le développement du pays et de la sous-région. Cette interview inaugure la rubrique « Soleil Business » qui va recevoir chaque mois un acteur important de l’économie nationale.

Présentation du groupe Comptoir commercial Barra Mboup (Ccbm)

Le groupe Ccbm est créé en 1992. Avant, il s’appelait établissement Bara Mboup. Il a démarré ses activités dans la région de Kaolack, en 1960. Je suis entré dans l’entreprise en 1983 pour appuyer mon père. Je suis resté jusqu’en 1992, année du décès de mon père. C’est à partir de 1992, après le décès du vieux, que nous nous sommes organisés pour créer une société familiale. Au début, nous travaillions dans l’informel, comme disent beaucoup de personnes. Je ne le vois pas sous cet angle, parce que pour moi, l’informel n’existe pas. Celui qui fait de l’informel ne sait pas ce qu’il veut ou cherche. Notre ambition à l’époque était de bien l’organiser (informel) parce qu’avec de l’informel, nous pouvons gagner de l’argent et ne pas réaliser quelque chose d’important. Cela a beaucoup évolué. Aujourd’hui, nous avons scindé notre groupe en six pôles alimentaires de supermarchés. Nous avons commencé par vendre des produits en gros mais, en ce moment, nous avons changé en créant des lignes de franchises. Les activités alimentaires ont été aussi scindées en deux entités. Nous avons des produits que nous importons comme « Baralait ». Il y a un pôle qui gère les produits électroniques et « Samsung » avec une usine de montage de téléviseurs. Dans ce pôle, il y a trois sociétés : celle de production qui s’appelle Ccbm electronics, un réseau de distribution digital avec comme objectif de le franchiser. Mais, pour le moment, ce réseau est géré au sein du groupe. L’autre activité développée par le groupe est l’automobile. Démarrée en 2006, le groupe automobile est scindé en quatre unités autonomes. Il s’agit de l’espace auto qui commercialisait tous les véhicules. Même si, aujourd’hui, cet espace ne s’occupe que de la vente des voitures de marques chinoises. Il y a aussi Ccbm automobile qui s’occupe de la vente de voitures de marques allemandes. Nous avons, dans cette lancée, des taxis que nous allons remettre aux chauffeurs qui paieront après en respectant les engagements pris. Bientôt, nous allons mettre en place Ccbm industries qui sera une ligne de montage de véhicules. Il s’agit de pick-up, de véhicules qui seront montés au Sénégal dès l’année prochaine. Les activités du montage seront accompagnées par un pôle logistique qui se chargera d’acheminer les produits primaires et les distribuer à nos clients. A ces pôles, s’ajoutent une agence de voyage Ccbm, l’immobilier, sans compter la construction des centres commerciaux. Il y a aussi le département de l’agriculture que nous n’avons pas évoqué. Pour éviter aux populations d’acheter du riz à l’étranger, nous sommes en train d’investir avec des partenaires au niveau de la vallée du fleuve Sénégal pour régler la question de l’autosuffisance alimentaire, avec une commercialisation du riz dans toutes les localités du Sénégal. Le groupe Ccbm est organisé en départements avec un directeur général de pôle, et dans chaque société, il y a un directeur général qui gère sa structure de manière autonome.

Composition du capital de Ccbm

Le capital du groupe Ccbm est sénégalais parce que nous n’avons pas besoin des capitaux étrangers, même si nous avons besoin de partenaires. Mais, pour le moment, nous n’avons pas besoin de financement étranger.

Ccbm une affaire de famille ?

On peut dire que Ccbm est une société familiale mais le management n’est pas familial. Si les deux plus hauts responsables sont membres de la famille, le reste de l’équipe de management est composé de personnes recrutées uniquement sur la base de leurs compétences. C’est une équipe qui travaille ensemble et on ne souhaite pas que ça soit une gestion uniquement familiale. C’est un héritage familial que nous souhaitons, de la même manière, transmettre à notre descendance, mais nous pensons qu’il est important que le management soit confié à des personnes compétentes et rigoureuses. Notre secret c’est de croire en nous. Aujourd’hui, le groupe Ccbm compte 700 emplois permanents mais si l’on y inclue les emplois indirects créés avec le concours de Ccbm on se situerait dans une fourchette de 1.200 à 1.500 emplois.

