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Economie

Thierno Lô : ‘La crise casamançaise est un drame pour le tourisme sénégalais’

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Thierno Lô : ‘La crise casamançaise est un drame pour le tourisme sénégalais’
Dans cette seconde et dernière partie de l’entretien qu’il a accordé à la rédaction de Walf Quotidien, le ministre du Tourisme aborde la question de la Casamance ainsi que son impact sur le développement du secteur touristique. Thierno Lô parle, également, des initiatives prises par son département pour vendre la destination Sénégal. Tourisme et situation de guerre en Casamance

Thierno LO : C’est une question d’actualité qui nous interpelle tous en tant que Sénégalais. Parce que le problème de la Casamance est un problème très douloureux qui dépasse le secteur touristique et qui concerne la stabilité de notre pays. La Casamance est une partie intégrante du Sénégal. Ce sont des fils du Sénégal qui y perdent leur vie. C’est un problème qui date de longtemps, qui aurait dû être pris très au sérieux depuis plusieurs années. Il a commencé avec un fait lié à la déstructuration du cadre de vie du Diola qui avait une longue tradition de culture du riz, qui a vu ses terres irriguées, qui ont été, plus ou moins, prises dans un cycle de non-rentabilité. Ce qui faisait la solidarité de la société Diola et qui a été déstructuré, c’est la culture du riz. Il y a eu, à moment donné, des gens qui sont venus des autres régions du Sénégal, du Nord, que ce soit les fonctionnaires, que ce soit les commerçants qui ont envahi la Casamance. Et cela a créé un phénomène de frustration que nous avons mal géré. Des politiciens, à un moment donné, l’ont utilisé jusqu’à ce que des revendications de déstructuration d’un cadre de vie soient devenues des revendications d’une indépendance et d’une autonomie quelque part. En plus, la Casamance est le grenier du Sénégal. Donc, nous sommes tous meurtris quand nous la visitons. Il faut voir qu’est-ce que nous perdons en facteurs qui pourraient nous emmener vers l’émergence. Donc, c’est douloureux pour tout le monde. Dans le cadre du projet de la découverte des merveilles du Sénégal, j’ai eu à visiter la Casamance. Je me suis rendu au village artisanal où j’ai vu que des pères de famille iraient, sous peu, au chômage. J’ai trouvé qu’ils avaient déjà eu des mesures d’expulsion parce qu’ils n’arrivaient plus à payer leur loyer. C’est un village artisanal qui vit de tourisme. Nous étions dans un hôtel, et nous avons vu un groupe folklorique composé de trente éléments qui faisaient de l’animation. C’est mon directeur des langues nationales et de la promotion touristique qui leur a demandé combien de groupes il y avait. A peu près 300 groupes, lui a-t-on répondu. Et chaque groupe compte 20 personnes. Vous avez là, six mille pères de famille qui vivent d’une activité touristique. Nous avons vu des campements qui ont été vidés. Nous avons vu des populations en détresse tout simplement pour un problème de sécurité au niveau de la Casamance.

C’est un drame aussi bien pour les Sénégalais que pour le tourisme. Toutefois, nous ne sommes pas les seuls à vivre un drame. La France a sa Corse. L’Afghanistan a son problème. En Algérie, on voit des kamikazes. En Espagne, nous avons vu qu’il y a beaucoup de problèmes de sécurité. N’empêche que les touristes qui veulent voyager vont faire le monde.

Nous reconnaissons que le problème de la Casamance est douloureux. Il doit faire l’objet d’un consensus pour que, ensemble, nous puissions nous mettre autour de cette problématique, pour essayer de faire du mieux que nous pouvons pour que la paix revienne en Casamance.

Ce problème ne doit pas être politisé. Nous pouvons nous critiquer, disséquer les segments de l’économie du Sénégal, dire tout ce que nous voulons, parce que c’est cela l’ouverture démocratique. Mais, quand il y a un problème qui concerne la vie des Sénégalais, qui concerne la nation, il y a une conscience citoyenne, il y a une nécessité de se retrouver autour de l’essentiel pour trouver une solution.

