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Economie

TELECOMS - L’Etat veut vendre ses bijoux de famille : Les (in)quiétudes des cadres de la Sonatel

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TELECOMS - L’Etat veut vendre ses bijoux de famille : Les (in)quiétudes des cadres de la Sonatel

Si l’Etat du Sénégal n’avait plus d’influence sur les décisions du Conseil d’administration de la Sonatel, les conséquences ne se limiteraient pas à une perte de 30 milliards de francs Cfa de dividendes par an. Elles seraient beaucoup plus étendues, et s’étendraient sur le long terme. L’Amicale des cadres de l’entreprise veut inviter à une réflexion profonde sur l’intérêt du pays en la matière.

La volonté exprimée par les autorités sénégalaises de se défaire des actions de l’Etat dans la Société nationale des télécommunications (Sonatel), si elle venait à se réaliser, ferait rater au pays une belle occasion de se placer dans le rang de grandes puissances africaines, dans le domaine des Technologies de l’information et du multimédia. La Sonatel est depuis quelques années, sortie des frontières du pays, pour prendre des parts de marché dans les pays voisins. Si cette politique d’expansion se poursuit, et il n’y a pas de raison objective pour qu’elle s’arrête, l’opérateur traditionnel des télécoms au Sénégal, atteindra bientôt une taille qui pourrait lui permettre de concurrencer demain, les grandes compagnies africaines comme Maroc Telecom, Mtn ou d’autres. Comme le dit justement la secrétaire générale de l’Amicale des cadres de la Sonatel (Ascon), Mlle Solange Bakhoum, «les concurrents de la Sonatel aujourd’hui, ce n’est pas Tigo ou Sudatel quand elle sera là. Non, nos véritables concurrents se trouvent hors du Sénégal ; ce sont ces compagnies qui prennent des parts de marché dans les pays voisins, et essayent de nous confiner dans notre espace, pour nous empêcher de croître».

Si la Sonatel n’avait pas investi au Mali ou dans les deux Guinées, indique le président de la même structure, M. Gaïdy Ndaw, elle aurait perdu le tiers de ses revenus actuels, et environ la moitié de la croissance de la compagnie. Elle aurait donc été dans l’incapacité de reverser à l’Etat, l’un de ses actionnaires minoritaires, les 30 milliards de francs Cfa de dividendes qu’elle lui a versé pour l’exercice écoulé. Les représentants des cadres de la Sonatel s’interrogeaient, il y a deux jours, sur la pertinence d’un éventuel retrait de l’Etat du capital de la Sonatel. Pour eux, cette décision, si elle devait intervenir, entraînerait plein d’inconvénients et aucun avantage pour le Sénégal. Une absence de l’Etat du tour de table de l’entreprise, leader dans le secteur des télécoms, dont la contribution à l’économie du pays est multiforme, pourrait remettre en question la stabilité du pays, celle de la compagnie, et influer de façon négative sur l’avenir des employés de l’entreprise.

ATOUT STRATEGIQUE NATIONAL

Le président des cadres de rappeler que, sur le plan financier, les chiffres indiquent l’importance de la Sonatel dans l’économie actuelle. Dans le Mémorandum qu’ils ont produit pour appuyer leurs déclarations, les cadres rappellent quelques chiffres. La contribution de la Sonatel au Pib a été, pour l’année dernière, de 6%. L’entreprise a généré près de 12% des recettes fiscales et contribué pour plus de 12% au budget de l’Etat. Plus important encore, au-delà des dividendes reversées aux actionnaires, dont l’Etat, la Sonatel contribue pour plus de 60 milliards de francs Cfa au chiffre d’affaires de près d’un millier de Pme sénégalaises, leur permettant de cette manière de lutter contre la pauvreté et le sous-emploi. Il y a, également, les actions sociales que la compagnie mène à travers la Fondation.

Les lecteurs du journal Le Quotidien se rappellent que c’est le 4 février de cette année que le ministère de l’Economie et des Finances a fait publier dans le journal Le Soleil, un avis d’appel d’offres pour des cabinets de consultance susceptibles d’assister le gouvernement dans le processus de privatisation de certaines sociétés nationales (Voir Le Quotidien n°1525 du mercredi 6 février 2008). Dans la foulée, l’avis annonçait l’intention de l’Etat de vendre ses actions dans la Sonatel. Hormis cette annonce, le personnel de la Sonatel déclare n’avoir jamais été informé d’une manière officielle de la volonté de l’Etat de se défaire de ces «bijoux de famille», comme appellent la Sonatel tous les connaisseurs.

Tous font remarquer qu’en voulant sortir de la Sonatel, l’Etat se prive des moyens d’exercer cette dynamique gouvernance d’entreprise qui lui donne la possibilité d’influer sur les décisions d’investissements de l’entreprise. Le mémo des cadres souhaite : «L’Etat doit garder son influence décisionnelle dans la gouvernance de l’entreprise, afin de promouvoir son efficacité en tant qu’atout stratégique national pour les investissements directs étrangers en ce qui concerne les avantages comparatifs». L’autre intérêt est celui de la pérennisation de l’essaimage des Pme sénégalaises grâce aux contrats qu’elles gagnent avec la société. Les cadres pensent qu’«une interruption de cette chaîne de valeur vertueuse les ferait brutalement tomber en faillite avec des milliers de pertes d’emplois à la clef, et surtout, peu d’alternatives réelles pour elles de rebondir dans d’autres secteurs».

En termes de comparaison, les cadres de la Sonatel font valoir que l’Etat français est toujours actionnaire dans le capital de France Télécom. Les rappels à l’ordre de la Commission européenne n’y ont encore rien pu y faire à ce jour. «Le gouvernement français, qui a favorisé l’ouverture du secteur des télécoms à la concurrence dans son pays, préfère payer des amendes à la Commission européenne et garder ses actions dans France Télécom, plutôt que se retirer totalement. Cela n’est certainement pas pour rien», rappelle M. Ndaw. Qui ne comprend pas pourquoi le Sénégal voudrait de son côté, se priver de son atout-maître qu’est la Sonatel.

 



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