Cotation de Ccbm à la Bourse

Le groupe n’est pas coté en Bourse parce que ce n’est pas notre vocation. Quand vous cotez une société en Bourse, c’est pour faire appel à des fonds. Aujourd’hui, nous sommes dans la logique de gérer nos propres fonds. Il y a des sociétés beaucoup plus importantes au Sénégal qui ne sont pas cotées en Bourse. La question n’est pas encore à l’ordre du jour dans notre groupe.

Marché de l’électronique

Dans le marché électronique, nous sommes les premiers au Sénégal. C’est vrai qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de structures qui évoluent dans ce domaine mais nous sommes toujours confiants parce qu’avec « Samsung », nous sommes arrivés à nous imposer partout au Sénégal. En matière d’électronique, « Samsung » est devenu le premier fabriquant de télévision dans le monde. Il fait partie des 23 sociétés les plus grandes au monde.

Risques dans l’investissement

C’est vrai qu’il y a beaucoup de risques même si l’on a sa propre marque, mais on ne peut pas garder la création dans un groupe. Les autres groupes peuvent s’inspirer à partir de cette création en mettant sur le marché d’autres choses qui peuvent vous concurrencer. C’est pour cette raison que nous avons pris l’option de diversifier, même si, à un certain moment, il y a des activités qui souffrent au sein du groupe.

Risques dans la diversification des activités

Cela dépend. Notre groupe est composé de plusieurs sociétés dont chacune est gérée séparément de l’autre. L’essentiel est de bien maîtriser ce que l’on fait, parce que dans les pays européens comme la France, il y a des groupes qui ont plus d’une centaine de sociétés mais qui arrivent à s’en sortir. L’important est de bien les gérer. Vous savez, en matière de gestion, on peut rencontrer des difficultés dans la gestion d’une activité mais réussir la gestion de plusieurs activités. C’est pour cette raison que nous ne sommes pas inquiets et nous espérons que cela ne nous arrivera pas.

Hypothèse de malentendus avec l’Etat

Je ne pense pas qu’il y ait des malentendus, parce que si un groupe comme le nôtre emploie des dizaines de citoyens sénégalais, son premier partenaire devrait être l’Etat. Il faut que les gens arrêtent de créer des problèmes qui n’existent pas, parce que nous ne pouvons pas avoir l’Etat comme partenaire et entretenir de relations tendues avec lui. Dans tous les pays du monde, les grandes entreprises ont comme partenaire l’Etat qui est le collaborateur direct de l’économie. En utilisant les ressources de l’Etat, on ne peut qu’être son partenaire, ce qui ne signifie pas que nous sommes partisans du parti politique au pouvoir. La vocation de notre groupe est de développer l’économie. Aujourd’hui, les Sénégalais ont fait confiance à un gouvernement qui dirige l’économie, ce dernier constitue notre partenaire numéro 1. Nous sommes obligés de travailler avec ce groupe pour développer notre économie. Nous sommes une entreprise qui travaille pour développer le Sénégal. Nous n’avons pas le droit de faire la guerre contre un Etat, d’autant plus que notre chiffre d’affaire ne concerne pas l’Etat. Avant que l’on entre dans le marché des véhicules, l’Etat ne représentait même pas 2% de ce chiffre d’affaire. Je salue le pouvoir public qui a soutenu notre groupe en l’impliquant dans beaucoup d’activités et surtout le président de la République qui nous consulte sur plusieurs questions. C’est important pour nous en tant que hommes d’affaires de ce pays. C’est normal, parce que l’Etat est obligé de discuter avec les hommes d’affaires sur les questions concernant l’économie pour mieux avancer.

Reproches à l’Etat ?

Il n’y a pas de revendications. Mais nous ne tombons pas souvent d’accord sur certains points. Nous essayons toujours de convaincre le gouvernement en lui demandant de soutenir le privé, parce qu’il y gagne. Comme disent les Asiatiques, « il faut entretenir la vache qui vous donne du lait ». Nous sentons que 80% du budget de l’Etat provient des entreprises ou des sociétés privées, parce que toutes les sociétés publiques sont en déficit et n’apportent pas grand-chose à l’Etat. C’est important que nous discutions avec l’Etat, même si nous ne tombons pas souvent d’accord sur certains points. Mais c’est normal que nous discutions. Actuellement, le président de la République a un esprit d’ouverture en écoutant tout le monde. Ce qui est bien pour les hommes d’affaires sénégalais qui, il faut le dire, accompagnent des fois le chef de l’Etat dans ses voyages, parce que l’objectif de l’Etat est de collaborer davantage avec les chefs d’entreprises pour, ensemble, essayer de développer l’économie.

