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Economie

THIERNO LO, MINISTRE DU TOURISME : « Mieux impliquer le privé local »

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THIERNO LO, MINISTRE DU TOURISME : « Mieux impliquer le privé local »

Le département du Tourisme mis en veilleuse au lendemain de l’alternance, peine encore à trouver ses marques. C’est pourtant la tâche confiée à Thierno Lô, Ministre du Tourisme, de l’Artisanat et des Relations avec le Secteur privé et le Secteur informel. A l’heure de la commémoration de la Journée mondiale qui suit le salon TopResa de Deauville, il revient dans cette interview sur les grands axes de la politique touristique du Sénégal.

Monsieur le ministre, quelle est la portée de cette Journée du tourisme du 28 septembre ?

La Journée mondiale du tourisme est la trentième de cette année. Elle se teint au Ghana sur le thème : « Consécration de la diversité ». La diversité, c’est très important. Car, dans ce contexte de la mondialisation, le tourisme est un élément dynamique dans la matérialisation de la diversité parce que permettant le brassage des peuples, la rencontre de différentes nations qui permettent de vivre dans l’échange, la connaissance, la découverte, à travers ce qu’ils renferment comme traditions, aires marines protégés, zones d’expression de culture. C’est cette même diversité qui permet aujourd’hui aux nations de se mettre ensemble pour lutter contre le réchauffement climatique. Au Sénégal, nous envisageons de partager avec l’ensemble des acteurs pour parler du tourisme et de cette diversité. Pour voir comment nous la vivons au Sénégal et comment le secteur se porte, comment il permet de réduire la pauvreté, en quoi il est un facteur d’échange culturel, comment permet-il aux nations de se découvrir, de partager des espoirs, des ressources pour qu’il y ait plus d’humanité, plus de possibilité de vivre en paix.

Vous parliez tantôt de tourisme profitable aux populations, concrètement, qu’est ce qui est fait pour y arriver ?

Vous reprenez exactement la vision du chef de l’Etat qui dit que le tourisme sénégalais doit être profitable aux Sénégalais, parce qu’il considère qu’on ne peut pas prendre nos terres, prendre notre argent et le mettre à la disposition des étrangers. Il s’agit pour lui de favoriser une préférence nationale, bien qu’il soit un libéral et qu’il croit à l’ouverture des frontières, au brassage des peuples. Il veut que les nationaux, les privés sénégalais soient associés au tourisme pour être des acteurs de développement. Deuxième volet de la vision du président Wade : il croit à un tourisme sain. Cela veut dire qu’à la place du tourisme considéré comme source de pédophilie, de proxénétisme, de prostitution, de toutes les tares et déviances, il veut un tourisme sain, un tourisme haut de gamme, un tourisme qui permet de découvrir ce que le Sénégal a comme potentialités, ce que le Sénégal a comme patrimoine historique, culturel et religieux, les merveilles que le Sénégal peut vendre comme les pyramides d’Egypte, les reliques de la Grèce antique, etc. A l’image des sites culturels comme Touba, Tivaouane, des zones comme les chutes de Déndifélo, les mégalithes du Sine Saloum, des sites historiques comme Dékheulé, la case des tout petits, etc. Il en est autant des aires marines protégées et des réserves, cette nature extraordinaire que nous pouvons vendre grâce à de bons supports de communication touristique. Nous y travaillons au niveau du ministère pour essayer, avec l’ensemble des acteurs, de démontrer toutes les facettes capables de susciter la curiosité, autres que le balnéaire que nous devons quand même préserver. Nous savons que, parlant d’hôtels et de belles plages, nous ne sommes pas les premiers de la classe. Mais nous avons autre chose à montrer : c’est la beauté de notre terroir, la richesse du patrimoine historique, de notre tradition, notre « Teranga » qui est à la porte de l’Afrique, l’effervescence intellectuelle, culturelle, le legs d’hommes de valeur comme Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor, Blaise Diagne, Lamine Guèye, Me Abdoulaye Wade...

Le potentiel touristique du Sénégal reste donc encore largement inexploré. Qu’est ce qui est concrètement fait au niveau du département pour vendre la destination ?

Concrètement, nous essayons de mettre en pratique l’idée que président de la République a du tourisme. Si vous vous souvenez, il a récemment parlé de la nécessité de prendre des architectes pour conserver la case traditionnelle sénégalaise, la case en paille. C’est un patrimoine culturel, comme ces maisons en argile, ces formes de vie que les gens ne retrouvent pas ailleurs. Lorsque nous parlons de patrimoine culturel, historique, nous visons ces choses-là qui font notre tradition et qui ont résisté aux nouvelles technologies, aux différentes agressions de cette implacable machine d’urbanisation. C’est vers ces choses-là que nous devons orienter les nouveaux investisseurs, en les incitant à utiliser les matériaux locaux pour nous créer des projets futuristes et écologiques. Je pense que c’est ce qui nous permettra de conserver notre diversité, ce qu’il y a de plus exotique et de plus naturel par rapport au autres. C’est ça notre rôle, notre intention. Je vous ai aussi parlé des supports de communication. Nous allons, ensemble, en créant un lien entre le ministère de la Culture et celui du Tourisme, travailler sur ces supports qui sont du reste très dynamique, qui vont permettre au Sénégal d’être mieux vendu.

