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Economie

VIRUS H5 N1: La filière avicole locale est grippée

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VIRUS H5 N1: La filière avicole locale est grippée

Les autorités sénégalaises ont pris des mesures par rapport au mouvement des produits de la volaille, mais ces mesures ont des répercussions sur l’activité économique du pays par rapport à l’importation et à l’exportation. "Catastrophe" ou aubaine pour les acteurs locaux de la filière? Dans le commerce, en tout cas, la "psychose" se traduit par la cessation des activités commerciales liées à la filière et due à la baisse de la consommation.

Reportage.

Les autorités sénégalaises ont certes pris des dispositions au niveau des frontières avec l'arrêt des importations de produits de volaille provenant principalement d’Europe ou d’Asie, pour prévenir les risques relatifs au virus H5 N1. Au niveau du ministère de l’Environnement qui travaille avec les ministères de l’Elevage, du Commerce, on a mis en place tous les moyens nécessaires pour une stratégie de veille au domaine national dans les réserves et zones protégées. C'est en tout cas ce que soutient Thierno Lô, ministre de l’Environnement et de la protection de la nature.

Mais comme on pouvait le supposer, il y a le revers de la médaille et les corollaires sur le plan économique n'ont pas tardé à se faire constater. Ainsi que le confirme le ministre de l’Environnement et de la protection de la nature, "e phénomène de grippe aviaire aura des répercussions sur le tissu économique du pays". Selon le ministre, « le gouvernement sera obligé de dédommager les producteurs de la filière avicole moderne ou traditionnelle si jamais le virus se déclarait au Sénégal, avec les pertes qui en découleraient ». Il se trouve que « la situation financière du Sénégal ne prévoit pas un budget à cet effet et le gouvernement lance un appel aux partenaires étrangers, aux différents bailleurs de fonds pour une prise en charge nécessaire à la situation, pas seulement pour le Sénégal mais aussi pour toute l’Afrique », ajoute M. Lô.

Aussi, si l'arrêt des importations de produits de volaille est favorable au domaine sanitaire, les moins valus sont présents et auront un impact sur le tissu économique, et le ministre indique même que « l’exportation de volaille dont le tissu industriel commence à se développer au niveau de la sous-région, est, elle aussi suspendue ».

Le virus H5-N1 catastrophe ou aubaine pour les aviculteurs

Depuis que la grippe aviaire a pris une ampleur considérable à travers le monde, les acteurs de la filière avicole sénégalaise trouvent leur situation très peu critique. Cependant, si cette situation peut être profitable pour la filière, celle-ci redoute tout de même une crise sur le plan économique à cause de la psychose de la population souvent mal avertie. Du côté de l’Union Nationale de la Filière Avicole (Unafa), une structure présente au Sénégal depuis plus d’une dizaine d’années et qui se bat pour la sauvegarde de la filière, on rappelle que « la filière avicole était mourante depuis 2000 du fait de la présence du Tec (tarif extérieur commun) des pays de l’Uemoa et des accords de l’Omc », indique Idrissa Kama, directeur du complexe avicole de Mbao et président de l'Unafa.

Selon M. Kama, l’importation de la viande de volaille a toujours constitué un frein contre l’élevage de volaille au Sénégal. Cette importation, longtemps favorisée par le Tec « a provoqué une chute vertigineuse des chiffres d’affaire de la filière avicole entre 2000 et 2003 qui jusqu’en 2000 s’élevaient à 25 milliards de FCFA », ajoute M. Kama.

Cependant, il se réjouit que depuis l’apparition du virus, les autorités sénégalaises sensibilisées ont pris conscience de l’effet négatif de l’importation et cherchent des solutions pour sauvegarder de la filière avicole. Dans ce sens, un plan national de lutte et de prévention a été mis en place depuis octobre et l’importation de la viande volaille a été freinée. « Grâce à cette mesure, l’Unafa s’est sentie à moitié satisfaite de cette mesure et qui présente une opportunité pour nous », renchérit M. Kama.

Toutefois, malgré cette opportunité « de réels soucis demeurent concernant les pertes qui peuvent survenir ». L’Unafa se pose la question de savoir « comment ou qui va compenser les pertes animales ou économiques d’autant plus que la moitié des producteurs ont suspendu leurs activités à cause de la peur qui sévit chez la clientèle ». À cet effet, « il faut que les autorités concernées prennent les dispositions nécessaires afin qu’il n’y ait pas de mévente », ajoute le Président de l’Unafa.

