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[FOCUS] École et Covid-19 : Le sort de l'année scolaire en question

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[FOCUS] École et Covid-19 : Le sort de l'année scolaire en question
Quarante-cinq jours déjà perdus par les élèves pour raison de Covid-19, sans compter les quelques mouvements d'humeur notés auparavant. L'année scolaire est-elle menacée ? Les acteurs du secteur éducatif sont plutôt partagés.

Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, le 1er avril, le chef de l'État, Macky Sall, a validé la proposition formulée par le ministre de l'Éducation nationale et son collègue de l'Enseignement supérieur, de prolonger de quarte semaines la reprise des enseignements qui devrait être effective depuis le lundi 6 avril.

Les étudiants et élèves, tous niveaux confondus (crèches, écoles, collèges, lycées, universités et instituts de formation) devront donc rester à la maison au moins jusqu'au 4 mai prochain. Ce, en raison de la maladie du coronavirus qui continue sa propagation dans le pays (278 cas à la date du 11 avril 2020). Une situation qui aura forcément des impacts sur l'année scolaire en cours.

Pour Abdoulaye Fané, Président de l'Union nationale des parents d'élèves et d'étudiants du Sénégal (Unapees), cette suspension est un mal nécessaire. "Nous nous attendions à la prolongation de la suspension pour cause de la pandémie du coronavirus qui interpelle toute la planète", a-t-il dit.

Et de poursuivre : "Nous y adhérons fortement parce que nous avions eu à nous concerter pour demander la fermeture des écoles, avant même que cette mesure ne soit prise le 14 mars par le chef de l'État pour que cette chaine de transmission de la Covid-19 soit interrompue".

S'agissant des conséquences, le patron de l'Unapees estime que le système éducatif, dans son entièreté, est en train de vivre la situation, particulièrement les élèves en classe d'examens. A ce titre, au-delà des "alternatives" trouvées, à savoir notamment les cours en ligne et dans certaines télévisions, il met en avant une autre proposition.

"Nous avions pensé, pour pallier ce gap, que les enseignants puissent préparer des exercices et cours à déposer au niveau des directions des établissements scolaires et maintenant à charge pour les parents d'aller retirer les dossiers pour les remettre à leurs enfants. Comme ça, à la fin de l'année scolaire, tous les élèves partiront à chances égales", propose Abdoulaye Fané.

Saemss : "L'école va payer le plus lourd tribut de la Covid-19"

Pour le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss), Saourou Sène, avec ces 45 jours perdus, le secteur de l'éducation est déjà touché.

"C'est déjà une paralysie du système éducatif. L'éducation fera partie des secteurs les plus touchés par les conséquences de ce Covid-19, pour la bonne et simple raison que même si on essaie de continuer les apprentissages à distance, l'école va payer le plus lourd tribut de cette crise. Plus les choses continuent, plus il y a des inquiétudes dans la validation de cette année scolaire", a-t-il souligné, rappelant en outre que cette situation n'est pas spécifique au Sénégal, tous les pays du monde étant concernés.

Toutefois, à en croire le syndicaliste membre du G7, le sort qui sera réservé à l'année dépendra de la suite après le 4 mai.

"On a encore pris date pour le 4 mai ; d'ici-là, on verra. Si la situation s'arrête, il y a une possibilité de sauver l'année. Mais si tel n'est pas le cas, malheureusement on ne pourra pas sauver l'année. C'est en ce moment-là qu'on pourra envisager ou non une année blanche ou invalide", a précisé Saourou Sène.

Mais si la pandémie a déjà affecté le primaire et le moyen-secondaire, il n'en est pas de même pour le supérieur. C'est du moins ce que semble faire croire le secrétaire général national du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) qui pense d'ailleurs que l'heure doit être d'abord à la sensibilisation pour freiner la progression de la pandémie du Coronavirus dans le pays.

"Ce qui est important pour nous, c'est d'abord de régler le problème de l'endiguement de la Covid-19. Une fois que la maladie est maitrisée, le reste, c'est une question de réaménagement. On pourra envisager toutes les formes de réaménagement possibles du calendrier universitaire et scolaire. Je ne pense pas que les enseignants puissent être contre cela", a déclaré Malick Fall.