Nous, ministère du Tourisme, nous essayons, du mieux que nous pouvons, d’apporter une solution. Mais maintenant, ce problème ne peut pas se régler sans l’apport des pays voisins. Aussi bien la Guinée-Bissau que la Gambie doivent nous aider à trouver des solutions au conflit de la Casamance. C’est un problème que vous tous appréciez au même titre que moi. Et je ne peux que le déplorer et souhaiter que la paix revienne pour le développement de ce secteur.

‘Nous ne sommes pas les seuls à vivre un drame. La France a sa Corse. L’Afghanistan a son problème. En Algérie, on voit des kamikazes. En Espagne, nous avons vu qu’il y a beaucoup de problèmes de sécurité. N’empêche que les touristes qui veulent voyager vont faire le monde’.

‘Caravane des merveilles du Sénégal’

Nous l’avons conceptualisé tout simplement parce que nous avons fait une analyse pour dire que les Sénégalais ne connaissaient pas d’abord leur pays. Cela, c’est d’une part. Deuxièmement, pour que le tourisme soit profitable aux Sénégalais, il fallait l’implication du secteur privé. Troisièmement, nous avons dit qu’il était nécessaire d’avoir une diplomatie touristique pour que nous puissions, notamment avec la presse privée, aller découvrir ce que le Sénégal renferme en termes de curiosité et de merveilleux pour en faire un élément de promotion touristique.

Pour ce qui est du journaliste qui donne l’information, nous voulions l’appeler à discuter, à dialoguer avec nous et à découvrir, pour savoir que la plus petite image, le plus petit mot peut porter préjudice à la destination du Sénégal. Il ne s’agit pas de museler l’information. Il s’agit de demander un traitement pour que nous puissions permettre à ce que des regards se tournent vers la Casamance et éviter d’apeurer les visiteurs qui devraient venir chez nous.

Pour ce qui est du Sénégalais, nous avions envie de lui montrer que le billet qu’il utilise pour aller, par exemple à Dubaï chercher un hôtel, il a un cadre de vie beaucoup plus attrayant ici notamment aux îles du Saloum, en Casamance. Le billet qui l’emmène à Dubaï peut lui permettre un voyage en famille pour aller découvrir son pays parce que les gens ne connaissent pas ce que renferme le Sénégal comme sites merveilleux : touristique, culturel, religieux, écotourisme ; les sites de Dindefélo, le fort de Podor, l’île de Carabane sont énormément de choses que les Sénégalais doivent découvrir pour développer ce que nous appelons le tourisme intérieur. C’est pourquoi nous l’avons appelée la ‘Caravane des merveilles du Sénégal’. Elle est composée des privés, des journalistes que vous êtes, des décideurs dignes et du simple citoyen sur qui nous allons projeter une image pour lui permettre de dire qu’il y a quelque chose d’extraordinaire que vous avez ici à 100 Km au lieu d’aller à Dubaï pour s’enfermer dans des hôtels parce que le climat n’est pas propice. Ou bien, quand vous sortez c’est pour aller à Lafayette acheter quelque chose et revenir au Sénégal. Alors, c’était pour nous l’occasion de discuter avec les hôteliers pour leur dire qu’il faudrait qu’il y ait des tarifs préférentiels pour les Sénégalais pour leur permettre, à partir de leurs maigres ressources, de pouvoir utiliser nos sites hôteliers. En effet, en période de saison, vous avez des comptes d’exploitations, des pertes fixes que vous devez régler. Si les tarifs sont au niveau du pouvoir d’achat du Sénégalais, à partir de ce moment, vous allez avoir un taux de remplissage pour faire face à ces charges et permettre au Sénégalais de passer des vacances parce que nous avons envie de décompresser sinon, on disjoncte. C’est cela l’origine de la ‘Caravane des merveilles du Sénégal’ qui va faire le tour du Sénégal. Et dans cette caravane, ce ne sont pas seulement les sites touristiques qui nous intéressent. Quand nous avons nos ambassadrices de beauté, nos top-model, nos artisans qui sont dans un coin reculé du Sénégal qui sont en train de faire des choses extraordinaires, où vous notez la capacité de création du Sénégalais, nous leur apprenons des choses merveilleuses qu’il faut découvrir et qu’il faut montrer.

