Une agression à main armée en plein jour et sur la voie publique de surcroît ! La scène s’est produite hier au quartier des Hlm 6 où une jeune fille a été touchée par quatre balles au niveau des cuisses. Les malfaiteurs ont réussi leur coup puisqu’ils ont arraché son sac qui contenait la somme de 2.500.000 francs avant de disparaître à bord d’un véhicule.
Une jeune fille a reçu quatre balles dans les cuisses, hier aux Hlm 6, et a été délestée de la somme de 2.500.000 francs par ses assaillants qui sont repartis à bord d’un véhicule. L’attaque à main armée s’est déroulée vers 18h30, selon la police et des témoins oculaires qui ont requis l’anonymat. La blessée, Coumba Fall, âgée de 20 ans, et sa sœur Ndèye Mané Fall, sortie indemne de cette agression, domiciliées au numéro 242 de l’unité 8 des Parcelles assainies, s’étaient rendues au marché des Hlm pour changer des euros en monnaie locale. Après l’opération de change, les deux filles, qui se sont retrouvées avec le montant de 2.500.000 francs Cfa, sont restées « assez longtemps » à l’arrêt « gouye-gui » de l’avenue Cheikh Ahmadou Bamba, traversant les Hlm 6. Elles se sont mises alors à discuter gaiement, raconte un témoin. Attendaient-elles une voiture pour rentrer ?
En tout cas, vers 18h30, leur discussion est vite interrompue par l’irruption d’individus qui seraient au nombre de quatre, à bord d’un véhicule Carina 3, en provenance du quartier Bopp situé en face. « Brusquement, l’un des hommes a tiré le sac de la jeune fille tandis qu’un autre tirait des coups de feu », raconte le témoin. Selon notre second témoin oculaire, la fille s’est mise alors à crier : « ils ont emporté nos deux millions ! ». Au cours de la fusillade, nous apprend la police, Coumba Fall a reçu quatre balles dont deux à chaque cuisse. Les jambes enflées, elle a été évacuée, quelques minutes plus tard, par les Sapeurs pompiers à l’hôpital Principal. Selon toujours nos deux témoins oculaires, une des balles a atteint l’un des malfaiteurs lors de la mêlée. Certains situent la blessure à la bouche d’autres croient que c’est au niveau de la tempe. « Je croyais que c’était un passant qui venait de recevoir une balle perdue mais, à ma grande surprise, les agresseurs ont porté secours au blessé en l’embarquant rapidement dans leur voiture qui s’ébranla vers le quartier de Bopp d’où il était venu », raconte un des témoins oculaires, convaincu que le blessé fait partie de la bande.
La police fait aussi état d’un autre blessé répondant au nom de Moussa Camara, âgé de trente ans, qui a également été touché légèrement par une balle au niveau de l’abdomen. Mais, la blessure ne semble pas très grave, puisque la victime s’est rendue de lui-même dans une structure sanitaire des Hlm où elle a reçu des soins avant d’aller informer les policiers de son cas. Une enquête a été ouverte pour retrouver les malfaiteurs.
Avant que l’on atteigne la cote d’alerte...
Dakar serait-elle en train de combler l’écart ô combien rassurant qui la séparait de certaines métropoles réputées pour leur taux élevé de criminalité ? L’agression dont a été victime la très jeune Coumba Fall (vingt ans) amènera, à coup sûr, chaque Sénégalais à se poser cette question. Les derniers développements de la violence et les formes dans lesquelles elle s’exprime, hélas, donnent froid au dos. A côté des classiques « adou calpé » (agresseurs qui en veulent tout juste à votre porte-monnaie), évoluent une nouvelle race de délinquants beaucoup plus dangereux. S’ils n’ont pas la machette facile, c’est en appuyant sur la gâchette, de sang froid, qu’ils viennent à bout des plus résistants. Récemment, une agence bancaire a reçu la visite de malfrats, armés jusqu’aux dents, qui nous ont servi une scène qui inspirerait un scénariste de ces films des disciples de Dillinger, le célèbre gangster ennemi public numéro un du Fbi dans les années 30.
La façon dont Coumba Fall a été agressée laisse croire qu’elle a été suivie par les malfaiteurs qui ont fait usage de véhicule. Dans ce cas, il est à craindre que la race des hideux qui vous font la fête à l’angle d’une rue, laisse le terrain à de vrais professionnels pour qui la fin justifie les moyens. Et quand le « crime » est perpétré en plein jour, ça sent la provocation, le « maa téy » (je-m’en-foutisme). Les malfrats d’hier, se croyant peut-être dans un no man’s land, ont frappé à quelques encablures du poste de police des Hlm, ajoutant ainsi à la provocation. Sans jeter la pierre à la police qui a bénéficié de la part des pouvoirs publics d’une modernisation, il faut dire que cette agression relance le débat sur la sécurité des personnes et de leurs biens. Avant que l’on atteigne la cote d’alerte et pour que Dakar ne se hisse pas au même niveau que les villes réputées dangereuses, il faut faire comprendre aux malfaiteurs de tous les horizons et de tous les acabits, en tout temps et en tout lieu, que la peur restera toujours dans leur camp.
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