Présidence de la Chambre de commerce de Kaolack et politique

Si je veux faire de la politique personne ne peut m’empêcher de le faire. Mais ma place ne se trouve pas dans la politique, parce que je veux dire ce que je pense de manière claire et ternir mes engagements. En politique, il y a des contraintes qui peuvent faire que le politicien ne respecte pas ses engagements. J’ai choisi la chambre de Commerce de Kaolack parce que je suis né dans cette région. En plus de cela, j’ai constaté que Dakar, qui est une ville enclavée, risque de prendre tout ce que le pays dispose en économie, rendant la vie difficile et chère dans le reste du pays. A Dakar, le loyer et le transport augmentent de jour en jour. Si l’on continue dans cette lancée, il sera difficile d’investir à Dakar à cause de la cherté de la vie. Je pense que le développement d’un pays, ce n’est pas seulement l’Etat, parce que chacun peut contribuer au développement de son pays. Je veux le faire à Kaolack à travers la Chambre de commerce. La Chambre de commerce a les prérogatives beaucoup plus larges qu’un ministère, parce que le président et ses collaborateurs sont obligés de faire la promotion économique de la ville, d’encadrer les opérateurs économiques, de créer des conditions de travail et de former tous ceux qui détiennent un registre de commerce. Mais cela ne se limite pas seulement au commerce, parce qu’on dit Chambre de commerce d’industrie et d’agriculture. Mais si l’on enlève les entreprises commerciales, industrielles et agricoles, il ne restera rien dans l’économie du pays. Malheureusement, les Chambres de commerce sénégalaises n’ont pas assez de moyens financiers, parce qu’après les indépendances, elles étaient gérées par les politiciens qui ont confondu ces institutions avec la politique, alors que les Chambres de commerce sont purement économiques. A Kaolack, je suis élu par des gens conscients, qui gèrent leur registre de commerce et qui n’ont pas voté pour me faire plaisir. Je pense que le développement de Kaolack, qui est au centre du Sénégal, est beaucoup plus important que celui de Dakar. Développer Kaolack est bénéfique pour les pays de la sous-région, parce que si le Sénégal est enclavé, c’est à cause de Dakar qui est loin par rapport aux autres villes du Sénégal. Je pense que Kaolack peut devenir un centre logistique, ce qui pourrait favoriser plus de compétition. C’est pour cette raison que je souhaite qu’on drague le port de Kaolack qui peut contenir des bateaux de 3000 tonnes. En dotant le port de trois bateaux, nous allons supprimer les camions qui font la navette entre Dakar et Kaolack. En plus de cela, on va faire du port de Kaolack un port sec où il y aura des containers qui partiront au Mali, parce que tout ce que les Maliens prennent au Sénégal est acheminé en containers. Le transport des bateaux va régler le problème ferroviaire, parce que les rails ne sont pas bien exploités. Avec tout cela, nous pouvons proposer aux Maliens de rester à Kaolack pour récupérer leurs containers en faisant moins de dépenses. Ainsi, Kaolack deviendra le plus grand marché de l’Afrique de l’Ouest où on pourra trouver tout ce qui permettrait de créer des zones industrielles, des habitations. Mais la Chambre de commerce ne peut pas faire tout cela, mais elle peut chercher des partenaires à qui l’Etat doit faciliter certaines conditions pour qu’ils puissent investir au Sénégal. Nous travaillons avec l’Etat parce que la Chambre de commerce est une institution publique à caractère privé. Nous sommes engagés à relever le défi de booster l’économie de notre région.

Ccbm dans le secteur des médias ?

Ce n’est pas notre vocation d’investir dans le secteur des médias. Même si nous sommes présents dans le domaine du marketing. Mais c’est différent. On n’a pas besoin d’un média comme moyen de pression puisque nous travaillons légalement.

