C’est une famille inconsolable que notre reporter a rencontrée au quartier populaire de Ndouck, à Fatick. Des parents profondément attristés ne s’expliquent toujours pas le geste de leur fils. Selon les proches de la victime dont nous avons tenté de retracer le parcours, Cheikh Ahmed Tidiane Bâ a été victime d’une force mystique qui l’a amené à commettre l’irréparable. Un week-end infernal à la résidence Cissé Ndagane.
La mort par immolation de Cheikh Ahmed Tidiane Bâ crée une onde de choc à Fatick.
Les flammes du sacrifice dévorent le cœur de cette famille éplorée. Sa maman, ses tantes, oncles, sœurs et cousins, plongés dans l’affliction, ont du mal à croire à cette nouvelle. Une mauvaise nouvelle qui tombe comme un couperet. « Cheikh Ahmed Tidiane qui s’immole par le feu ? » s’interroge son oncle Pape Cissé, un universitaire. Il n’arrive plus à s’asseoir sur sa chaise pour répondre correctement aux questions des policiers. Confus, même s’il veut un raisonnement cartésien, l’oncle perd quelquefois ses mots. Il se met debout et nous impose de le suivre dans son attitude. Echangeant dans la cour avec quelques membres de la famille, le commissaire Thiam, dans un calme olympien, prend quelques notes. Le mobile de cette immolation est au centre des échanges. Pourquoi Ahmed Tidiane Ba qui se débrouillait avec son petit commerce aux Parcelles assainies où il tenait une boutique, s’est-il immolé par le feu ? Des questions qui taraudent aujourd’hui encore ses proches.
Un fils unique...
Le parcours de ce jeune homme né en 1978 laisse croire qu’il avait une vie particulièrement décalée. Pape Cissé, oncle de Cheikh Amed Tidiane Bâ, peint la victime comme un musulman extrémiste qui a subi une transformation depuis sa rencontre avec le mouvement des Ibadou Rahman à l’Université Cheikh Anta Diop où il était magasinier pendant une dizaine d’années. « Il avait intégré un mouvement islamiste. Je pense qu’il offre une autre façon de voir l’islam à ses adeptes, je ne les incrimine pas, mais il est allé trop loin. Il a vécu avec une dévotion particulière, il avait sa barbichette, il portait des pantalons courts, il priait généralement avant la fête de Tabaski. Mais je n’ai jamais pensé qu’il allait en arriver là », témoigne Cissé. La maman de la victime, Adama Cissé, est triste mais sereine. Elle croit avoir un cauchemar. Elle n’en renvient toujours pas. La cinquantaine, cette brave mère regrette toutefois l’acte de son garçon unique. « C’est mon fils, je l’ai baptisé Cheikh Ahmed Tidiane, parce que c’est un érudit que j’aime bien. Il ne m’a jamais fait de mal, même si je n’arrivais pas à le voir suffisamment. Je ne sais pas ce qui lui fait mal, mais il devrait continuer à croire en Dieu », soutient-elle.
Le dernier coup de fil de « Mara... »
Les témoignages sont unanimes. « Mara », comme l’appelaient affectueusement ses proches, était un musulman pieux. Il ne priait jamais dans la maison ; à chaque heure de prière, il se rendait à la mosquée. Son dernier séjour à Fatick date de deux mois. Ses petites sœurs le considéraient comme un père. « Il tenait à nous, c’est lui qui nous achetait tout ce dont nous avions besoin pour les fêtes de Tabaski ou de Korité », nous confie une jeune fille toujours en pleurs. Le père du garçon, Mame Ciré, vit à Sokone. Il reconnaît lui aussi la générosité de son fils qui a arrêté ses études à la classe de Cinquième secondaire pour se rendre à Dakar et chercher du travail. Il n’a jamais coupé les ponts avec ses amis de Fatick qui le décrivent comme un garçon jovial.
D’ailleurs, le vendredi, à quelques heures de son forfait, il a appelé un des camarades pour lui dire de manière laconique en wolof : « Naka ligééy bi ?» (Et le boulot ?) Il n’a pas duré au téléphone, nous renseigne-t-on. Les proches parents du défunt écartent aussi la thèse du suicide. Pour eux, son acte n’est pas volontaire. « Il a été dicté par on ne sait quelle force mystique pour commettre cet acte », peste un de ses oncles. Ses tantes acquiescent de la tête et renchérissent : « Oui c’est vrai, dañuko taal (on l’a enflammé). Cheikh Ahmed Tidiane a toujours dit, selon les témoignages, qu’un homme qui se suicide n’ira jamais au paradis. Il avait même demandé à sa maman de ne jamais présenter des condoléances à une famille éplorée, si le défunt s’est suicidé ».
La jeune victime est issue d’une famille d’intellectuels. Son grand-père, connu sous le nom de Cissé Ndangane, a été secrétaire municipal de la mairie de Fatick. Ses enfants, dont Adama Cissé mère de Cheikh Ahmed Tidiane Bâ, et beaucoup de ses petits-fils vivent dans cette grande concession établie au quartier populaire de Ndouck.
19 Commentaires
La Nouille
En Février, 2011 (18:00 PM)Moi
En Février, 2011 (18:08 PM)Le Mara
En Février, 2011 (18:09 PM)Anti -peul
En Février, 2011 (18:11 PM)Diakhoum
En Février, 2011 (18:34 PM)Ntouroudou
En Février, 2011 (18:53 PM)Kocc
En Février, 2011 (18:54 PM)Nubianne
En Février, 2011 (19:52 PM)Baby
En Février, 2011 (20:57 PM)Abath
En Février, 2011 (21:40 PM)Senegalein
En Février, 2011 (22:01 PM)Yirim Mbangik
En Février, 2011 (22:13 PM)Mami Fall
En Février, 2011 (22:20 PM)Un Redresseur De Tort
En Mars, 2011 (00:43 AM)Bilal
En Mars, 2011 (11:09 AM)Khouri
En Mars, 2011 (15:16 PM)yalla na ko yalla weureum té kharé ko aldiana on l'appelait mara un homme bien et pieux
Ishhh
En Mars, 2011 (16:19 PM)Moukhit
En Mars, 2011 (22:30 PM)Undefined
En Mars, 2011 (23:28 PM)Participer à la Discussion