Les chiffres donnent le tournis ! 108 tricheurs ont été signalés durant les épreuves du baccalauréat de l’année 2021. Parmi ces derniers, certains se sont illustrés par leur capacité d’imagination et de subterfuge pour échapper à la vigilance des surveillants.
Fini les antisèches encombrantes. A l’ère du numérique, les candidats se partagent, via WhatsApp, les épreuves corrigées. D’autres, plus téméraires, comme Khadim Mboup poussent le bouchon beaucoup plus loin. L’histoire de cet étudiant qui s’est déguisé en femme pour passer les examens du Bac (à Diourbel) à la place de sa copine, a défrayé la chronique.
Pour une raison ou pour une autre, la triche semble aujourd’hui être érigée en norme dans l’école sénégalaise tant elle est banalisée aujourd’hui par les apprenants.
« Honnêtement je ne trouve pas de mal dans le fait d’aider une copine en difficulté lors d’un devoir ». Ceci est l’avis d’une étudiante qui a choisi de garder l’anonymat. Une pensée qui, visiblement, est partagée par un bon nombre d’élèves et d’étudiants. La tricherie n’est pas quelque chose de nouveau. Elle est aussi vieille que le monde. Mais elle est plus récurrente. Le problème est profond et les causes multiples.
Selon le sociologue Ousmane Ba, « l’école est la société en miniature ». Ainsi, elle ne fait donc que refléter ce qui est dans la société. Cette société qui a connu bon nombre de mutations ayant eu des effets dans tous les domaines. Celui de l’éducation n’y a pas échappé d’autant plus qu’en ces temps qui courent, l’école ne constitue plus un moyen d’évolution sociale. Les diplômes ont perdu de leurs valeurs. Raison pour laquelle « les élèves ont tendance à penser qu’avoir le Bac ne nécessite plus certains efforts » selon le sociologue. La réussite ne nécessite plus beaucoup d’efforts finalement!
Une cassure dans le processus éducationnel
Une nouvelle donne qui contraste avec celle des années 1960-1970 où l’école avait fini de gagner ses lettres de noblesse. Quand est-ce que le fil s’est donc rompu ? L’éducation au Sénégal a connu un certain nombre de réformes depuis les états généraux en 1981 et les politiques d’ajustement structurelles. Depuis, l’école sénégalaise est sur la mauvaise pente.
Selon un observateur, « ces réformes ont beaucoup plus contribué à détruire l’école sénégalaise ». En effet, « avec le Programme Décennal de l’Education et de la Formation, on a connu toutes sorte de statut d’enseignant (élèves-maîtres, ailes de dindes, quotas sécuritaire, pionniers, Ndlr), ce qui a abouti à une dévalorisation de ce dernier » affirme le docteur Ba.
Cette dévalorisation est mise sur le dos des politiques publiques en général. Malick Sy, enseignant, pointe du doigt l’Etat qui d’après lui « a réussi à décrédibiliser l’enseignant aux yeux de la population. Aujourd’hui même, quand nous allons en grève pour de meilleures conditions de travail, on nous rabâche le fait que seul l’argent nous intéresse ».
La réforme sociale inévitable
Le problème va donc au-delà d’un jeune garçon qui se déguise en jeune fille pour composer à la place de sa copine. La réforme sociale est devenue inévitable. « On doit rebâtir une école basée sur nos valeurs afin de reconstruire la société que nous voulons réellement » souligne Malick Sy.
En outre, d’après le docteur Ba qui a aussi été pendant huit ans président de jury, l’urgence réside aussi dans la « spécialisation et la professionnalisation le plus tôt possible des apprenants parce que tout le monde n’est pas habilité à aller à l’université ».
5 Commentaires
Vérité
En Août, 2021 (12:35 PM)Beaucoups de jeunes n'ont aucune éducation, aucun savoir vivre.
Ils sont téllement limités, et trés facile à influencés .
Et en plus , on a en face des réseaux sociaux ou la médiocrité est érigé en regle
Nous sommes dans un pays où on ne va pas à l'école pour apprendre mais on va à l'école pour des notes, passer des examens pour avoir des diplômes afin d'être au sommet de la pyramide.
A l'école on apprend plus mais on fait des devoirs et on passe des examens. Dans ce pays ce n'est plus le travail qui compte mais l'argent. On a toujours sauter les étapes donc les eleves et étudiants ne font que reproduire ce que les gens en haut leur montre.
Ces cas de trichéries n'offusquent même pas nos gouvernants, nos intellos, nos guides réligieux car ils savent ce qu'ils sont eux mêmes. Nous n'apprenons plus à l'école, l'école n'éduque plus mais crée des hommes sauvages qui s'autodétrusent.
Je vous prie s'il vous plait de regarder simplement comment nous passons l'examen du permis dans ce pays. Vous verrez que c'est nos gouvernants même qui encouragent et favorisent la trichérie dans ce pays.
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En Août, 2021 (15:34 PM)Dans les familles, la religion, le travail, la route, à la boutique, au marché, sans parler de la politique, çà triche partout.
Zarco
En Août, 2021 (21:09 PM)Participer à la Discussion