La croissance économique du Sénégal pourrait être en deçà de 4% en 2014 si les autorités atteignent leurs objectifs de réduction du déficit budgétaire, selon Dr. Abdourahmane Sarr, directeur du Centre d’études pour le financement du développement local (CEFDL) basé à Dakar.
Dans une réflexion intitulée « Gérons-nous notre économie aussi bien que nos finances publiques ? », parvenue à APA mercredi. M. Sarr estime que les performances de l'économie sénégalaise continuent d'être faibles par rapport aux ambitions des autorités et des Sénégalais.
« A l'image de ce qui se passe dans la zone euro notamment en France, ajoute-t-il, l'austérité budgétaire est en train de contribuer à atténuer la demande intérieure dans un contexte de baisse généralisée des prix, la déflation ayant fini de gagner le Sénégal ».
Même s'il se félicite au passage de l'atteinte des objectifs des autorités sénégalaises en termes de recettes et de déficit budgétaire au premier semestre 2014, M. Sarr soutient néanmoins qu'elles ne peuvent pas vraiment les améliorer à court terme n'ayant pas les instruments nécessaires de gestion économique.
« Notre salut dépendra du succès des actions de la Banque Centrale Européenne et de leur impact sur l'euro », soutient avec force cet expert.
Pour lui, les autorités sont donc obligées dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE) de revoir à la baisse leurs ambitions d'impulsion de la croissance par la puissance publique.
« Si les investissements publics seront tout au plus catalyseurs d'investissements privés plutôt que moteurs dans un contexte d'austérité budgétaire, pouvons-nous nous attendre à une amélioration du quotidien des Sénégalais dans un proche avenir? La réponse est malheureusement non de notre point de vue », avance encore le directeur du CEFDL.
A ses yeux, il faut mettre les Sénégalais dans des conditions qui leur permettront de découvrir eux-mêmes les secteurs d'activités à investir et les investisseurs étrangers de décoder les signaux correspondants.
« Nous gérons bien nos finances publiques, mais il va nous falloir nous donner les moyens de gérer notre économie pour sortir du cercle vicieux de l'endettement extérieur », soutient M. Sarr.
6 Commentaires
Sciences Po
En Octobre, 2014 (14:16 PM)''C’est ce qui se passe actuellement en Espagne où malgré les efforts budgétaires, le déficit public reste à près de 8%. Cela a un coût social énorme : le chômage atteint 25% », commente Mathieu Plane, de l’OFCE.
Ce débat va au-delà de notre pays, il se pose même pour la pertinence des recommandations du FMI. Ce dernier a fait une découverte : l’austérité a un impact plus sévère que prévu sur l’économie. Après avoir fait boire bien des potions amères, pendant des décennies, à des pays en crise, le Fonds monétaire international semble constater que ses prescriptions n’étaient pas forcément adaptées. On a ainsi pu montrer que le multiplicateur n'est pas de 0,5 mais se situe entre 0,9 et 1,7 dans certains pays...surtout en cas de politique d'austérité. Se fondant sur cette découverte, on est maintenant très prudent avec l'objectif de déficit budgétaire de 3% qui était une cible pour tous les ministres de finances.
Le vrai débat est celui-ci: qui est plus efficace pour relancer une économie en panne: politique budgétaire? ou politique budgétaire? la réponse est dans la connaissance fine qu'on a de l'économie.
C'est dommage que nos compatriotes ne cogitent pas beaucoup sur ces débats d'actualité
Prof Eco
En Octobre, 2014 (14:27 PM)Ce débat est celui de la concurrence ou complémentarité entre politique budgétaire et politique monétaire.
Keynes, mort depuis 1946 est imbattable: il avait raison sur tous
Austérité Inefficace
En Octobre, 2014 (14:36 PM)http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20121009trib000723708/le-fmi-revise-ses-calculs-l-austerite-nuit-beaucoup-plus-que-prevu-a-la-croissance.html
J'm Keynes
En Octobre, 2014 (14:48 PM)Kotch
En Octobre, 2014 (18:06 PM)En Somme
En Octobre, 2014 (22:12 PM)Participer à la Discussion