EFFET DE MODE OU VOLONTÉ DE TROUVER UN MARI. Quand les filles prennent les devants pour draguer les hommes.

Tenue sexy, hauts talons, sac à la main, tête bien coiffée, les filles sont toujours bien nippées comme si elles allaient à une soirée dansante. Que nenni ! Elles parcourent les rues de Dakar pour tout simplement aller à la conquête d’un mec. C’est la mode. Pourtant, jusqu’à une époque récente, une fille restait chez ses parents. Bien sage, surtout auprès de sa mère, jusqu’à ce qu’un homme vienne lui demander sa main. Son consentement pour que le mariage soit scellé n’était pas trop important. Même le prétendant se fiait au choix de ses parents. C’était le temps des «Coumba Ndar-Samba Ndar», «Djoloff-Djoloff», « Saloum-Saloum» et autres «Hal Pular». Une question d’ethnie quoi ? C’est dire que toutes les tractations d’avant mariage se faisaient par les parents respectifs ? Les deux conjoint ne faisaient que consommer leur mariage. Mais de nos jours, les temps ont changé. La tendance se renverse de plus en plus. C’est le temps des mariages modernes. Maintenant, pour qu’un mariage puisse être scellé, il faut que les deux conjoints aient un projet de vie commun. Qu’ils discutent et tombent d’accord sur les modalités pratiques du mariage. Et il n’est pas exclu que la fille fasse le premier pas. Soit pour la célébration d’un mariage ou pour partager tout simplement du bon temps avec le mec qui lui plait. Maintenant, c’est le temps du « je t’aime, moi aussi ». On se découvre des affinités, on roucoule et puis, chacun part de son côté. Pas plus. Et comme les filles ont plus d’un tour dans leurs sacs à main, elles ne rentrent généralement jamais bredouilles. Comme si elle allaient en guerre, elles utilisent tous les trucs et astuces que dame nature a mis à leur disposition. « En guerre, tous les moyens sont bons, l’essentiel est de gagner la bataille», ont-elle l’habitude de dire, tel un leitmotiv. Cette phrase est devenue leur devise pour faire tomber les garçons dans leurs filets. Une fois que leur « proie » mord à l’hameçon, elles sont soulagées. Ravies d’avoir joué et gagné. Pour A.T.D, jeune fille habitant à Castors, «les filles sont nombreuses». «Selon les statistiques, dit-elle, tout homme à derrière lui cinq filles qui lui courent après». Mais, comme les filles ont de multiples facettes pour se mettre en valeur, il leur suffit d’un clin d’œil pour « faire tomber » les garçons. Bref, elles ont mille chances pour que le garçon réagisse positivement». Et A.T.D d’ajouter: «Je ne vois pas d’un bon œil, une fille qui drague un garçon. Parce que dans notre société, nous avons des coutumes, des traditions et des mœurs. Jadis, les hommes abordaient les filles en présence de leurs parents. Mais de nos jours, avec la fréquence des boîtes de nuit, les deux prétendants se donnent rendez-vous hors des maisons pour avoir plus d’intimité». La drague est devenue le stimulant des demoiselles et un sujet d’actualité. B.D, une autre fille rencontrée à Ouest foire, embouche la même trompette. « Maintenant, je suis une femme mariée. Mais auparavant, la drague était comme un jeu pour moi et je ne rentrais jamais bredouille. Pour partir à la chasse, je prenais mon temps à me maquiller. Je portais des jeans serrés, taille basse et un «haut » bien moulé avec le « jumbax out ». Je réussissais à mettre à mes genoux tous les hommes qui se mettaient au travers de mon chemin. La manière de m’habiller, ma démarche… , ne laissaient personne indifférent. Et si j’arrivais à user de tout mon charme, il me restait toujours une dernière voie de recours, c’est-à-dire procéder à une opération de séduction. Je faisais tout mon possible pour l’inviter à un dîner en tête-à-tête. Si je ne réussis pas à l’attirer dans ce « piége », j’essaie d’obtenir son numéro à travers ses amis. C’est sûr, il ne pourra pas déjouer tous mes plans. Donc, il ne pourra jamais m’échapper. Même si elle donne l’impression d’être une fille frivole, B.D. sait pertinemment que la femme africaine a des valeurs qui lui sont propres. Elle-même le dit :« je sais que nos parents faisaient autrement. Mais aujourd’hui le monde a changé et les filles sont obligées de procéder de la sorte pour pouvoir trouver un mari, car les hommes ont peur des filles, surtout de nous, les intellectuelles. Même si nos us et coutumes l’interdisent, nous sommes obligées de déployer nos charmes pour attirer le regard des garçons. Il faut savoir oser pour se jauger».

