Mardi 19 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Education

"J'ai été une mauvaise élève et je m'en suis très bien sortie dans la vie!"

Single Post
"J'ai été une mauvaise élève et je m'en suis très bien sortie dans la vie!"

Ce sont des mots qui marquent, qui enferment: "cancre", "élève médiocre", "manque de motivation"... Pour ceux que l'on considère comme mauvais, l'école devient rapidement une prison, un lieu d'humiliation dont ils ont hâte de sortir. Parce qu'ils ont l'impression de ne pas être compris et acceptés, ils ont dû tracer leur chemin loin des sentiers de l'Education nationale. Malgré les critique et le manque de confiance en eux, certains ont su trouver leur voie faisant démentir les clichés selon lesquels réussite scolaire et intelligencevont de pair.  

LIRE AUSSI>> Comment choisir l'école la plus adaptée à mon enfant? 

Luc, 45 ans: "Je sentais bien que je n'intéressais pas les professeurs"

"Dès le début, ma scolarité a été un chemin de croix. Arrivé en CP, j'ai tout de suite eu plus de difficultés que les autres à apprendre à lire et à écrire. Ma mère en pleurait quand elle voyait que je ne parvenais pas à faire les exercices demandés par la maîtresse ou que je buttais sur chaque mot des textes qu'elle essayait de me faire lire. Très vite j'ai intériorisé cette culpabilité, ce sentiment constant de ne pas être à la hauteur. Cela a fait de moi un enfant renfermé, profondément solitaire. Je m'ennuyais ferme à l'école et je sentais bien que je n'intéressais pas les professeurs. Je trouve que le pire dans le système scolaire, c'est de délaisser les enfants les moins 'performants', les moins solides ou les moins affirmés. 

Cette impression d'être en permanence sur la touche ne m'a pas quitté tout le long de mon chaotique parcours scolaire. Je me souviens des réunions avec les professeurs dont mes parents revenaient abattus, désemparés. J'ai, bon gré mal gré, poursuivi mes études jusqu'à 16 ans. A ce moment là, j'ai senti que j'arrivais au bout de ce que je pouvais supporter. J'ai commencé à faire des petits boulots: serveur, vendeur... Si mes parents avaient sûrement espéré mieux pour moi, ils étaient tout de même contents de voir que je gagnais en autonomie. Vers 25 ans, j'ai fini par réfléchir à ce que j'aimerais vraiment faire. J'avais toujours été quelqu'un de manuel. J'ai décidé de repasser un CAP d'ébéniste. Depuis je travaille dans ce secteur. J'en veux toujours à certains profs qui n'ont pas su me donner confiance en moi, me soutenir, voir mes qualités, préférant se concentrer sur ce que je faisais mal. J'ai toujours dit à mes enfants que ce qui importait dans la vie, c'était de trouver sa voie. Ironiquement, ils sont tous les deux très doués pour les études.  

Magali, 24 ans: "Mes parents étaient terrorisés à l'idée que je 'rate' ma vie"

"A l'école primaire et au collège, j'ai été une élève très ordinaire: ni particulièrement bonne ni complètement mauvaise. C'est au lycéeque les ennuis ont commencé. Je ne parvenais pas à me concentrer sur les cours, je ne voyais pas l'intérêt de rester des heures assise sur une chaise à ingurgiter passivement des choses qui me semblaient parfaitement inutiles, comme les maths ou la physique chimie. Mon dégoût croissant de l'école combiné à une bonne crise d'adolescence a fait que je me suis mise à sécher les cours de manière récurrente. Je ne parvenais tout simplement plus à y aller. Je me levais, j'arrivais devant les grilles et là, le blocage. Je faisais demi-tour. J'ai passé beaucoup de journées à errer un peu sans but: à aller au cinéma, faire les boutiques, à m'abrutir devant la télé quand mes parents étaient au travail. Avertis, ils ont sévi, m'emmenant parfois eux-mêmes en cours.  

Au fond, je pense que je faisais une vraie dépression à ce moment là et que personne n'a su le comprendre, trop focalisés qu'ils étaient sur mes résultats scolaires. Au fond, mes parents étaient terrorisés à l'idée que je 'rate' ma vie, comme si seule l'école pouvait garantir la réussite. Ma mère me répétait que si je n'allais pas en cours j'aurais "un métier inintéressant, comme elle". J'ai finalement passé mon bac L dans une ambiance plus que pesante. Je l'ai eu à peu de chose près. Aujourd'hui je travaille dans la vente dans une pâtisserie. A force de regarder le travail des pâtissiers, je me dis que cela pourrait me plaire. Je pense à faire une formation dans ce secteur mais l'idée de retourner en classe me rebute. On verra bien. Je trouve en tout cas dommage que l'on oblige les élèves à suivre aveuglément un programme généraliste, avec des matières qui ne les intéressent pas. En France, il n'y a pas d'entre-deux entre la voie professionnelle et le parcours généraliste. Je rêve d'un système où l'on choisirait ces cours à la carte." 

LIRE AUSSI>> Sophie: "Education et scolarité ne vont pas forcément de pair" 

Sylvie, 63 ans: "L'école peut vraiment faire perdre confiance en soi"

"J'ai été une très mauvaise élève et je m'en suis très bien sortie! Je n'ai jamais été douée pour les études mais à mon époque ce n'était pas si grave pour une fille. On attendait surtout d'elle qu'elle trouve un mari et s'occupe bien de ses enfants. Quand j'ai arrêté l'école, à 16 ans, mes parents n'ont pas dit grand-chose. Je pense même qu'ils ont été soulagés: j'allais pouvoir les aider dans leur épicerie. C'est ce que j'ai fait, pendant deux ou trois ans. Jusqu'à ce que j'entre comme secrétaire dans une agence immobilière. Petit à petit, j'ai monté les échelons, jusqu'à devenir l'une des meilleures agentes de l'établissement et à gagner confortablement ma vie.  

J'ai toujours adoré mon métier, dénicher la perle rare pour les clients, les aider à aller au bout de leur projet, savoir présenter une maison sous son meilleur jour. Ma chance a sûrement tenu au fait qu'à l'époque, on pouvait apprendre sur le tas. Il y avait du travail et les patrons étaient plus enclins à faire confiance à un jeune qui en veut. Aujourd'hui, je pense que c'est plus difficile. Toute demande doit être sanctionnée par le diplôme adéquat, les entretiens ne sont possibles qu'après une rude sélection, lettre de motivation et CV à l'appui. On ne peut plus rien faire au culot! J'ai beaucoup de mal avec la rigiditédu système scolaire. Il y a des jeunes formidables, motivés, vifs qui ne demandent qu'à avancer dans la vie mais ils sont empêchés par les règles et la paperasserie. L'école peut vraiment faire perdre confiance en soi. Comme j'estime que l'on n'apprend qu'en faisant, je m'efforce d'aider les jeunes qui n'ont pas d'appuis, qui ne cochent pas forcément toutes les cases mais chez qui je sens une véritable envie. Après tout, c'est le plus important." 



2 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2017 (18:14 PM)
    Tu devais etre juive alors...
  2. Auteur

    Simplecioyen

    En Mai, 2017 (18:33 PM)
    Bonne motivation car on cherche tous à avancer dans la vie.
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email