Qualité décriée des produits chinois

Aujourd’hui, la Chine et les Etats-Unis sont les deux plus grandes puissances du monde. Comment peut-on être la deuxième puissance économique du monde et faire du bas de gamme ? Ce n’est pas possible. Aujourd’hui, les Chinois sont présents partout. La technologie est à la portée de tout le monde. C’est vrai que si l’on se réfère à vingt ans en arrière, les produits chinois étaient du bas de gamme. Tout comme les produits français étaient du bas de gamme si l’on revient cent ans en arrière. C’est la même chose avec les produits japonais d’il y a trente ans. Moi, je ne crois pas à ce discours sur la qualité des produits chinois. Si c’étaient des produits de bas de gamme comme on le dit, je crois qu’ils ne seraient pas bien commercialisés. Il n’y a pas de produits de mauvaise qualité que les Chinois réservent exclusivement pour l’Afrique. Ils produisent en fonction du porteur de prix. Quand on fabrique un produit, on met des options avec des qualités. C’est tout. Donc, ce n’est pas logique de dire qu’il y a des produits de bas de gamme destinés uniquement pour l’Afrique. En Chine, il y a tout. Ce n’est pas pour les défendre. L’avantage de leur économie, c’est d’avoir une offre très diversifiée et pouvant satisfaire n’importe quelle demande. Il y a même des produits plus compétitifs, sur le plan de la qualité, que les produits européens ou américains.

Transfert de technologie

Dans nos partenariats, nous nous sommes déjà engagés dans le sens d’un transfert de technologies. Beaucoup de gens pensent, par exemple, que « Pridoux » est une marque internationale. On a l’ambition, dans l’avenir, de promouvoir cette marque en Chine, aux Etats-Unis, etc., avec des produits africains. C’est vrai qu’il y a quelque chose qui manque un peu dans notre groupe : une direction recherche et développement qui sera chargée de la prospection. Il s’agira, par exemple, de réfléchir sur comment passer de l’importation à la fabrication de postes de téléviseurs. Mais il faut dire qu’en dehors du savoir-faire même, il y a d’autres éléments qui entrent en jeu. Il s’agit notamment de la capacité d’absorption du marché.

Emergence d’un capitalisme sénégalais

Je ne suis pas d’accord si l’on dit que les Sénégalais n’aiment pas prendre des risques en matière d’investissement. Au contraire. Je peux dire que l’essentiel de ceux qui investissent dans le pays sont des Sénégalais. Dans tous les domaines, que ce soit l’immobilier, le commerce ou l’industrie, les investissements privés sont faits par des Sénégalais. D’ailleurs, l’Apix a récemment révélé que la plupart des dossiers d’investissements agréés sont du fait de Sénégalais. Il y a peu d’étrangers. Même s’il faut admettre que nos capacités sont encore faibles. Raison pour laquelle, à chaque fois, on nous demande si nous avons des partenaires. Mais ce n’est pas aux partenaires de développer notre pays. Ils peuvent nous accompagner mais ce n’est pas à eux qu’incombe le développement du Sénégal. Du reste, c’est normal pour un étranger d’être prudent en investissement au Sénégal. Mais un Sénégalais peut investir presque les yeux fermés tout simplement parce qu’il s’agit d’une question de patriotisme économique. Le président de la République encourage les privés nationaux dans ce sens. Prenons l’usine textile de Kahone (Kaolack), si on la redémarre, au début on peut amener des travailleurs indiens ou chinois afin de profiter de leur savoir faire et former des travailleurs Sénégalais à prendre le relais d’ici trois ou quatre ans. C’est différent d’aller prendre un investisseur indien. Il ne va pas rester ici. Il prendra quelques cadres sénégalais à qui il va confier le management. Il ne prendra jamais certains risques. La plupart des sociétés étrangères installées ici comptent dans leurs compétences plus de 90% de Sénégalais. Nous, nous croyons en nous. Le Sénégalais a la réputation d’être intelligent. C’est vrai que nous avons un grand défaut : ne pas suivre notre patron, un problème de discipline. Un Japonais me disait un jour qu’« on n’est pas plus intelligent que vous, mais nous on n’a qu’un seul patron, c’est notre patron ». Mieux vaut avancer et se tromper que de passer tout le temps à discuter comme le font les Sénégalais. C’est une question de culture. Et je pense qu’il est très important de régler ça. Chez nous, chacun se croit être coach. C’est notre défaut. Mais il est généralement reconnu que les Sénégalais sont très intelligents, ils sont respectés à l’étranger et ont souvent fait leurs preuves à des postes de responsabilités au sein des institutions internationales. On peut développer notre pays en collaboration avec tout le monde. Je crois à la capacité de l’homme Sénégalais.

