DE MADRID À SARE BIDJI : Le miraculé immigré clandestin atterrit dans un camp de vacances.

Le phénomène de l’immigration suicidaire qui a touché tous les secteurs et couches sociales continue de faire la une de l’actualité dans le « Kamako». À Saré Bidji, une contrée située à huit (8km) à l’ouest de la ville de Kolda, un élève qui voulait rallier le royaume ibérique par le biais des embarcations de fortune est sorti indemne d’une craquelure en haute mer de leur pirogue lors de laquelle plus de 30 de ses camarades ont disparu. De retour au bercail, le jeune élève qui a frôlé la mort n’a trouvé mieux à faire que de retrouver ses anciens camarades de classe. Dans le camp de vacances que leur collège vient d’organiser grâce à l’appui du projet PAEM, le miraculé Abdoulaye Mbandi Baldé n’a cessé un seul instant de prodiguer des conseils à ses camarades. « Nous étions très nombreux, des jeunes, des adultes et même des filles à embarquer dans une pirogue pour aller en Espagne. Arrivés en haute mer, sous le poids du nombre, notre pirogue s’est scindé en deux. Une partie a aussitôt chaviré avec plus de 30 de nos camarades et la deuxième partie a suivi après plusieurs heures de flottement ; grâce à Dieu, on a réussi à accoster sur une rive. Je ne tenterai plus jamais de ma vie d’embarquer dans une pirogue pour aller en Espagne. Pour rien au monde je n’essaierai à nouveau ce voyage suicidaire. Je le jure sur tout ce que j’ai le plus cher et sur la valeur de mes études ; même si l’argent se ramassait en Espagne, je ne bougerai pas mon pied d’ici. Le seul conseil que je donne à mes camarades élèves campeurs et à tous les jeunes du Sénégal, c’est de beaucoup travailler et surtout de croire en nous car nous pouvons réussir et gagner de l’argent ici dans nos terroirs. Moi je vais travailler beaucoup à l’école pour être un futur cadre dans mon pays et participer activement au développement de ma localité et de mon pays. » Celui qui tient ces paroles se nomme Abdoulaye Mbandi Baldé, il est élève en classe de 5ème au collège de Saré Bidji, trouvé dans un camp de vacances organisé par PAEM. Initié depuis trois (3) ans par le projet pilote (PAEM), les camps de vacances s’inscrivent dans le cadre d’un programme bien ficelé au niveau du projet pour les quatre régions cibles. Sa mission est de faire en sorte que les élèves, pendant les vacances scolaires, puissent se retrouver entre eux avec l’appui de la communauté pour suivre une formation en théorie et en pratique dans des domaines liés à leurs programmes et à la vie sociale, selon M. Bilal Ndiaye, responsable de la mobilisation communautaire pour les régions de Kolda et de Ziguinchor et superviseur du camp. Le thème de cette année, « Citoyenneté et Environnement » va en droite ligne avec l’un des objectifs du projet pilote : offrir aux élèves un cadre idéal pour un enseignement de qualité avec la création de 58 collèges d’enseignement moyen (CEM) dans les régions citées ci-dessus. Parmi les élèves campeurs, il y a le jeune Abdoulaye M. Baldé qui, grâce à sa casquette d’immigré miraculé, est devenu l’icône de Saré Bidji voire de la zone (Kamako). Ainsi, il ne cesse de conseiller ses camarades sur la nécessité de rester et travailler dans leur terroir. « J’ai abandonné mes études pour aller au Mali ; de là je suis parti en Algérie puis au Maroc. Arrivé au royaume chérifien, j’ai téléphoné à mon grand frère qui a vendu sept (07) vaches et m’a envoyé l’argent. Avec cette somme j’ai payé mon billet pour la traversée de la mer et aller en Espagne. Malheureusement notre pirogue a chaviré en haute mer et beaucoup de nos camarades y sont restés. »