Résolution du conflit par Wade

Par rapport au consensus que nous devons avoir, le problème de la Casamance concerne tous les fils du Sénégal et tous les pays limitrophes. Ce n’est ni l’affaire d’Abdoulaye Wade, ni celle de Ousmane Tanor Dieng, ni de Farba Senghor, ni votre affaire, ni la mienne. C’est une affaire du peuple sénégalais, de la sous-région que nous devons prendre ensemble pour que la paix puisse exister dans notre zone parce qu’elle est un facteur de développement.

Maintenant, par rapport à la déclaration d’Abdoulaye Wade (résolution du conflit en 100 jours, Ndlr), c’est une manifestation d’intention. Quand vous êtes en dehors du pouvoir, vous avez des intentions, vous dites que ‘j’ai une solution’, si on me laisse faire, je peux, au bout d’un certain temps, y arriver. C’est valable pour l’économie, mais aussi pour la gestion des conflits. Mais une fois que vous êtes dans la gestion du pouvoir, vous devenez autre. Parce que le pouvoir à l’intérieur a ses règles, ses normes. Et c’est un changement de comportement, c’est une nouvelle vision, ce sont de nouveaux obstacles qui sont traités. À partir d’un moment, il va de soi que les promesses qui ont été faites n’ont rien à voir avec la réalité. Mais, il y a une ambition très forte qui a été manifestée. Nous avons eu les assises de Foundiougne. J’y ai été. Je devais représenter le président de la République parce que j’étais ministre-conseiller à l’époque. Nous avons pu regrouper les fils de la Casamance, les citoyens sénégalais. À partir de ce moment, vous avez noté qu’il y avait vraiment une trêve et que tout le monde pensait que nous tenions le bon bout pour arriver à vaincre ce conflit. Mais dans ce conflit, il y a beaucoup d’intérêts qui sont en jeu. Il y a des intérêts économiques, privés, avec nos frontières poreuses. C’est un problème très difficile et nous devons avoir l’intelligence de le gérer ensemble.

Donc, qu’il dise 100 ans ou trois jours, c’est la volonté qui intéresse et cette volonté est manifeste et ne peut pas être le problème d’Abdoulaye Wade seulement. C’est un problème de tous les Sénégalais. Essayons d’y réfléchir ensemble, de positiver pour que nous puissions trouver des solutions pour le bien-être de la Casamance.

Je suis d’accord avec Madické Niang qui a soutenu que le Sénégal est un et indivisible. Le Sénégal est un pays indépendant depuis 1960, il n’est pas question de procéder à sa répartition. Nous devons mettre tout le poids qu’il faut, toute la force qu’il faut, toute la détermination pour que le territoire sénégalais ne soit pas divisé.

‘Le problème de la Casamance ne peut pas se régler sans l’apport des pays voisins. Aussi bien la Guinée-Bissau que la Gambie doivent nous aider à trouver des solutions au conflit de la Casamance’.

Le rôle de l’argent dans la gestion du conflit casamançais

Wade n’a pas offert de l’argent aux uns et aux autres. Cela veut dire que le problème de la Casamance était lié à des contraintes sociales très aiguës, liées à un chômage. Qu’est-ce qu’il fallait faire ? Dans un premier temps, on a commencé à pousser les jeunes Casamançais à sortir du maquis pour leur faire des projets de développement. Ce qui a été fait. Quand l’Anrac a été créée, c’était pour prendre en charge la solution du problème par le développement. C’est une expérience qui a donné des résultats.

