Les habitants du village de Keur Ndiaye Lô ont perdu le sommeil depuis que le corps de Seynabou Seck a été retrouvée, amputée de sa tête et de son pied droit. Cela, après que la fille de six ans a disparu pendant une semaine. L’enquête ouverte par la gendarmerie de Rufisque se poursuit et une dizaine de personnes sont en garde à vue aux fins d’une audition.
Pape Seck est un homme très affecté. N’empêche qu’il est déterminé à savoir la vérité sur la découverte macabre de sa fille. Trouvé, hier dimanche, en train de faire ses ablutions, dans la cour de sa maison, Pape Seck, père de Seynabou, cherche ses mots. Non pas pour conter la triste histoire qui a installé le village de Keur Ndiaye Lô, sis dans la communauté rurale de Sangalkam, à sept kilomètres de Rufisque (Sud de Dakar), dans la consternation et dans la psychose mais, pour prier afin que la lumière soit faite sur la triste fin de vie de sa fille qui devait souffler ses six bougies, le 18 octobre prochain. «Il faut que l’auteur ou les auteurs de cette forfaiture soi(en)t trouvé(s). Car, nous avons des enfants dans ce village et ils sont en sursis», dit-il.
En effet, par cette réclamation, Pape Seck veut éviter aux enfants de son village le sort de sa fille. Cette dernière, ayant disparu depuis le 13 mai dernier, a été retrouvée, vendredi dernier, gisant dans un verger. Sa tête et son pied droit amputés et emportés par son ravisseur. Ce dernier avait interpellé la fille le jour de sa disparition alors que Seynabou Seck se rendait à l’école coranique, accompagnée de son frère de onze ans, Assane Seck. Selon les confidences recueillies sur place, «un saisonnier en service dans un verger aux environs du village, a intercepté les deux enfants sur le chemin de l’école pour leur dire que le maître n’est pas disponible. Voulant isoler la fille, il donne une pièce de monnaie à Assane et l’envoie lui acheter un paquet de bonbons. A son retour, le garçon ne trouve personne sur les lieux et ne reverra plus jamais sa sœur». Les maintes recherches, effectuées par les populations, de concert avec la gendarmerie de Rufisque, restent vaines. Les communiqués des radios ne produisent pas leurs effets, non plus.
Vendredi dernier, les deux saisonniers Babacar Kandji et son frère, Mamadou, employés dans le verger de l’ex-ministre socialiste de l’Hydraulique, Mamadou Faye, décident de faire une partie de thé, après la prière du vendredi. «Mamadou Kandji, chargé de trouver du bois de chauffe, tombe sur un spectacle renversant. Les restes du corps de l’enfant, en début de décomposition, sûrement mal ensevelis, ont été déterrés par des animaux», raconte-t-on. Les cris de M. Kandji alertent son frère et le voisinage. Et, des témoins de poursuivre : «Le chef de village, mis au courant, accourt avec des villageois et certains d’entre eux reconnaissent le bracelet de Seynabou et le talisman qu’elle portait autour de sa taille.» Ainsi, la gendarmerie se saisit de l’affaire, après que le corps de la fille est acheminé à l’hôpital Aristide Le Dantec pour les besoins d’une autopsie.
Depuis cette date, le ravisseur en question a disparu du village et personne ne connaît son lieu de travail, encore moins son identité. Seulement, était-il familier au village ? Cette situation part pour rendre difficile le travail des hommes du commandant de la brigade de gendarmerie de Rufisque, Mamadou Aliou Diallo. Mais, ces derniers ont déjà interpellé plus d’une dizaine de personnes dont les deux frères Kandji, témoins de la découverte et d’autres saisonniers employés dans les vergers environnants. A ceux-là, s’ajoutent des baye fall, disciples du marabout Serigne Cheikh Sèye de Keur Ndiaye Lô. Aussi précise-t-on du côté de la gendarmerie que la garde à vue de ces personnes entre dans le cadre de l’enquête et de la recherche d’indices et d’informations pour retrouver le ravisseur.
Du côté du village, l’inquiétude et la peur se sont installées et les commentaires ne manquent pas. Si certains soutiennent la thèse du sacrifice, d’autres restent convaincus qu’il s’agit d’un trafic d’organes humains. Comme en attestent les nombreux cas de meurtre d’enfants enregistrés ces deux derniers
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