L’avis des hommes diffère

Contrairement à ce que certains pensent, si aujourd’hui la drague chez les filles est à la mode, c’est parce que les hommes ne sont pas indifférents à cela. Ils ont, eux aussi, leur part de responsabilité. Certains hommes passent tout le clair de leur temps à flâner dans les rues de Dakar pour « cueillir» des filles dragueuses. Même si nombre d’hommes apprécient la «franchise » des filles qui ne se privent pas d’ ouvrir leur cœur à ceux qu’elles aiment, d’autres fustigent leur démarche. Un jeune garçon habitant à Castors et qui a préféré garder l’anonymat affirme : «c’est tout à fait naturel. Je ne vois pas du mal à ce qu’une fille exprime ses sentiments à l’homme qu’elle aime. Pour moi, le monde évolue. Il faut prendre ce qui est bien de la civilisation d’autrui», dit-il. Il ajoute :«si les jeunes filles draguent aujourd’hui, c’est parce qu’elles sont nombreuses. Et trouver un homme est devenu une sinécure pour les filles. Je ne refuserai pas la demande d’une fille que j’apprécie et qui me drague. Seulement, je ne suis pas prêt à accepter n’importe quelle fille. Actuellement, je suis à la recherche d’une fille qui serait prête à supporter tous mes défauts et celle-là, je ne peux la trouver à travers les filles qui m’ont dragué. Parce qu’au moins, elle, va m’aimer et supporter tous mes caprices». Un autre « businessman » rencontré pense, lui, autrement. Il soutient: « je ne veux pas d’une femme qui me drague. Cela peut se révéler dangereux du moment où tu ne sais pas quelles sont ses intentions de départ. Une fois tombé dans ses filets, tu auras tous les problèmes du monde pour pouvoir t’en débarrasser. À 70% la femme a perdu ses valeurs. Et ce qui est pire, personne ne peut résister à leurs tentations. Elles ont des manies : leur façon de s’habiller, de marcher, de parler et même de regarder. Moi-même j’ai été victime de cela. À plusieurs reprises des filles ont essayé de m’aborder. Mais jamais je ne me marierai avec une fille qui m’a dragué. J’ai mes valeurs à respecter. À la limite des choses, ce sont mes parents qui vont choisir pour moi. La femme que j’épouserai c’est moi-même qui vais la draguer. La drague appartient aux hommes. Et la femme ne doit que subir. Pour moi, si une fille drague un mec ce n’est pas parce qu’elle est prête à satisfaire tous ses besoins. » Il termine ses propos. « C’est vraiment dommage de constater que ce phénomène n’existe qu’à Dakar et pas ailleurs.

Les mamans nostalgiques du bon vieux temps

La nouvelle génération a tendance à bafouer les valeurs et les cultures ancestrales. Les mamans ont, elles, toujours été respectueuses des traditions. Elles sont des conservatrices dans l’âme. C’est pourquoi, elles ont un jugement tranché sur la drague. Pour elles, pas question qu’une fille aborde un homme pour lui déclarer sa flamme. Les mamans conservent jusqu'à présent les valeurs culturelles et incitent les jeunes filles à prendre du recul afin de ne pas oublier l’importance et la place qu’elles occupent dans la société. Amy Diagne, elle, habite aux HLM, pour elle, « Auparavant, la jeune fille restait chez elle jusqu'à ce qu’on lui trouve un époux. Ce sont ses parents qui décidaient à sa place. L’avis de la fille ne comptait pas. Elle ne faisait que se conformer aux décisions de ses parents. Aujourd’hui, tout cela a disparu. Les filles décident pour elles-mêmes. Elles choisissent leur mari sans même avoir le consentement de leurs parents. Et là comme les deux prétendants n’ont pas la bénédiction de leurs parents, une fois mariés, des problèmes vont vite s’installer. Soit l’homme adopte des comportements que la fille ne peut pas supporter et vice-versa ». Maman Amy Diagne ajoute: « je sais que les filles sont nombreuses par rapport aux hommes. Et ce n’est pas facile de trouver un mari en cette période. Mais je trouve que cela ne doit pas être une raison de courir derrière les hommes. Certes je peux comprendre qu’une fille voit un homme qu’elle aime et le présente à ses parents. Si ces derniers sont d’accords avec la fille, alors là je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’ils se marient.» Et elle termine en lançant un message :« je conseille à toutes les jeunes filles de rester chez elles et de prendre leurs mères comme exemple. Une femme ne doit pas être facile pour un homme. Elles doivent savoir contrôler leurs pulsions. Elles ne doivent pas rêver ou fantasmer sur des choses contraires à nos coutumes. Contrairement à ce qui se passe maintenant, c’est aux hommes de venir vers la femme. La femme doit être digne et se faire respecter».