Il y a eu le problème du déminage, l’intégration des jeunes Casamançais, mais cela ne suffit pas ! Il y a d’autres facteurs qui sont à l’intérieur de ce conflit que nous devons prendre en charge. Je vous ai parlé de la porosité des frontières. Tous ces pays qui entourent le Sénégal sont des pays en conflit. Que ce soit ethnique, politique, une mafia qui traverse les frontières, des intérêts qui ont trait au trafic de drogue… Nous avons des pays limitrophes qui ne sont pas encore des Etats forts. Cet ensemble, si vous le mettez, c’est un cocktail. Et cela, le Sénégal est en train de le gérer. Et nous devons le faire avec intelligence. Je reviens sur ma proposition qui consiste à dire : le conflit casamançais ne doit pas faire l’objet de divergence. Il doit faire l’objet d’un consensus pour que nous puissions lui trouver des solutions. Parce qu’il y va de l’intérêt du Sénégal et de la sous-région.

Internationalisation du conflit casamançais.

Je ne peux donner qu’un point de vue. Je ne suis pas porte-parole du gouvernement. Je suis un simple citoyen sénégalais qui donne son point de vue. Je ne suis pas pour qu’on internationalise le conflit de la Casamance. Si internationaliser veut dire l’emmener au niveau des Nations Unies, je suis contre. Je sais que le conflit de la Casamance peut se régler si les Sénégalais arrivent à se mettre d’accord sur la nécessité d’aller ensemble pour trouver des solutions. Si on associe la Guinée-Bissau et la Gambie, nous pouvons, de façon locale, trouver une solution au problème de la Casamance. Je voudrais qu’on s’en arrête à ce stade-là et ne pas internationaliser un conflit qui va durer et prendre des ramifications. Regardez tous les conflits qui ont été internationalisés, ils ont duré pendant de nombreuses années et jusqu’à présent, ce sont des conflits que des gens exploitent d’une manière ou d’une autre. Si on s’y met, c’est bien. Mais, la première chose, c’est qu’il faudrait qu’autour de cette table même, que nous Sénégalais soyons d’accord sur ce consensus. Si on commence à avoir des divergences et des exploitations du conflit entre nous, une minorité - nous ne faisons même pas cent au niveau de cette salle -, si maintenant on y ajoute les politiciens, que chacun l’exploite, nous ne pourrons jamais arriver à bout de la résolution de ce conflit. Il faudrait que chacun regarde quelle doit être sa position par rapport à ce conflit. Et qu’il ait une conduite citoyenne, républicaine d’abord, qu’on s’ouvre maintenant aux pays limitrophes et que les autres qui viennent nous apportent leur concours en termes de possibilité de développement de la Casamance. Nous pouvons nous ouvrir à eux pour essayer de régler ce conflit.

Je ne suis pas un partisan de la prise en charge du conflit par les Nations unies. C’est un point de vue qui n’est pas, peut-être, du gouvernement, mais c’est le point de vue de Thierno Lô en tant que citoyen sénégalais. C’est comme cela que je le vois et je partage le point de vue de Madické Niang.

Satisfaction des doléances des Casamançais

Nous avons été au Cap-Skirring dans le cadre de la ‘Caravane des merveilles du Sénégal’. Le village avait pris feu et il y avait une enquête qui était en cours. Les conclusions n’étaient pas encore disponibles pour savoir s’il y avait une main criminelle ou pas. Mais le Club Med avait accepté de faire les investigations nécessaires. Nous avions pris des engagements. Après une rencontre tripartite entre le Club Med, le ministre de l’Economie et des finances et l’Apix, nous avions promis au Club Med de l’accompagner pour qu’il puisse ouvrir le 14 février. Ce délai a été respecté. Aujourd’hui, le Club a ouvert ses portes, les vols ont commencé à déverser les touristes au niveau de Club et les populations ont commencé à travailler. Cela a été une bouffée d’oxygène pour le Club Med.

Pour ce qui est de l’aéroport, aujourd’hui il commence à desservir. Le Club Med fait aussi Ziguinchor-Cap Skiring et à partir de Dakar. Et nous avons Sénégal Air qui commence aussi à amener des touristes. Donc, nous avions pris cet engagement en attendant que Sénégal Airlines soit là. Aujourd’hui la Casamance est desservie par trois secteurs de transports aériens.

