Une étude trace les voies de réussite de la stratégie d’émergence du Sénégal

Le Sénégal peut réussir sa stratégie d’émergence en s’appuyant, d’une part, sur le marché intérieur via une augmentation des investissements privés et de la consommation locale des ménages, selon une récente étude de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE).

L’étude collective réalisée par M. Issa FAYE, Hamat SY et Diabel DIOP cadres à la DPEE et intitulée « Configuration de la demande et croissance économique au Sénégal » a essayé d’anticiper sur la configuration de la demande qui découlerait de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE), la nouvelle politique économique et sociale du pays.

« D’autre part, ajoutent les auteurs de l’étude, un accroissement des investissements privés permettant de bâtir un véritable tissu industriel afin de booster les exportations peut également faciliter la marche de l’économie vers l’émergence ».

Le diagnostic de la demande qu’ils ont dressé , montre une évolution contrastée de la demande intérieure depuis les années 1990 accompagnée d’une balance commerciale structurellement déficitaire. « L’intervention récente du gouvernement à partir de sa politique de soutien à la demande a permis de stimuler la production locale via la demande intérieure. Mais, le poids des importations reste encore important, tiré, notamment, par les industries lourdes et alimentaires », souligne l’étude. 

Quant à l’analyse de la consommation finale qui représente plus de 90% du produit intérieur brut (PIB), elle montre qu’elle est majoritairement orientée vers les produits locaux, pour des parts de marché respectives de 86%, 70% et 97% dans les secteurs d’origine primaire, secondaire et tertiaire. 

Les auteurs de l’étude relèvent par ailleurs que les résultats de la simulation stochastique à laquelle ils ont procédé, ont montré l’importance d’améliorer la productivité des entreprises pour stimuler la demande intérieure et concurrencer les produits importés. C’est ainsi qu’ ils ont formulé quelques recommandations. « L’Etat devrait promouvoir l’innovation notamment à travers la mise en place d’un système performant dans le domaine de l’enseignement technique et de la formation professionnelle ainsi que dans le domaine de l’enseignement supérieur en renforçant, à ce niveau, les dépenses d’investissements en recherche et développement », notent-ils. 

Figurent également parmi les recommandations, la formation de la main d’œuvre pour une réelle appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication (ce qui permettrait de mieux tirer parti du transfert international de technologie ), le recours par l’Etat à des politiques de protection en recourant à la fiscalité, aux subventions et aux incitations à l’investissement en capital afin de booster la productivité et réduire la concurrence des produits importés. 

Les auteurs de l’étude suggèrent aussi que l’Etat poursuive les efforts visant à mettre en place un environnement propice aux affaires et aux investissements et œuvre à identifier et lever les contraintes qui pèsent sur les entreprises, sans compter l’ accélération de la création de parcs industriels qui pourrait permettre aux entreprises locales d’accroître leur productivité et de contribuer à amorcer un processus d’industrialisation indispensable au rééquilibrage pérenne de la balance commerciale.