Mieux, précise le syndicaliste, les universités du pays fonctionnent à des vitesses différentes.

"Il y a certaines facultés qui avaient fini leur premier semestre et qui avaient même commencé à organiser leurs examens. Au niveau des universités, c'est un système Lmd (Licence-Master-Doctorat) où on fonctionne sur la base de semestres, ce n'est plus un fonctionnement annuel", a-t-il rappelé.

Toutefois, Fall n'a pas manqué de déceler "quelques difficultés", particulièrement avec les nouveaux bacheliers.

"Le problème majeur que nous avions, c'était par rapport aux premières années, compte tenu du retard que nous avions observé suite à la décision prise par le gouvernement d'orienter tous les bacheliers. C'est là où on peut avoir quelques difficultés notamment dans certaines universités", relève le Sg du Saes.

Ministère : "On a l'habitude de gérer de longues grèves"

Du côté du ministère de l'Éducation nationale, l'on se veut rassurant à propos des menaces qui pèsent sur l'année scolaire. Mamadou Moustapha Diagne, Directeur de la Formation et de la Communication du ministère de l'Éducation nationale, a fait croire que les autorités éducatives ont déjà eu à gérer des situations pires.

"Le ministère de l'Éducation nationale a l'habitude de gérer de longues grèves. Presque chaque année, le quantum horaire est agressé par les perturbations issues des grèves des enseignants", a-t-il tempéré. Et d'ajouter : "Nous espérons qu'à partir du 4 mai, on pourra reprendre les cours. C'est à partir de ce moment-là qu'on va évaluer les heures perdues.

Maintenant, s'il y aura besoin de procéder à un réaménagement du calendrier scolaire, nous le ferons".

Diagne de souligner dans la foulée que "dès que les cours ont été suspendus par le chef de l'État, le ministère de l'Éducation nationale a mis en place un dispositif intitulé "Apprendre à la maison" qui est constitué d'un site internet (Éducation.sn) où les élèves peuvent consulter des leçons, des exercices et des corrigés d'examen en format vidéo".

Mais pour les zones dépourvues d'internet, a-t-il précisé, les inspecteurs de l'éducation et de la formation vont imprimer les ressources sur le site sous format papier pour les remettre aux élèves.

Saluant, par ailleurs, les initiatives développées par les télévisions privées, il a également annoncé que la Rts va céder un canal sur la TNT, sur laquelle des cours seront dispensés 24h/24.

"Ne pas se laisser surprendre par les développements ultérieurs"

En tout état de cause, face à cet état de fait qui rend plus complexe la gestion de l'année scolaire 2019-2020, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep) demande à l'État de "ne pas se laisser surprendre par les développements ultérieurs". A ce titre, elle a émis un certain nombre de propositions susceptibles d'aider à la prise de décision.

En effet, pour Cheikh Mbow et ses collègues, il faut d'abord "évaluer le premier moment de fermeture des écoles par un bilan rapide en vue d'apprécier la portée et le taux de couverture des multiples initiatives et offres d'accompagnement des apprenants. Tout dispositif devrait privilégier la mise en place d'un modèle alternatif qui soit disponible, accessible, adapté, accepté et inclusif".

Dans une perspective post Covid-19, la Cosydep appelle à "sécuriser les établissements, en tant que patrimoine, en renforçant les services de gardiennage et en assurant le paiement des factures d'eau et d'électricité".

Toujours dans ce document parvenu à Seneweb, cette plateforme de la société civile invite le gouvernement à "renforcer la protection des enfants vulnérables (apprentis, talibés, enfants mendiants,…), en lien avec les collectivités territoriales, les autorités déconcentrées, le secteur privé local et la société civile".

Mais également à "organiser des concertations inclusives, via une plateforme d'échanges en ligne, facilitée par l'Agence de l'informatique de l'État (Adie), en vue de recueillir toute contribution permettant de construire des plans de sortie de crise en fonction de chaque hypothèse. Cet exercice donnerait plus de visibilité sur les possibilités qui peuvent s'offrir pour rattraper le quantum perdu, achever les enseignements et organiser les examens".


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