Au niveau du club des artisans, nous avions promis de les associer dans nos foires à partir de la direction de la Pda et des actions de l’artisanat pour que nous puissions les aider à aller à l’extérieur pour montrer leurs productions. Mais également tout ce que la Casamance renferme comme produits artisanaux. Nous avions envisagé de les aider en équipement dont nous avons reçu certains. Nous les avons aidés dans le cadre de cette formalisation en termes d’outils qui va leur permettre de se perfectionner.

Nous avons aussi pris l’engagement de continuer à discuter parce que quand nous avons quitté la Casamance, j’avais laissé le directeur de la réglementation qui y a été une semaine après et a rencontré tous les acteurs. Et qui a déposé ses conclusions. Nous sommes en train d’étudier avec le ministère de l’Economie et des finances et l’Apix, des mesures spécifiques pour développer la Casamance. Cela veut dire que les hôtels qui ont fermé, nous sommes en train d’étudier des possibilités pour qu’ils soient réouverts pour pouvoir capter les jeunes qui y sont, qui sont désœuvrés et qui ne vivaient que de l’hôtellerie.

Donc, la Casamance représente pour nous un intérêt particulier. Malheureusement, il y a des troubles et il faut le reconnaître. Quand nous quittions cette zone, les problèmes de sécurité n’étaient pas comme ils le sont actuellement. Et, pour les gens qui sont en quête de sécurité, vous avez des sites qui parlent de la destination de la Casamance. Maintenant, les touristes font attention parce qu’il y a l’ambassade de la France, il y a d’autres qui lisent par l’Internet et dans les journaux et qui se rendent compte que ce sont des destinations, peut-être, à risque. C’est un facteur handicapant. Mais, toujours est-il que si vous allez au Club Med, vous verrez que le village est rempli, le tourisme commence à revivre.

‘Je ne suis pas pour qu’on internationalise le conflit de la Casamance. Si internationaliser veut dire l’emmener au niveau des Nations Unies, je suis contre’.

Prolifération de maisons de particuliers en défaveur des hôtels dans les zones touristiques

Nous avons été très vigilants à ce niveau. Depuis l’année dernière, nous avons commencé l’assainissement du secteur. Il faut une forte volonté pour le faire parce qu’il est inadmissible qu’un investisseur arrive au Sénégal, prenne des risques, investisse des milliards et qu’à côté un Thierno Lô construise une maison, y met un réfrigérateur et un lit et emmène un rabatteur au niveau de Dakar pour détourner les touristes et les orienter vers cette maison. Vous n’avez pas de professionnel de tourisme, vous ne créez pas d’emploi, vous ne payez pas la taxe touristique et vous hypothéquez l’investissement. C’est pourquoi, avec la commission nationale, notamment avec la police touristique, nous avons pris sur nous d’appliquer les textes, de prendre nos responsabilités et de ne pas regarder la tête du client pour assainir le secteur. L’assainissement du secteur tient à ceci : d’abord il y a le problème de l’environnement qu’il faut régler, il y a le problème de la sécurité et il y a le problème des agréments et de la sécurité au niveau des sites hôteliers, il y a le problème de l’emploi que nous avons vu dans le cadre de nos visites. Des gens qui travaillent dans ces hôtels qui n’ont ni caisse de sécurité sociale, ni contrat, qui sont exploités.