La diversification de l’offre est aussi un de vos chantiers. Qu’en est-il ?

Nous avons, à travers la Sapco, procédé à l’aménagement de zones comme dans le delta du Saloum. Dans la région de Saint Louis où la Sapco a d’importants projets, les études sont en cours. Il s’agit aussi de permettre à ces villes qui ont à la fois une vocation de balnéaire et de tourisme durable, de développer un cachet culturel. C’est le but des aménagements de la Sapco au niveau de ces zones telles que Fatick, Tambacounda, Kédougou, Koungheul, Joal Finio, Pointe Sarène et autres. Ce qui va permettre de développer d’autres destinations que le balnéaire. Nous envisageons aussi de créer une caravane à travers le pays, avec des privés et des journalistes, pour aller montrer les différentes facettes du Sénégal, les merveilles du pays profond ; pour permettre aux Sénégalais de connaître d’abord leur pays et développer ce que nous appelons le tourisme intérieur. Nous avons d’autres leviers comme le tourisme rural que nous allons essayer de développer. Et, il y a une chance inouïe, parce que nos collectivités sont actuellement dirigées par des cadres qui s’intéressent au développement local et qui sont conscients qu’au lieu d’aller vers des zones d’amodiation, il vaut mieux créer des sites touristiques. Le ministère va les motiver pour voir dans chaque contrée, quelles sont les potentialités culturelles, historiques et animalières afin de les encadrer pour en faire des sites à visiter et qui seront gérés par les collectivités locales. C’est çà que nous appelons le tourisme durable et que nous allons développer, en y associant l’ensemble des acteurs.

En matière de promotion de la destination Sénégal, comment évolue la politique de vente à l’étranger, surtout dans un contexte de crise financière et économique ?

Cela me donne l’occasion de parler du TopResa (le 29è salon professionnels du tourisme de Deauville - du 22 au 27 septembre derniers -ndlr), où la destination Sénégal était présente à travers aussi bien les tours operators, les agences de voyages, les syndicats d’initiatives que les privés sénégalais. Nous nous sommes retrouvés et toutes les concertations ont tourné autour du problème de la communication, à travers l’événementiel. Il s’agit d’essayer de mettre ensemble nos maigres moyens pour arriver à des budgets consistants afin d’asseoir la promotion des supports dont j’ai parlé, en plus de l’affichage grandeur nature, des insertions dans la presse spécialisée et des représentations à l’extérieur, autres que les bureaux qui sont très difficiles à gérer avec le peu de ressources dont nous disposons. Il y a des Sénégalais dont l’expérience des milieux professionnels est connue. Nous allons essayer d’en faire des ambassadeurs pour utiliser leurs carnets d’adresses et nous aider à développer le tourisme (...) Il y a un autre évènement qui est la pêche sportive collée au ministère des Sports, mais qui est une activité touristique que nous devons pouvoir développer au Sénégal. Il faut aussi créer des évènementiels au niveau national comme par exemple un festival à l’image de celui de Rio. Nous y travaillons. On est en train de faire en sorte que les standings de nos hôtels soient maintenus en essayant d’étudier les modalités de mise en place d’un fonds de crédit hôtelier, qui permettrait la réhabilitation des hôtels, mais aussi au privé sénégalais d’investir dans le tourisme. Je pense qu’il y a de l’espoir pour la destination Sénégal. Par rapport même à la crise internationale, notre tourisme a pu se maintenir comparativement à des pays comme le Maroc. Nous avons reculé de 2,5 points pour le premier semestre. Néanmoins, tous les professionnels ont reconnu que malgré cette bourrasque, la destination Sénégal a pu résister et qu’il y a de l’espoir pour encore booster le secteur du tourisme qui est le deuxième poumon de notre économie et qui devrait être le secteur d’avenir.

Les acteurs réclament toujours la baisse de la Tva. Où en est-on après les dispositions prises au niveau de l’Uemoa ?

Ça a toujours été une doléance des acteurs. J’ai annoncé récemment aux privés que mon homologue, le ministre d’Etat Abdoulaye Diop m’a dit qua la Tva connaîtra une baisse à partir de la date de mise en application de janvier 2010. Donc, ça va passer avec le projet des finances rectificatives à l’Assemblée nationale et je pense que cette doléance des privés va connaitre une solution à partir de janvier 2010. La nouvelle Tva devrait être de l’ordre de 9 à 10%. Ce qui devrait alléger un peu la cherté de la destination Sénégal. Nous allons avoir un léger mieux dans le secteur. En plus des infrastructures nouvelles, notamment les routes, les hôtels, les investissements qui vont se faire aussi bien à Saly qu’à Ziguinchor, je pense que le Sénégal va être une destination avec un standing « High class » pour happer les nouveaux flux touristiques attendus de la reprise vers 2010.



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