Par ailleurs, pour l’Unafa, « l’élevage de poulet de chair, les fermes et les usines de couvoir, tout le secteur moderne avicole qui avait vécu un ralentissement du fait de l’importation massive de la volaille étrangère, se sent à moitié soulagé avec ce mécanisme de prévention et de lutte contre la grippe aviaire et ceci leur permettra de redémarrer les activités comme il le faut ».

Rappelons que l’un des deux principaux axes de la lutte initiée par le gouvernement du Sénégal, en plus de l’arrêt immédiat de l’importation, l’heure est à la surveillance des sites d’arrêt du flux migratoire des volatiles « qui sont des zones à haut risque », d’après M. Kama.

Dans la lutte contre la grippe aviaire, le gouvernement a mis à la disposition du Comité National de prévention et de lutte contre la Grippe Aviaire (Conaga) un apport financier de 550 millions de FCfa pour l’exécution du plan. Cependant, selon M. Kama, « ce plan ne prévoit aucune disposition de dédommagement des pertes d’exploitation au cas où la maladie apparaîtrait ».

« C’est sûr que les ventes vont nettement baisser mais il faut que les populations sachent que la grippe aviaire est exceptionnellement transmissible à l’homme d’autant plus que les habitudes d’élevages sont différentes d’un pays à un autre », souligne M. Kama. Il ajoute que « le contact direct avec l’élément contaminé est à éviter mais aussi chasser tous les oiseaux sauvages qui tournent autour du poulailler aussi bien pour le secteur avicole moderne que traditionnel ». Du coup, pour éviter une contamination, le président de l’union des aviculteurs préconise « d’avertir les vétérinaires et les services compétents ».

Concernant les populations qui sont souvent pauvres, il avance que « la grippe aviaire est une catastrophe pour elles car elles ne disposent pas de moyens de prévention et nous savons bel et bien que bon nombre de sénégalais préfèrent tuer une poule malade, le cuire et le manger, que de jeter à la poubelle ou de l’enterrer ». À cet égard, l’union interpelle l’État pour ce qui concerne la population qui n’est pas très bien avertie.
Pour relancer la filière avicole, l’Unafa insiste en outre sur la production locale « qui bénéficie d’une protection maximale différente des fermes européennes et asiatiques dont la volaille est exposée aux oiseaux migrateurs du genre canards et oies sauvages, ainsi que d'autres qui sont souvent en contact permanent avec l’élevage ». À cet effet, l’Unafa appelle les populations sénégalaises à utiliser la volaille locale qui, affirme son président, "ne présente aucun danger pour l’heure."

Une baisse des ventes

La restauration semble, elle aussi, un tout petit peu paralysée. Plus de chawarma poulet, de hamburger poulet etc. M. Mouhamet Chawi, propriétaire du fast-food, le « Pompidou », observe en ce moment « une certaine vigilance par rapport à la grippe aviaire dont la situation empire de jour en jour », dit-il. Il affirme que « l’approvisionnement en poulet se fait de plus en plus rare et cela est dû au phénomène qui n’est même pas présent dans notre contrée». Malgré cette situation, « je continue de vendre du poulet aux clients qui en demandent, mais les ventes ont néanmoins baissé d’autant plus que j’ai arrêté de vendre du poulet congelé ; en ce moment, j’utilise dans mon menu du poulet local provenant de producteurs de chair, ici même au Sénégal ». Pour M. Chawi, « cette baisse ne se ressent pas de façon effective car les clients ont transféré leur choix dans d’autres produits vendus dans le fast-food ».

Au niveau d’autres restaurants de l’avenue George Pompidou, la même tendance est presque observée notamment à « Adonis », qui ne vend plus de sandwich à base de volaille et même plus de volaille. Au restaurant « Ali Baba », l’on vend des mets à base de volaille, mais pratiquement personne ne l’achèterait pour cause de… grippe aviaire. Si l'on en croit Adama Goudjabi, le responsable du personnel, « nous avons enregistré une perte de plus de 60 % au niveau de la volaille qui est d’ailleurs du poulet du pays ».

 



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