Nous avons vu qu’il y a des problèmes d’insécurité parce qu’il n’y a pas d’extincteurs. Les fils pendent, il y a de l’eau de gauche à droite, vous ne reversez pas la taxe parce qu’il n’y a pas de registre d’enregistrement des entrées et des sorties. Et il y en a qui n’ont même pas d’agrément touristique et qui exploitent. Nous les avons fermés en leur donnant des indications pour des mises à niveau. Et à chaque fois qu’ils auront fait ces mises à niveau, la commission de vérification va venir vérifier. S’ils rentrent dans les normes, on ouvre leur établissement. Dans le cas contraire, on ferme. Nous faisons un tour pour voir quels sont ceux qui ont respecté les arrêtés du gouverneur en termes de sécurité. La commission va aussi commercer à aller dans les régions pour faire le même travail d’assainissement du secteur. Donc, c’est une volonté manifeste du ministère du Tourisme d’assainir les secteurs en prenant toutes nos responsabilités. Je pense que la commission est en train de faire du bon travail parce qu’il y en a qui ont commencé à repeindre, à mettre tout ce qu’il faut pour répondre aux normes. Nous devons veiller à la qualité du service. S’il n’y a pas de bonnes prestations, le touriste qui vient et qui entre dans certains endroits du Sénégal va avoir une mauvaise image du pays au-delà de la concurrence déloyale qu’il y a et il ne va pas revenir. Et la parole qui est portée à l’extérieur est foudroyante. Elle peut tuer une destination. C’est pourquoi, nous avons l’obligation d’essayer de faire en sorte que nous répondions aux standards internationaux. La qualité du service doit être de mise et c’est la voie obligée pour nous d’atteindre nos objectifs. C’est pourquoi, nous déplorons, dans le cadre de nos discours, le fait que dans les autres pays quand vous y allez, vous trouvez vite une école de formation hôtelière. Alors que le Sénégal, depuis les indépendances fonctionne seulement avec une seule école de formation hôtelière. Nous pensons pouvoir décentraliser la formation au niveau des régions pour que les gens puissent avoir des structures de formation hôtelières. Nous avons envisagé aussi, avec la prolifération des écoles de formation, d’harmoniser les curricula pour que l’enseignement soit contrôlé, maîtrisé afin que la qualité des services réponde à ces normes. C’est donc une volonté ferme que nous avons d’assainir les secteurs pour que nous puissions répondre au label international.

Articulation entre le tourisme, l’artisanat, les relations entre le secteur privé et le secteur informel

Vous ne pouvez pas parler de l’artisanat sans parler de tourisme et vice-versa. Vous ne pouvez pas parler de ces secteurs sans un secteur privé fort. Vous ne pouvez pas parler d’économie sans pour autant y introduire un secteur informel qui est une sorte d’économie qui a ses règles de fonctionnement, mais qui apporte de la main-d’œuvre et qui joue un rôle capital au niveau de notre développement économique.

Le président de la République l’a très bien compris en faisant l’articulation. Parce que nous, au niveau de notre ministère, nous ne parlerons même plus de tourisme sans parler d’artisanat. Ce sont deux secteurs qui sont liés. Dans la Stratégie de croissance accélérée, c’est une grappe qui permet de faire la transition entre l’artisanat d’art et le tourisme. Ce sont ces deux segments-là que nous développons. Parce que le touriste qui visite le pays, au-delà des découvertes, il a besoin d’objets. Tout ce que l’on porte vient de l’artisanat. Donc, quand vous voyagez, vous le faites avec l’artisanat en bandoulière. Ces deux sont liés.

Vous ne pouvez pas avoir un secteur touristique sans avoir un secteur privé qui fait de l’investissement. C’est pourquoi, nous avons compris l’articulation. Ce qui fait que quand nous nous déplaçons, nous partons avec le secteur privé pour leur montrer les possibilités d’investissement. Des terres sont en train d’être aménagées et nous disons à nos parents qu’ils peuvent y investir. Mais cela demandait quelque chose à notre niveau de façon pédagogique à savoir qu’il fallait qu’on lève les pesanteurs socioculturelles. Parce que mon parent qui a l’habitude de construire des immeubles, par exemple, au niveau des Parcelles assainies, il les laisse entre les mains des étrangers qui font du trafic de drogue, du proxénétisme. Et quand vous lui parlez de tourisme, il dit : ‘C’est du tourisme sexuel, de vente de drogue, non conforme à mes croyances religieuses.’ Nous lui avons fait comprendre que, dans un hôtel structuré et bien géré, il n’y a pas de vente de drogue. Il n’y a pas de proxénétisme. Il n’y a pas de trafic comme tout ce que nous notons dans les immeubles qui ne sont pas contrôlés. C’est à partir de ce moment qu’il se rend compte, qu’il peut investir dans ce secteur qui peut être un secteur sain. Il peut développer un tourisme religieux en faisant un hôtel à Touba comme on le voit dans les pays islamiques et il peut le développer dans les zones à vocation culturelle et historique. Et depuis que nous avons expliqué cela pour dire que voilà les zones qui ont été aménagées, les pesanteurs socio culturelles sont en train d’être levées. Ils ont commencé à vouloir construire des hôtels à Touba, à Tivaouane et à Ndiassane. En termes de rentabilité, un hôtel à Touba, avec tout ce que vous avez comme Gamou, Magal, prière du vendredi, il a des taux de remplissage. Vous l’avez dans ces localités. Les Sénégalais commencent à s’intéresser à cela. Donc, l’articulation est très claire ; ce sont des choses qui doivent aller ensemble. Si vous sortez l’artisanat et le tourisme de l’économie du Sénégal, c’est la catastrophe, c’est la dérive, le Sénégal va disparaître sur le plan économique.

