Irina BOKOVA sur le projet d'alphabétisation des jeunes filles et des femmes : « Le secret du Sénégal réside dans l'implication de toute la communauté éducative »

Au cours d'une rencontre initiée par le Collectif national pour l'éducation populaire, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, en visite au Sénégal, a indiqué, dans les locaux de l'hôtel de ville de Pikine, que l'Unesco tient énormément au Projet d'alphabétisation des jeunes et des filles (Pajef).

Analysant le succès du Projet d'alphabétisation des jeunes filles et des femmes (Pajef), Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, a soutenu qu’au Sénégal, le secret réside dans l'implication de toute la communauté éducative. Cela, au-delà des canaux administratifs classiques de gestion des questions éducatives (les chefs religieux et coutumiers, la société civile etc.). Elle a déclaré que sa présence à Pikine, dans la banlieue de Dakar, constitue un moment d'appréciation, de valorisation et de reconnaissance de tant d'efforts pour faire avancer la cause de l'éducation. Elle a fait savoir que le Pajef, financé par l'Unesco, en partenariat avec la multinationale Protect and Gramble, connaît un réel succès à l’échelle nationale et internationale. Devant une forte assistance issue de la communauté éducative locale, Mme Bokova a estimé que le ministère de l'Education a réussi un coup de maître avec la responsabilisation des acteurs à la base, permettant aux bénéficiaires de s'exprimer directement.
Après avoir écouté tous les messages, y compris celui du maire de Pikine, Pape Sagna Mbaye qui a sollicité un meilleur accompagnement du Pajef par l'Unesco, la directrice générale de l'Unesco a instruit le bureau de Dakar de se rapprocher du ministère de l'Education, afin que les préoccupations exposées par l'édile de Pikine trouvent une place importante dans la stratégie d'accompagnement du Sénégal par l'Unesco. Il a aussi proposé d'étudier la possibilité de considération du mémorial de Pikine dans le patrimoine culturel mondial de l'Unesco.

Répondre efficacement aux défis
« Personnellement, je tiens énormément au Pajef qui concrétise une approche tripartite (gouvernement, partenaires, société civile) nécessaire pour répondre efficacement aux défis d'une éducation qualitative des jeunes et adultes, intégrant les questions brûlantes que sont l’alphabétisation et l'éducation des jeunes filles », a noté la directrice générale de l’Unesco.
Irina Bokova a indiqué que le Pajef est surtout et avant tout une approche conceptuelle pour rendre plus holistique la vision de l'éducation de base élargie. Dans le même sillage, la directrice générale de l'Unesco a déploré le fait que plus de 75% des analphabètes soient des femmes et que 89% des analphabètes vivent en milieu rural ou semi-urbain.
La directrice générale de l’Unesco a félicité la direction de l'alphabétisation et des langues nationales pour son leadership et encouragé la direction de la Radio télévision scolaire pour tous les efforts de démocratisation de l'accès à l'éducation à travers les médias, ainsi que le Centre national de ressources éducationnelles, de même que la Coalition nationale des opérateurs en alphabétisation.

Des résultats satisfaisants

Au nom du ministre de l'Education, Serigne Mbaye Thiam, le secrétaire général du ministère, Baba Ousseynou Ly, a rappelé que le Pajef a permis, en peu de mois, l'ouverture de 100 classes dans 7 régions du Sénégal avec 3.000 cibles directes. Il a également été procédé au renforcement des capacités d'intervention d'associations communautaires ainsi qu’à celui de 100 maîtres et de 23 superviseurs. Dans la même veine, le secrétaire général a rappelé que, lors de l'évaluation du Pajef, il y a une semaine, par le ministère de l'Education, à travers le département de l'Alphabétisation et des langues nationales, il a été constaté qu'il avait pour résultat principal la lutte contre la pauvreté par l'élévation du niveau d'éducation de la frange de la population la plus importante. 
À ce titre, il a estimé que le niveau d'atteinte des résultats du Pajef est satisfaisant. Car, 92% des cibles ont atteint le seuil souhaité en termes d'acquis scolaires. C'est pourquoi, a-t-il précisé, le souhait le plus ardent du département de l'Education est le renforcement de la collaboration entre l'Unesco et le ministère pour la prise en compte constante des défis, des besoins d'éducation des populations sénégalaises.