Activités dans la sous-région

On a des activités dans la sous-région où nous disposons des bureaux. Ça demande beaucoup de logistique. Si l’on s’inspire même de Samsung (une entreprise sud-coréenne), elle a la possibilité de s’installer n’importe où, mais ses dirigeants ne procèdent pas ainsi. Ils passent par des bureaux de liaison pour ne pas créer beaucoup de jalousie. Pour nos activités dans les domaines de l’électronique et de l’automobile que nous développons dans les pays limitrophes, nous travaillons avec des partenaires locaux.

Marché de l’automobile

Investir ce marché c’était prendre un peu plus de risques. Le paradoxe c’est que les deux secteurs les plus faciles à financer dans le monde (à savoir l’automobile et l’immobilier) sont devenus plus difficiles à financer au Sénégal. Aux Etats-Unis, même si vous n’avez pas de papiers vous pouvez avoir un véhicule. Il suffit juste d’avoir un compte bancaire et d’être solvable. Mais si l’on veut développer cette procédure au Sénégal, je crois qu’il faut que la législation soit très claire parce qu’actuellement, on pense protéger (avec un excès de garanties) mais on gâte l’environnement. On pouvait faire beaucoup plus de crédits tournants. Comparé à un Américain ou à un Européen, le Sénégalais n’est pas suffisamment endetté. Je dirai même qu’il est endetté aveuglément avec des crédits à court terme. Même si vous prenez quelqu’un qui a un salaire de 300 ou 400.000 Fcfa, il n’est pas endetté à hauteur de 30 millions. Il l’est seulement à hauteur de 3 millions qu’il doit régler en 6 mois ou un an. Et ça c’est très dangereux pour nous. Dans les pays développés on vous laisse s’endetter pour trente ou quarante ans. Avec, bien sûr, des assurances au cas où vous n’êtes plus là. On devrait donner aux Sénégalais qui ont des revenus beaucoup plus de possibilités de s’endetter. La consommation dope l’économie et l’Etat y gagne. L’Etat pouvait subventionner les taux d’intérêts bancaires (actuellement très élevés) et y gagnerait à coup sûr. Il gagne 20% du salaire de chaque travailleur. Les banques demandent beaucoup de garanties et des taux d’intérêt assez élevés parce qu’elles ont peur. Et il faut admettre qu’il y a certains risques. Mais les banques calculent tout cela à travers le taux de rotation.

Présence dans le textile

Mon ambition est de faire redémarrer l’usine de Kahone (Kaolack). Je l’ai dit aux travailleurs. Je leur ai dit c’est vrai que l’Etat vous doit des arriérés parce que Sotexka c’est une usine de l’Etat jusqu’à maintenant. Il nous l’a donné en location de gérance pour l’instant. Aujourd’hui nous pouvons les accompagner avec l’aide de l’Etat. Mais je crois qu’avant de réclamer des arriérés les travailleurs devraient accorder la priorité à retrouver du travail. On a discuté avec eux et ils ont bien compris qu’aujourd’hui, l’urgence c’est de redémarrer l’usine de Kaolack et, probablement, celle de Louga dans les mois à venir. J’aime Kaolack (Ndlr : c’est sa ville natale), c’est pourquoi j’ai investi 500 millions de Fcfa pour voir ce que cela va donner parce que, une fois encore, ce n’est pas un secteur que je connais bien. J’ai fait confiance aux personnes qui m’ont présentées le projet. Je leur ai dit j’investis et je vous laisse carte blanche, c’est à vous de me présenter des résultats et dans six mois on évalue. Aujourd’hui, les travailleurs sont conscients et sont bien disposés à aller avec nous dans ce sens.