‘Le Sénégal, depuis les indépendances fonctionne seulement avec une seule école de formation hôtelière. Nous pensons pouvoir décentraliser la formation au niveau des régions pour que les gens puissent avoir des structures de formation hôtelières’.

Salon International du tourisme

Je crois que c’est depuis 1987 que le Sénégal a organisé le Salon international du tourisme africain. Depuis lors, je pense qu’il n’y en pas eu au Sénégal malgré la position que nous occupons dans la zone ouest africaine en matière de tourisme. Le Salon va nous permettre aujourd’hui d’accueillir les marchés parce que nous avons une longue tradition avec la France. Mais, avec les nouvelles générations qui sont en France, qui ne connaissent pas le Sénégal - parce qu’elles n’ont pas vécu les années de la colonisation, des indépendances -, elles ne sont pas intéressées par cette relation affective pour dire que le Sénégal et la France ont une longue tradition. Non, nous n’avons pas cette relation avec la jeune génération! Elle est en train de vouloir découvrir d’autres horizons. Il faut qu’on ait une offre touristique, qu’on ait des instruments de promotion touristiques pour les capter, pour que leur regard se tourne vers le Sénégal et qu’ils viennent nous voir. Puisque maintenant le marché français s’est détourné de nous, il faut qu’on s’ouvre à des marchés comme l’Allemagne, la Russie, la Chine, les Etats-Unis où nous avons ouvert un bureau à Atlanta, pour essayer de faire en sorte que le flux touristique vienne au Sénégal. C’est le salon du tourisme qui va nous le permettre, parce que nous sommes entrés en relation avec des gens qui ont des carnets d’adresse, avec des tours opérateurs, avec la presse spécialisée pour que les regards se tournent vers le Sénégal.

À l’interne, nous allons développer le tourisme intérieur. Nous allons faire en sorte que tout ce que nous avons comme potentiel touristique, nous puissions le valoriser lors des quatre jours de manifestation où nous allons avoir la sous-région, les tours opérateurs, les agences de voyage, les agences de communication, etc. Et, nous allons faire de l’événementielle pour permettre aux acteurs d’en tirer le maximum de profit. (…) C’est énormément de choses et des taux de remplissage que nous avons pour montrer toutes les facettes aussi bien du Sénégal que de la sous-région. (…) Quand on avait lancé l’idée, les gens avaient taxé certains d’amateurs. Parce qu’un salon, cela se prépare sur plusieurs années. Il faut faire des agendas et des budgets, de la programmation, etc. Nous ne sommes pas dupes. Nous faisons tout cela. Nous nous sommes dit qu’avec les ressources humaines sénégalaises et la capacité du Sénégalais s’il veut aller de l’avant, il peut le faire. Ainsi, ce que des gens ont conceptualisé pendant un an, le comité qui a été mis en place l’a fait au bout de deux mois. Ce qu’il y a d’important dans ce salon, ce n’est pas le ministre du Tourisme qui a dit qu’il faut faire un salon international ; ce sont les acteurs qui ont accepté de le faire en allant dans les commissions pour travailler en toute liberté, sans pour autant qu’on donne des per diem, sans pour autant qu’on aille à Saly. Ils sont restés sur place pour travailler sur place parfois de 21 h jusqu’à 00 h, et ils ont sorti les conclusions. Nous sommes en train de tout faire pour que le salon puisse être une réussite. (…)



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