Boutiques de référence

C’est quelque chose de très bien car c’est la première fois qu’il y a un projet où l’on vous dit amenez 10% pour être financer. L’Etat participe à hauteur de 60% (10% des actions appartiennent à l’Etat, les 50% constituent un accompagnement sous forme de subvention) et les 40% restants sont pour Ccbm. Mais tout doit être remboursé. Moi j’ai contracté avec l’Etat et même si le gérant de la boutique ne rembourse pas, j’ai l’obligation de le faire à sa place. Au début, on ne réclamait que 10%, mais on a constaté, par la suite, qu’il y a eu des détournements d’objectif. Quelqu’un qui amène un million et à qui on donne 10 millions, mais qui vend tout et disparaît au bout d’un moment pour reprendre une autre activité. Il y a aussi certains qui continuent de payer alors qu’il n’y a rien dans leur boutique. L’objectif de ces boutiques était d’offrir des services de proximité aux populations et de créer des emplois. Toutefois, il y a des personnes qui ne connaissaient pas ce métier et qui le trouvent difficile maintenant. Pire, il y a même qui pensent que ça appartient à l’Etat et de ce fait - comme c’est souvent le cas - ils refusent de payer. On leur a clairement dit que c’est une subvention de l’Etat mais c’est Ccbm qui paie. On a même récupéré certaines boutiques dont les gestionnaires n’arrivent pas à s’acquitter correctement de leurs versements. Nous avions un objectif de 350 boutiques, aujourd’hui, on est à 175. Avant la fin de l’année on va atteindre les 200. C’est vrai qu’à ce moment on aurait dû atteindre les 350 mais compte tenu qu’il y a eu des problèmes, on est obligé d’être plus regardant en demandant plus de garanties ou de voir si la personne est dans une activité. Alors que l’objectif initial était de permettre aux gens de bénéficier facilement de ce financement. Ainsi, nous privilégions maintenant ceux qui ont déjà des boutiques avec des fonds de roulement faibles. Sachant que si on les finance, ils n’abandonneront pas cette activité pour aller faire autre chose. Car pour nous, il ne s’agit pas d’abandonner le projet parce qu’il y a des problèmes, mais on essaie de voir comment le réorienter pour plus d’efficacité. Peut-être qu’on arrivera même à dépasser les 350 boutiques initialement prévues.

Démarrage de Sénégal Airlines

Vous savez bien que démarrer une compagnie aérienne n’est pas une chose aisée. Une compagnie aérienne ne se démarre pas en deux, trois ou quatre ans. Moi, je me dis que même si elle démarre en décembre-janvier, c’est une excellente chose, je dirais même chapeau ! Et je crois que tout est réuni pour le lancement de Sénégal Airlines (Ndlr : dont il est actionnaire). Qu’on soit voyageur ou non, je pense que cette compagnie sera une fierté nationale. Il ressort de notre dernier Conseil d’administration que le directeur général a donné des garanties que la compagnie va démarrer en 2011 et le ministre d’Etat (Karim Wade) l’a confirmé. Pour moi, qu’elle démarre en 2011 ou en 2012 cela n’a pas d’importance ; ce qui est important c’est qu’elle démarre sur de solides bases.



9 Commentaires

  1. Auteur

    Seydina Japon

    En Novembre, 2010 (02:33 AM)
    Tattaguinois de la diaspora cotisons nous pour l achat d une ambulance pour Le village
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  2. Auteur

    Leuz

    En Novembre, 2010 (03:48 AM)
    bravo sergne si tous les senegalais fait comme toie ,notre pays va develloper
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    Auteur

    Bath

    En Novembre, 2010 (06:19 AM)
    Un bon exemple a montrer aux jeunes sénégalais!
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    Auteur

    Rd

    En Novembre, 2010 (08:27 AM)
      <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">   :sn:  :love: 
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    Auteur

    Samara

    En Novembre, 2010 (09:39 AM)
    un travailleur ce mboup
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    Auteur

    Samara

    En Novembre, 2010 (09:39 AM)
    un travailleur ce mboup
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    Auteur

    Samara

    En Novembre, 2010 (09:39 AM)
    un travailleur ce mboup
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    Auteur

    Amamam

    En Novembre, 2010 (11:06 AM)
    bravo mr mboup et félicitations pour les emplois que vous créez
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2016 (13:54 PM)
     :sunugaal: 
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